12ᵉ part-âge - L’appel de la forêt : les prémices de l’unité tribale - par Da'Margi

 

Quarante jours après notre emménagement à Albières, notre vieil ordinateur de bureau affiche un message d’erreur. Après plusieurs tentatives de réparation, nous décidons de le recycler et choisissons d’en acheter un nouveau. Le seul qui correspond à nos préférences se trouve près de notre ancien logement toulousain et donc près de mes lointains proches d’avant. Je comprends qu’une partie de moi (un alter) a besoin de donner une explication, sur le choix de la voix SDA, à mes parents et surtout à ma mère. C’est donc le moment pour faire d’une pierre deux coups !

Nous partons le premier jour du printemps, sept heures du matin, la clé tourne mais pas le moteur, aucun voyant sur le tableau de bord. Nous sommes immobilisés dans notre chemin de vie.

Doit-on annuler et rester ici ? Me questionnais-je.

Connaissant l’Ange, si nous devons rester ici, alors il nous sera impossible de partir. Nous commençons alors à pousser la voiture pour la démarrer manuellement mais rien n’y fait.

Le temps défile, soudain je me souviens, il y a des câbles de démarrage dans le coffre, reste plus qu’à attendre qu’une voiture passe et qu’elle accepte de nous donner un peu d’énergie.

Même pas le temps de patienter qu’une camionnette déboule devant nous, un homme en sort et ouvre le capot, branche les câbles et nous voilà repartis sur notre chemin de vie.

Cet homme n’a pas dit un mot durant ce transfert d’énergie et alors qu’il remonte dans son véhicule je le remercie, il me répond par un hochement de tête et repart aussi rapidement qu’il est arrivé. J’ai eu juste assez de temps pour observer ce qui était écrit sur la camionnette « Actiforest ».

Je reconnais de suite la signature de l’Ange et je comprends que la forêt s’active sans trop comprendre le pourquoi du comment. C’est le début d’une suite de signes qui dureront plusieurs mois et qui formeront un fil rouge jusqu’à ce partage.

En reprenant la route, Margi me fait constater que le tableau de bord a fait un retour à zéro.

Il indiquait 00h00 jour 01 mois 01 de l’année 1992.

Nous venions donc de basculer sur une autre ligne temporelle, celle de mes 8 ans.

 

 

1) Seul dans la forêt

 

Tout commence dans une forêt des Pyrénées ariégeoises.

Nous étions partis, mon père et moi, pour couper du bois le temps d’un après-midi.

C’est la première fois que je voyais un arbre coupé à la tronçonneuse et mon rôle était d’aider à ranger les bûches.

La remorque était bien chargée et nous nous apprêtions à faire le trajet jusqu’au village situé à une demi-heure de voiture.

C’est à ce moment-là que mon père me demande de rester en forêt à attendre son retour.

Je suis resté hébété durant un instant et le voilà parti.

Après environ une heure et quelques balades plus tard, je calcule que le temps d’aller au village, de décharger et de revenir, il serait de retour dans à peu près une demi-heure.

Je comprends, au fond de moi, que quelque chose est en train de se tramer et que je dois faire confiance malgré tout.

Au bout de deux heures, la panique pointe le bout de son nez. Commence alors un long dialogue intérieur et je finis par me convaincre que rester planté là reste encore la meilleure solution.

Je me souviens clairement qu’une partie de moi se posait des questions qui restaient sans réponses, alors qu’une autre partie de moi avait totalement confiance.

Plus le temps passait et plus je me sentais coupé en deux.

Trois heures après, toujours aucune âme, même pas de passage.

Bon là c’est sûr, y a quelque chose qui cloche !

Voilà enfin une réponse et cela eut pour effet paradoxal de me détendre quelques minutes jusqu’à la tombée de la nuit.

L’atmosphère est maintenant tout autre et rester là devient plus compliqué.

Je comprends que des peurs profondes remontent à la surface.

 

 

Ma partie confiante a disparu et je prends alors la décision de rentrer à pied.

Qui sait ? Peut-être que je la retrouverai sur le trajet.

Les virages se succèdent, il fait maintenant nuit noire et des cris d’animaux animent ma descente.

Plus je progresse et plus les peurs s’exacerbent jusqu’à m’immobiliser.

Je parviens à me recentrer et je me souviens m’être posé cette question :

- Pourquoi je vis ça ?

C’est à ce moment-là que j’ai reconnecté avec la confiance et j’ai alors commencé à percevoir la situation sous un autre angle de vue.

Car en réalité, que pouvait-il m’arriver ?

Mourir !!?

À bien y réfléchir un sanglier ne mange pas un homme, ni un renard, ni même un ours …

Cette fuite s’est alors transformée en balade et je commençais à me sentir libre dans cette nature.

Et quand mon père a fini par arriver, je n’ai eu aucune réaction, nous n’avons échangé aucun mot, comme si le silence suffisait à tout expliquer.

Je comprends aujourd’hui que l’Ange m’a offert là une expérience qui ressemble fort à une initiation. Tel le jeune chaman, qu’on laisse, livré à lui-même dans la forêt afin qu’il puisse faire face à ses propres démons et ainsi commencer à se guérir de l’illusion de ses peurs.

Il s’agissait bien d’une forme de mort à ma condition d’enfant, dans le sens où je pris conscience de ce que je transportais en moi. Comme si je devenais vraiment responsable de moi-même.

 

 

2) La femme dans la forêt

 

Quatre ans après, une autre expérience va me ramener à la forêt. J’ai alors 12 ans, ma mère me parle d’un casting pour être figurant dans un téléfilm « la femme dans la forêt », dont le tournage se fait dans les mêmes montagnes, les Pyrénées Ariégeoises. Elle me demande si cela m’intéresse car je correspond au profil recherché ! Je lui répond, pourquoi pas ?

Me voilà sélectionné, avec 10 autres enfants !

Ce téléfilm raconte l’histoire d’une femme qui arrive dans les Pyrénées pour reprendre une activité de bûcheronnage. Elle est confrontée à l’omnipotence masculine qui règne dans ce domaine.

Quant à mon rôle, c’est celui d’un enfant qui se moque du fils de cette femme bûcheronne (il est sourd et muet). D’ailleurs ce sont tous les enfants qui avaient pour indication de le repousser de l’équipe de foot que nous formions. Le thème abordé est donc clairement le rejet, et l’on y découvre comment la femme et le garçon vont réussir à communiquer d’une autre manière que par les codes pré-établis.

Je comprends, aujourd’hui, le message de l’Ange qui m’offrait, par cette expérience, la possibilité de voir le sens de mon existence : d’un côté, accepter de grandir avec mon masculin différent et de l’autre, accueillir ma part féminine.

 

Cela va se produire quand Margi arrive dans ma vie, elle correspond à l’archétype de cette femme de la forêt.

C’est d’ailleurs au beau milieu des arbres qu’une grange nous est offerte. Nous décidons alors de la rénover et c’est là que notre binôme va connaître un rebondissement.

Car neuf mois plus tard et contrairement au projet de rénovation, c’est Gabrielle qui voit le jour.

 

 

3) Gaby se souvient de la forêt

 

L’arrivée dans ce monde de Gabrielle a clairement donné lieu à une nouvelle série d’expériences nous permettant d’atteindre un meilleur équilibre et ainsi découvrir la voie SDA.

Elle a aujourd’hui trois ans et elle commence à me parler de nos mémoires communes.

Le groupe était en train de parler de la puissance du déni et je m’interroge alors sur le mien.

Je demande à mon Ange de m’aider à faire sortir des choses qui seraient bien enfouies.

C’est durant cette journée que Gabrielle réclame mon attention et commence à m’expliquer :

« avant quand j’étais grande, j’étais avec un garçon, on ramassait du bois dans la forêt pour allumer le feu. On était dans une maison au milieu de la forêt, il y avait pleins d’enfants dans la forêt et moi je les guidais mais ils m’écoutaient pas ! » Dit-elle fâchée, « et après ils ont disparus. Ils étaient dans des bulles et montaient tout en haut dans le ciel. »

Je lui demande qu’est-ce qu’il y avait dans cette maison, elle me répond qu’il y avait pleins d’ordinateurs, que le garçon tapait à l’ordinateur pendant qu’elle était sur le canapé. Je lui demande alors qui était ce garçon ? « c’est toi papa », me répondit-elle.

C’est à ce moment-là que je me mis à pleurer sans trop comprendre quel type d’émotion me traversait. Après une première analyse, j’en concluais qu’il devait s’agir d’une mémoire de couple.

Et c’est en écrivant ce partage que le déclic de la compréhension se fait.

À bien y regarder, je constate que sa description ressemble fort à l’Estagnol. Il est situé au milieu de la forêt et le fait qu’il y ait plusieurs ordinateurs me fait penser à tous les ordinateurs des Leo. De plus, elle guide des enfants comme le feront les Leo au sein de l’Ecoleo.

Quand ils disparaissent dans des bulles, j’y vois la symbolique de la transition vers une autre densité.

Je venais de discuter avec la Gaby du futur et cette émotion est en réalité de la joie profonde.

 

 

4) Forêt du Rialsesse, nous voilà !

 

C’est durant la journée de l’achat de ce nouvel ordinateur, que nous avons tous pris conscience, alter compris, de notre départ vers une nouvelle terre. En effet, nous étions proches du domicile de mes parents et avons profité de l’occasion pour aller leur donner une explication de vive voix, concernant nos activités SDA au sein du réseau Leo.

Cela faisait neuf mois que nous ne les avions pas revus.

Une conversation téléphonique avait au préalable permis de soulever une peur chez ma mère et c’est d’ailleurs durant celle-ci que je lui ai proposé de venir lui expliquer clairement mon choix.

Cette peur a fait écho avec plusieurs de mes alter et c’est pourquoi aller expérimenter cette discussion, était le moyen de leur apporter les informations indispensables pour qu’ils puissent choisir leur route. Cela permet dans le même temps de couper les liens avec lesquels le prédateur se nourrit.

À notre arrivée, le sourire forcé de ma mère nous a de suite indiqué le contraste énergétique.

Mon père, lui, était à l’extérieur en train de couper franchement les troncs des sapinettes et sans le savoir, il me signifiait clairement son choix.

Son absence de paroles exprimait cette fois son sommeil dans lequel il préfère rester.

Une explication avec ma mère commence difficilement à émerger et retombe de suite, comme si rien ne pouvait être entendu, elle nous dira d’ailleurs qu’elle ne s’interroge pas. Au final tout est clair, même si nos corps sont proches, nos esprit eux sont si éloignés qu’aucune explication si forte soit-elle ne pourrait les syntoniser. On ne peut pas réveiller celui qui ne le veut pas. C’est cette leçon qu’a apprise un de mes alter qui au travers de cette explication espérait une compréhension de leur part

 

Le trajet du retour dans l’Aude-là sera rythmé par des rencontres avec des animaux sauvages, buse, biche, renard, lapin ou encore sanglier, qui nous attendaient au milieu de la route. Nous avons senti cette forte connexion avec l’énergie de la forêt, au travers, de ce qui semble être, des rendez-vous.

Nous comprendrons après coup qu’il s’agissait là d’un véritable accueil au sein de la forêt du Rialsesse.

 

 

5) Le véritable chaman s’active dans la forêt

 

Symbolique de la forêt :http://cime-tree.fr/symbolique-foret-arbres/

La forêt :

La forêt est la limite entre l’Ici et l’Ailleurs. L’arbre, symbole d’équilibre, est par essence celui qui relie la terre au ciel.

L’arbre est symbole de la vie, en perpétuelle évolution. En ascension vers le ciel, il évoque tout le symbolisme de la verticalité. Il incarne le caractère cyclique de l’évolution cosmique : mort et régénération. Les feuillus surtout évoquent un cycle, eux qui se dépouillent et se recouvrent chaque année de feuilles.

L’arbre met en communication les trois niveaux du cosmos : le souterrain, par ses racines fouillant les profondeurs où elles s’enfoncent ; la surface de la terre, par son tronc et ses premières branches ; les hauteurs, par ses branches supérieures et sa cime, attirées par la lumière du ciel.

Parce que ses racines plongent dans le sol, et que ses branches s’élèvent dans le ciel, l’arbre est universellement considéré comme un symbole des rapports qui s’établissent entre la terre et le ciel. Il possède en ce sens un caractère central, à tel point que l’Arbre du Monde est un synonyme de l’Axe du Monde.

Figure axiale, il peut naturellement représenter le chemin ascensionnel par lequel transitent ceux qui passent du visible à l’invisible.

 

L’Ange a mis sur notre route des signes évidents concernant la forêt et plus précisément notre évolution au sein de celle-ci. Je commence à la découvrir seul et par miroir, je découvre mon intérieur et débute alors un premier travail individuel. C’est le réveil du petit chaman.

Margi me rejoint et le miroir continue avec un travail en binôme qui permet d’aller voir des programmes plus en profondeur. C’est le réveil de la petite chamane.

Gaby arrive et nous formons ainsi un trio qui dans un nouvel équilibre peut atteindre des déprogrammations encore plus profondes. C’est la naissance du grand chaman.

Notre trio continue son chemin et c’est tout naturellement que l’on rencontre d’autres chamans que sont les Leo.

 

Nous sommes maintenant plusieurs familles réunies en quête perpétuelle de l’équilibre, à l’image de l’arbre qui s’associe aux autres arbres pour former une forêt. On peut continuer le parallèle avec le chaman qui s’unit à d’autres chamans pour former le véritable chaman.

Nous reconstituons à présent l’unité tribale qui vit pour l’évolution de la conscience comme une forêt vit pour faire l’équilibre de la nature et ce de façon perpétuelle.

L’Estagnol, au même titre que l’Ecoleo, semble donc être un lieu favorisant l’équilibre qui dans sa construction nous offre déjà ses premières leçons.

 

Ce chemin SDA est passionnant et parfois difficile, car si le groupe parvient à déjouer les égrégores les plus récalcitrants, c’est toujours au prix d’un travail ardu et d’une introspection toujours plus profonde.

L’Ange nous a fait un clin d’œil au travers de ces signes, il nous a fait comprendre que ce que l’on vit maintenant a commencé il y a très longtemps et les jalons qu’il a posés sur notre chemin, témoignent bien de sa permanente guidance. Soudain, tout devient clair et malgré le temps qui sépare ces événements, l’équilibre qui résulte de ces expériences n’en est que plus manifeste.

 

L’Ange m’indiquait depuis tout ce temps le chemin du "je" vers le "nous" et le contexte de la Forêt exprimait, quant à lui, la puissance de la nature et plus particulièrement celle des arbres, qui de toute évidence nous renvoie au chaman et à ses capacités à unir le spirituel avec la matière.

Et c’est bien un esprit de partage qui anime la quête de l’équilibre, car garder ses compréhensions, c’est garder des informations dont l’essence même est de circuler.

L’unité tribale regroupe donc des individus conscients de l’évidence du groupe et de la circulation de l’information.

On peut résumer par cette phrase : l’équilibre attire l’équilibre, encore faut-il le partager !

 

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