Extrait de "l'Aventure de la Conscience" de Satprem

Nina partage cet extrait de "l'Aventure de la Conscience" de Sri Aurobindo, écrit par Satprem dont voici le PDF pour ceux qui souhaiteraient approfondir la lecture :

 

La moitié obscure de la vérité

 

Maintenant, nous approchons. C’est par une expérience positive que le chercheur a commencé. Il s’est mis en route parce qu’il avait besoin d’autre chose. Il a fait des essais de silence mental et il s’est aperçu que le seul fait de son effort provoquait une Réponse ; il a senti une Force qui descendait, une vibration nouvelle en lui, qui faisait la vie plus claire, plus vivante ; peut-être même a-t-il eu l’expérience d’une déchirure soudaine des limites et d’émerger à une autre altitude. De mille façons le signe peut venir indiquant qu’un nouveau rythme s’installe. Puis soudain, après ce départ en flèche, tout s’est voilé, comme s’il avait rêvé ou qu’il s’était laissé entraîner par un enthousiasme assez puéril après tout – quelque chose est en train de se venger en lui par une levée de scepticisme, de dégoût, de révolte. Et ce sera le deuxième signe, peut-être le vrai signe qu’il est en train de progresser et qu’il s’empoigne avec les réalités de sa nature, ou, plutôt, que la Force descendante a commence son travail de barattage.
Le progrès en définitive, ne consiste pas tant à s’élever qu’à décanter tout ce qui encombre – quand on est clair, tout est . Et le chercheur découvre ses multiples encombrements. On a souvent l’impression, sur la voie du yoga intégral, de s’être mis en route pour le meilleur et de découvrir le pire, d’avoir cherché la paix et la lumière, et de découvrir la guerre. En fait, c’est une bataille, il ne faut pas se le cacher. Tant que l’on nage avec le courant, on peut se croire bien gentil, bien propre, bien intentionné ; des que l’on renverse l’allure, tout résiste. On comprend alors tangiblement les énormes forces d’abrutissement qui pèsent sur les hommes – il faut avoir essayé d’en sortir pour voir. Et quand le chercheur aura eu une première ouverture décisive sur le haut, qu’il aura vu la Lumière, il sentira presque simultanément un coup de boutoir en bas, comme si quelqu’un en lui avait mal ; il saura alors ce que Sri Aurobindo entendait par cette obscurité blessée qui proteste contre la lumière. Et il aura appris sa première leçon : on ne peut pas faire un pas en haut sans faire un pas en bas.

Au lieu de prendre ces incurvations brutales comme une sorte de fatalité, le chercheur en fera la base de son travail. Ce double mouvement d’ascension et de descente constitue le processus fondamental du yoga intégral : À chaque hauteur conquise, nous devons revenir sur nos pas pour faire descendre l’illumination et le pouvoir nouveaux dans le mouvement mortel d’en bas, c’est à ce prix seulement que la vie se transforme, sinon nous restons à poétiser et à spiritualiser sur les sommets, tandis qu’en dessous la vieille vie cahote. Pratiquement, le mouvement de descente ne s’accomplit pas par une décision arbitraire du mental – moins il s’en mêle, mieux cela vaut et, d’ailleurs, on se demande bien comment le Mental pourrait « descendre », assis là derrière son petit bureau ?… C’est la conscience-force, éveillée et individualisée en nous, qui fait tout le travail, spontanément.
Dès que nous avons touché une certaine intensité de conscience ou de lumière, automatiquement elle exerce une pression sur le reste de la nature et fait jaillir les obscurités ou les résistances correspondantes. Tout se passe comme si l’on introduisait brutalement un excès d’oxygène dans les bas-fonds : quelques murènes et barbillons divers se débattent anxieusement, ou même éclatent. C’est un étrange renversement de conscience, comme si l’on passait d’une chambre illuminée à la même chambre obscure, d’une chambre joyeuse à la même chambre douloureuse – tout est semblable et tout est changé. Comme si c’était la même force, la même intensité vibratoire – peut-être même une vibration identique – mais affectée soudain d’un coefficient négatif. On perçoit alors, presque à la trace, comment l’amour par exemple, se change en haine et le pur en l’impur – tout est le même, mais à l’envers Et tant que nos états psychologiques seront simplement l’envers d’un autre, et notre bien l’envers du mal (peut-être faudrait-il dire l’endroit du mal ?) il n’y a pas d’espoir que la vie se transforme. Il faut radicalement autre chose – une autre conscience. Tous nos poètes et nos esprits créateurs ont particulièrement connu ces écarts de conscience ; en même temps que ses Illuminations, Rimbaud avait accès à d’étranges domaines qui lui faisaient « dresser des épouvantes » ; lui aussi obéissait à la loi du renversement obscur. Mais le chercheur intégral, au lieu d’être ballotté d’un bout à l’autre inconsciemment, et de monter sans savoir comment ou de descendre sans le vouloir, opérera méthodiquement consciemment, sans perdre son équilibre et, surtout, en s’abandonnant avec une confiance croissante en cette Conscience-Force qui ne suscite jamais plus de résistances qu’il ne peut en supporter et ne dévoile jamais plus de lumière qu’il n’en peut contenir.
Après avoir vécu assez longtemps entre deux crises, nous finirons par nous apercevoir d’une méthode dans l’action de la Force, et que chaque fois que nous semblons quitter la courbe ascendante, ou même perdre une réalisation acquise, c’est pour retrouver au bout la même réalisation, mais à un degré immédiatement au-dessus, élargie, enrichie de tout le reste de notre domaine qui, par notre « chute » précisément, est venu s’intégrer dans la lumière nouvelle – si nous n’étions pas « tombés », ce bas ne serait jamais venu s’adjoindre à notre haut. Peut-être, collectivement, est-ce un processus identique qui amenait la chute d’Athènes afin que d’anciens barbares, eux aussi, pussent un jour comprendre Platon.
La progression du yoga intégral ne décrit pas une ligne droite qui va se perdre de plus en plus haut, sur une pointe de plus en plus tenue, mais une spirale, dit Sri Aurobindo, qui lentement, méthodiquement, annexe tous les niveaux de notre être dans une ouverture de plus en plus vaste et sur une base de plus en plus profonde. Et non seulement nous distinguerons une méthode derrière cette Force, ou cette Conscience-Force plutôt, mais des cycles réguliers et un rythme aussi certain que celui des marées et des lunes ; plus on progresse, plus les cycles deviennent vastes, plus ils se relient à un mouvement cosmique, jusqu’au jour où nous pouvons percevoir dans nos propres descentes, les descentes périodiques de la conscience terrestre, et dans nos propres difficultés, tous les remous de la terre qui résiste et se révolte. Tout sera si intimement lié, finalement, que l’on pourra lire dans les plus petites choses, dans les plus infimes accidents de la vie quotidienne et des objets que l’on touche, le signe des dépressions plus vastes qui vont passer sur les hommes et les faire descendre, et monter, eux aussi, sur la même crête évolutive. Alors nous verrons que nous sommes infailliblement conduit vers un But, que tout a un sens, même les choses les plus minuscules – pas un détail ne bouge sans que tout bouge – et que nous sommes en route pour une aventure plus grande que nous ne l’avions pensé.

Bientôt, une deuxième contradiction nous frappera, peut-être la même toujours. Non seulement il y a une loi de montée et de descente, mais, semble-t-il, une contradiction centrale. Nous avons tous un but à atteindre, en cette vie et à travers toutes nos vies, quelque chose d’unique à exprimer, parce que chaque homme est unique – c’est notre vérité centrale, notre tension évolutive spéciale. Ce but n’apparaît que lentement, après bien des expériences et des éveils successifs lorsque nous commençons à être un homme intérieurement formé ; alors nous nous apercevons qu’une sorte de fil relie notre vie – et toutes nos vies si nous en avons pris conscience – dans une direction particulière, comme si tout nous précipitait toujours dans le même sens. Un sens de plus en plus précis et aigu à mesure que nous avançons. Et, en même temps que nous prenons conscience de notre but, nous découvrons une difficulté particulière qui est comme l’envers ou la contradiction de notre but. C’est un phénomène étrange, comme si nous avions exactement l’ombre de notre lumière – une ombre particulière, une difficulté particulière, un problème particulier qui se présente et se représente à nous avec une insistance déconcertante, toujours le même sous des visages différents et dans les circonstances les plus distantes, et qui revient après chaque bataille gagnée avec une puissance accrue, proportionnelle à notre nouvelle intensité de conscience, comme si nous devions encore et encore livrer la même bataille sur chaque plan de conscience nouvellement conquis. Plus le but devient clair, plus l’ombre devient forte. Alors nous avons fait la connaissance de l’Adversaire :
 
L’adversaire caché dans la poitrine humaine
L’homme doit le vaincre ou perdre son haut destin
C’est la guerre intérieure sans merci
.
 
Sri Aurobindo l’appelle encore le double mauvais. Parfois même, nous commencerons par deviner négativement quel peut être notre but, avant de le comprendre positivement, par la répétition des mêmes circonstances contraires ou des mêmes échecs qui semblent tous pointer du doigt dans une direction unique, comme si nous tournions et retournions dans un orbe de plus en plus serré et oppressant autour d’un point central qui est à la fois le but et le contraire du but. Un individu qui a de grandes capacités pour le travail, dit Sri Aurobindo, a toujours ou presque toujours (peut-être ne doit-on pas faire de règles universelles trop rigides en ce domaine) un être qui lui est attaché, ressemblant parfois à une partie de lui-même, et qui est exactement la contradiction de ce qu’il représente centralement dans le travail à faire. Ou, si cet être n’est pas là dès le début, pas encore attaché à sa personnalité, une force de ce genre entre dans son atmosphère dès qu’il se met au travail pour réaliser. Sa tâche semble être de créer des oppositions, des conditions mauvaises, de faire faire des faux-pas ; bref, de mettre devant nous tout le problème du travail que nous avons entrepris. Il semblerait dans l’économie occulte du monde, que le problème ne peut pas être résolu sans que l’instrument prédestiné fasse sienne la difficulté. Ceci expliquerait bien des choses qui semblent très déconcertantes à la surface. La Mère souligne le même phénomène dans ses Entretiens avec les disciples : Quand vous représentez la possibilité d’une victoire, vous avez toujours en vous la chose opposée à cette victoire, qui est votre tourment perpétuel. Quand vous voyez une ombre très noire quelque part, quelque chose qui est vraiment pénible, vous pouvez être sûr que vous avez en vous la possibilité de la lumière correspondante. Et elle ajoute ceci : Vous avez un but spécial, une mission spéciale, une réalisation spéciale qui vous est propre, et vous portez en vous tous les obstacles nécessaires pour que cette réalisation soit parfaite. Toujours, vous trouverez qu’au-dedans de vous l’ombre et la lumière vont de pair : vous avez une capacité, vous avez aussi la négation de cette capacité. Mais si vous découvrez une ombre très épaisse et très profonde, soyez sûr, quelque part en vous, d’une grande lumière. À vous de savoir utiliser l’une pour réaliser l’autre.

Il se pourrait, finalement, que le secret de l’existence nous ait échappé parce que nous avons imparfaitement compris cette loi duelle de l’ombre et de la lumière, et l’énigme de notre double nature, animale et divine. Nourris d’une conception manichéenne de l’existence, nous y avons vu seulement, à la suite de nos morales et de nos religions, une impitoyable lutte du Bien et du Mal, de la Vérité et du Mensonge, où il importait d’être du bon côté, à la droite du Seigneur. Et nous avons tout coupé en deux, le royaume de Dieu et le royaume du Diable, la vie inférieure de ce monde et la vraie vie au ciel. Nous avons voulu supprimer le contraire du but, et en même temps nous avons supprimé le but. Car le but n’est pas d’être tronqué, ni en bas ni en haut. Et tant que nous rejetterons l’un pour l’autre, nous échouerons misérablement et nous raterons le but de l’existence ; car tout est d’une seule pièce, on ne peut rien enlever sans tout démolir. Et comment pourrions-nous, vraiment, nous délivrer du « mal » sans faire sauter tout le monde ? si un seul homme se délivrait du « mal », le monde croulerait, parce que tout est un ; le monde est fait d’une seule substance, pas de deux, une bonne et une mauvaise. On ne peut rien enlever, et on ne peut rien ajouter. C’est pourquoi il n’y a pas de miracle non plus, pour sauver le monde ; le miracle est déjà dans le monde, toutes les lumières possibles sont déjà dans le monde, tous les ciels imaginables sont déjà là ; rien ne peut entrer dedans sans rompre la formule – tout est là, nous vivons en plein dans le miracle, sans la clef. Car ce n’est peut-être pas quelque chose à supprimer ou quelque chose à ajouter, peut-être même pas « autre chose » à découvrir, mais la même chose, dans un autre sens.

 

Si nous voulons atteindre le But, il faut donc en finir avec notre manichéisme et arriver à une compréhension réaliste de ce que Sri Aurobindo appelait « la moitié obscure de la Vérité ». La connaissance humaine, dit Sri Aurobindo, jette une ombre qui cache la moitié du globe de la Vérité de son propre soleil… Sous prétexte de vérité absolue le mental rejette la fausseté, mais c’est l’une des raisons principales de son incapacité à atteindre la Vérité ronde et parfaite.
Si nous éliminons tout ce qui va de travers – et dieu sait que ce monde est plein d’erreurs et d’impuretés – nous arriverons à une vérité, peut-être, mais ce sera une vérité vide. Le commencement pratique du Secret est de s’apercevoir, d’abord, puis de voir que chaque chose en ce monde, même l’erreur la plus grotesque et la plus égarée, contient une étincelle de vérité sous le voile, parce que tout est Dieu ici-bas qui s’avance à Sa propre rencontre ; il n’y a rien en dehors de Lui. En fait, l’erreur est une demi-vérité qui trébuche à cause de ses limitations ; souvent, c’est la Vérité qui porte un masque pour s’approcher de son but sans qu’on la voie. Si une seule chose en ce monde était totalement fausse, le monde entier serait totalement faux. Par conséquent, si le chercheur part avec cette hypothèse de travail, hypothèse positive, et qu’il monte de degré en degré en acceptant chaque fois de parcourir le degré correspondant d’en bas, sans rien retrancher, pour y délivrer la même lumière qui est cachée sous chaque masque, en chaque élément, même dans la boue la plus obscure, même dans l’erreur la plus grotesque, le mal le plus sordide, il verra peu à peu tout s’éclaircir sous ses yeux, pas en théorie mais tangiblement, et il découvrira non seulement des sommets, mais des abîmes de vérité. Il verra que son Adversaire était le collaborateur le plus diligent et le plus attentif à la solidité parfaite de sa réalisation, d’abord parce que chaque bataille augmentait sa force, ensuite parce que chaque chute l’obligeait à délivrer la vérité d’en bas au lieu de s’enfuir tout seul sur des sommets vacants – et que sa pesanteur était la pesanteur même de notre Mère la terre qui, elle aussi, veut sa part de lumière. Les Princes de la Nuit sont déjà sauvés ! ils sont à l’Œuvre, ils sont les exacteurs scrupuleux d’une Vérité qui contient tout, au lieu d’une Vérité qui exclut tout :
  
Non seulement il y a de l’espoir pour les dieux purs
Mais pour les divinités violentes et obscurcies
Qui quittèrent les bras de l’Un en rage de découvrir
Ce que les dieux blancs n’avaient pas vu – eux aussi sont saufs

 
Et il verra que chaque chose a sa place inévitable, non seulement que rien ne peut être retranché mais que, peut-être, rien n’est plus important ou moins important, comme si la totalité du problème était dans le plus petit incident, le moindre geste quotidien, autant que dans les bouleversements cosmiques, et que, peut-être aussi, la totalité de la Lumière et de la joie était là, dans le moindre atome, autant que dans les infinitudes supraconscientes. Et la moitié obscure de la vérité s’illumine. Chaque trébuchement allume une flamme de souffrance et fait comme une trouée de lumière en bas ; chaque faiblesse est un appel de force, comme si la puissance de la chute était la puissance même de l’élévation ; chaque imperfection, un creux pour une plénitude ronde – il n’y a pas de péchés, il n’y a pas d’erreurs, il n’y a que des misères infinies qui nous obligent à nous pencher sur toute l’étendue de notre royaume et à tout embrasser pour tout guérir et tout accomplir. Par cette faille de notre cuirasse, un amour et une pitié du monde sont entrés, que toutes les puretés radieuses ne comprendront jamais – la pureté est imprenable, elle est barricadée, fermée comme du béton ; il faut un trou pour que la Vérité puisse entrer !
Il fit de l’erreur une porte par où la Vérité pût entrer

Il y a une vérité d’Amour derrière le mal. Plus on descend vers les cercles infernaux, plus on découvre l’immense besoin au fond du Mal, et que l’on ne peut rien guérir sans une intensité semblable : une flamme s’allume dedans, de plus en plus puissante et chaude sous la pression suffocante – il n’y a plus qu’Elle, plus qu’Elle, c’est tout – comme si seul l’Amour pouvait affronter la Nuit et la convaincre de sa moitié de lumière.  
Comme s’il avait fallu toute cette Ombre pour que puisse naître l’Amour. En vérité, au cœur de toutes les ombres, au centre de tous nos maux, il est un mystère inverse. Et si nous avons chacun une difficulté particulière, à la fois contradiction et signe de notre destin, il se pourrait, de même, que les grandes failles de la terre, vulnérable, pécheresse, douloureuse, ses mille et un trous de pauvresse, soient le signe de son destin et qu’un jour elle doive incarner l’Amour parfait et la joie, parce qu’elle aura tout souffert et tout compris.

À mesure que l’on avance, la ligne supraconsciente recule vers le haut, la ligne subconsciente recule parallèlement vers le bas ; tout s’élargit, tout s’illumine, mais tout se referme aussi, tout s’accuse autour d’un seul point sombre, de plus en plus aigu, de plus en plus crucial, serré, comme si l’on avait tourné pendant des années et des années, des vies, autour d’un même Problème sans jamais le toucher vraiment, et puis c’est là, accroché au fond du trou et se débattant sous la Lumière – tout le mal du monde en un point. L’heure du Secret est proche. Car la loi de la descente n’est pas une loi de fer ni de pêche ni de chute, pas plus qu’elle n’est une loi de repentir et d’évasion céleste, mais une Loi d’or en vérité, une insondable Préméditation qui nous tire en bas en même temps qu’en haut, jusqu’au fond du subconscient et de l’Inconscient, jusqu’à ce point central, ce nœud de vie et de mort, d’ombre et de lumière, où le Secret attend. Plus on approche du Sommet plus on touche au Fond.

Satprem, Sri Aurobindo ou l’Aventure de la Conscience, p.208-216

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Johannes (samedi, 29 avril 2017 16:14)

    Merci Nina, de ton partage qui me touche en plein coeur !