Trois forces pour emprunter "la 4ème voie" - par Kao-Kaouthar

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Bonjour à tous, 

 

Avant-propos : 

  • Je remercie chacun et chacune pour son engagement, qui me permet d’avancer à mon tour.
  • Je note, (comme Mohamed, et d’autres certainement) que le mois d’aout est très dense et chargé, aussi j’ai eu une masse de choses à intégrer à la fois. J’ai la sensation d’avoir fait un bond… 
  • Mon texte est un témoignage de mes compréhensions présentes. Je m’efforce de mettre en oeuvre mon discernement, et « la discipline du chaman ». Je sais que ce témoignage ne peut qu’évoluer, mais j’accepte de n’en être qu’au début de mon chemin… 

 

J’ai connu le réseau Léo il y a près de deux ans. J’y ai capté, immédiatement, une tonalité qui résonnait fortement en moi. Je décelais l’impact déterminant qu’il aurait sur mon existence. 

 

Entre adhésion et fortes résistances de ma part, à la lecture ou visionnage des partages Léo, j’ai tenté de partager à mon tour. Mes tentatives tièdes et indécises ont vite laissé place au silence. J’avais clairement des barrières à franchir. 

Je n’étais prête ni à m’exposer,  ni à rejoindre un collectif. 

 

Je me sentais littéralement impuissante, prise dans le conflit entre une intention profonde de libération et la lourdeur de mes chaines. Et dans cette équation, une incompréhension patente et permanente de moi-même et du monde…

 

J’ai continué, malgré cela, et comme toujours, à chercher, pour comprendre, pour donner sens à l’absurdité de mon existence. Je ressentais, en permanence, dans tout ce qui constituait ma vie un double sentiment: étrangeté et manque. Ainsi, chaque fois que je croyais accéder à une vérité, je ressentais en même temps une fausseté. Chaque fois que faisais une chose, je ressentais son incohérence. Chaque fois que je croyais me connaitre mieux, ma nature m’échappait davantage. Un cauchemar avec lequel j’ai dû composer, que j’ai dû rendre supportable, avec lequel j’ai dû ruser pour continuer à avancer. Un cauchemar qu’il me fallait ignorer, oblitérer, masquer pour la survie d’une partie de moi, à laquelle je m’identifiais.

 

En vérité je ne savais pas qui j’étais, et je ne comprenais rien à rien. 

 

Dans cet océan de confusion existaient heureusement des phares, des points fixes, des ancrages, qui faisaient entrer suffisamment de lumière, pour m‘éviter de sombrer définitivement dans les ténèbres; d’abord, ma guidance intérieure, mon “en-je“, elle m’emplissait de l‘intention discrète mais ferme d’un choix de cheminement SDA. Je disposais également de l‘éclairage du réseau Léo. Lire et écouter les témoignages, prendre connaissance des travaux des Léos, fut d’une valeur inestimable, d’abord parce cela fut pour moi un constant rappel, qu‘étant solitaire, je n’en étais pas pour autant isolée. Même dans mon brouillard intérieur je pouvais capter l’accordance entre nos intentions. Plus largement je commençais à pré-sentir l’utilité du collectif dans le travail sur soi…

 

Aux prises avec un émotionnel tourmenté, contradictoire et ravageur, en plein mois d’août aux énergies denses, je ressens, l‘impulsion claire et forte à partager mes expériences à nouveau; il est temps de poser mon choix d’orientation, d’acter clairement l’engagement de ma conscience. Trois chauves-souris entrent par les fenêtres ouvertes, tournoient dans mon salon plusieurs heures, pendant que chats et humains vaquent à leurs occupations. Plus tard dans la nuit, une abeille vient élire domicile sur ma lampe de chevet, alors que je m’endormais. 

 

La symbolique est très claire:

- Je possède la capacité d’éviter les obstacles, comme la chauve-souris, grâce à mon système de navigation intégré.

- L’abeille, symbole de lumière s’est installé dans le royaume de l’obscurité, ou le caché. La chauve-souris, créature nocturne est entrée dans la lumière, en entrant dans mon salon éclairé.

- Ombre et lumière sont les deux faces d’une même pièce, indissociables et complémentaires, je dois pouvoir naviguer de l’un à l’autre.

- Le travail est perpétuel, comme l’abeille qui sans cesse réalise sa mission de pollinisation, comme la chauve-souris qui dévore les „nuisibles“, parce qu’elle a à le faire.

 

A un autre niveau, je remarque que ces deux espèces sont à la fois essentielles à l’équilibre de notre écosystème, et menacées de disparition…

 

Je commence à écrire. La feuille de papier devient rapidement un véritable champ de bataille, entre plusieurs voix se disputant le contrôle de la direction. Concrètement cela se traduit par un cafouillage formidable; je commence une phrase, qui ne va nulle part, je cherche les mots, qui ne viennent pas, ou mal, j‘efface, je réécris, je tâtonne et je m’énerve à l’infini. Les issues de ces entreprises, par le passé, restaient invariablement les mêmes : j‘arrête purement et simplement d’écrire, j’abdique, ou bien je finalise (ou pas) un texte qui ne résonne plus du tout avec ma vérité profonde. Cette fois-ci, je n’échappe pas à la règle: j’ai repris mon travail d’écriture, laborieusement, douloureusement, presque tous les jours pendant deux semaines, mais en ressortent quatre textes différents inachevés, suspendus dans leurs impasses respectives. 

 

Cette bataille en papier n’est rien d’autre que la projection de ce qui se passe en moi : plusieurs voix se disputant le contrôle de la direction. Fragmentation, incohérence et absurdité. Une lutte intérieure impitoyable, qui me vide de mon énergie vitale, qui m’absorbe à tel point que je ne vois pas l’essentiel. Aveugle et enchainée, ferrée physiquement et psychiquement, je n’ai aucune chance de trouver la sortie. Décalée par rapport à mon âme, je suis incapable d’avancer, je ne distingue même pas de chemin. Peur, impuissance, rejet…

 

Les émotions se traduisent maintenant dans ma chair. Une douleur s’installe progressivement au milieu de mon dos, jusqu’à rendre ma respiration et mes mouvements difficiles. Il s’agit d’une inflammation de tous les muscles qui partent du dos et ceinturent la zone abdominale. Les pulsations douloureuses sont si fortes par moment, que je suis obligée de prendre des médicaments. 

 

Une forte poussée de psoriasis apparait et s’étend sur mes pieds et mes paumes. Des douleurs à l’articulation entre cuisses et bassin m’empêchent de marcher plus de 5 minutes. 

 

Le Grand dictionnaire des malaise et des maladies – Jacques MARTEL

 

INFLAMMATION - Elle est l'expression corporelle d'une inflammation intérieure. Je suis enflammé et enragé par quelque chose ou quelqu'un, et cela s'exprime par mon corps.

 

DOS - Aussi, les malaises au milieu du dos sont le signe clair d'une relation difficile avec la vie et les situations de mon existence. Cette région du dos correspond également au mouvement d'extériorisation de l'énergie de vivre qui passe à travers moi(…) Si j'ai un mal de dos, cela dénote un grand sentiment d'impuissance face à une situation présente difficile à traiter et où j'aurais besoin d'aide.

 

PEAU - La peau est comme l'écorce d'un arbre. Elle nous montre qu'il y a des problèmes extérieurs ou intérieurs. Elle isole les cellules de mon corps, mes composantes face à mon environnement extérieur. (…) je vais me créer une maladie de peau qui deviendra une « barrière naturelle » qui permettra de garder une certaine distance avec mon entourage. La peau étant un tissu mou qui est relié à l'énergie mentale, elle exprime mes insécurités, mes incertitudes et mes soucis profonds.“

 

ARTICULATIONS - Ainsi, un trouble articulaire indique une résistance, une certaine raideur dans mes pensées, dans mes actions ou dans l'expression de mes émotions souvent refoulées. Une inflammation survient si j'ai peur d'aller de l'avant. (…) Lorsque j'ai de la douleur ou de la difficulté à bouger, mon corps exprime que je ne veux pas comprendre (ou accepter de comprendre) quelque chose qui me limite dans l'expression du Soi“

 

Mes corps physique, émotionnel et mental s’allient pour m’offrir un état des lieux complet et implacable !

Épuisée, vide, vaincue, je lâche prise sur presque tout, c’est à dire que mon mental relâche l’étau… 

Et c’est précisément à ce moment-là que “la 4ème voie“ de Gurdjieff m’est proposée, par le biais de l’e-book “fragment d’un enseignement inconnu“ d’Ouspenski, sur le site de l’Épopée de la Conscience. 

 

J’avais déjà eu cet ouvrage entre les mains, je l’avais déjà parcouru, mais son impact, je le comprends à présent, se cantonnait, à l’époque, à ma sphère intellectuelle. 

 

Je suis capable aujourd’hui, avec une incroyable facilité, et après une seule écoute, de saisir et de récapituler avec précision les lignes principales et secondaires, et leur articulation, pour les appliquer à mon expérience personnelle. Et cette fluidité est la signature de ma conscience supérieure, ça je le sais! Tout se met en place…

Selon Gurdjieff, nous ne sommes jamais libres ici-bas, mais en permanence soumis à des influences (à différents niveaux cosmiques), et notre seule marge de manœuvre consisterait à pouvoir choisir celles qui vont nous gouverner.  

Mais pour cela, il faut comprendre quelles forces sont à l’œuvre en nous, il distingue :

- “la force active ou positive“, qui agit

- “la force passive ou négative“, qui est une force d’inertie

- “la force neutralisante“, qui, vient en quelque sorte impulser une dynamique évolutive

 

Voilà ce que je comprends de tout cela. Ma bagarre avec l’écriture, les inflammations/problèmes de peau/d’articulations, sont le reflet exact de ma lutte intérieure, entre deux forces à l‘œuvre: mon intention de libération - la force active, contrecarrée par la force d’inertie qui l‘empêche. Autrement dit, mon moi véritable qui fait le choix SDA est en lutte avec ma PERSONNALITÉ (construite et gouvernée par la prédation).

 

La connaissance ici, m’offre une compréhension sur deux niveaux; la compréhension de la nature des forces en présence, et l’articulation dynamique entre elles. La première force (l’ouverture SDA) est donc en lutte avec la deuxième (énergie SDS), et, s’équilibrant l’une l’autre (ou l’une étouffant l’autre), je fais du sur-place, impuissance et piégée. La simple prise de conscience de cette dynamique constitue la troisième force, qui apporte le recul d’une vision plus complète, donc une dynamique évolutive, à l’ensemble du système.

 

Ma compréhension du processus d’éveil de l‘homme,  par le biais de l’analyse de Gurdjieff:

 

“Dans la conscience d’un homme endormi, ses illusions, ses rêves, se mêlent à la réalité. L’homme vit dans un monde subjectif dont il lui est impossible de s’échapper. Et voilà pourquoi il ne peut jamais faire usage de tous les pouvoirs qu’il possède, et ne vit que dans une toute petite partie de lui-même.“ (…) En s’observant, il projette un rayon de lumière sur ses processus intérieurs qui s’étaient effectués jusqu’ici dans une obscurité complète“

 

Tant qu’on reste endormi, on reste identifié à une petite partie de soi, la personnalité, et bloqué dans la subjectivité, c’est à dire sur le point de vue de la personnalité, gouvernée par le mental. S’observer soi-même permet de prendre de la hauteur, pour comprendre qu’on est endormi, et qu’on est identifié. C’est le premier pas vers l’éveil, et une compréhension globale plus objective de ce qui se joue.

 

J’accepte ainsi, ce qu’intuitivement j’ai toujours su : je ne suis ni libre, ni éveillée (en cours seulement). Je suis prédatée, et pas qu’un peu ! Le monde dans lequel je vis est brutal et déshumanisé. Ce monde extérieur, n’est que le reflet de mon monde intérieur, fait de contradictions accumulées sur cinquante ans de conditionnement. Esclave parmi les esclaves.

 

“ L’éveil n’est possible que pour ceux qui le cherche, qui le veulent et sont prêts à lutter et à travailler sur eux-même très longtemps, et avec persévérance pour l’obtenir. A cette fin, il faut absolument détruire les tampons, c’est à dire aller à la rencontre de toutes les souffrances intérieures qui sont liées à la sensation des contradictions“

 

*Les tampons, sont, selon Gudjieff, (comme les tampons entre les wagons d’un train) des atténuateurs de chocs, des séparateurs, construits par l‘homme involontairement au cours de sa vie, pour édulcorer ou masquer l’insupportable, c’est à dire la réalité de division existant en nous même car : “les différents moi qui composent notre personnalité sont contradictoires et hostiles les uns envers les autres“.

 

Je regarde et je pleure cette horreur.

VOIR ce monde, c’est ACCEPTER d’ ÊTRE ce monde.

 

Trois intégrations majeures qui me propulsent plus avant dans la 4ème voie :

- J‘expérimente totalement et sans masques la nature de cette densité

- Je comprend que la connaissance est la clé qui libère et protège

- Je sens que je suis l’autre et que l’autre est moi, donc que le travail collectif est essentiel à mon cheminement.

 

Kao (Kaouthar) - cénacle dépt 90

 

 

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