Témoignage 555 - Candice J - S'inspirer de la force de l'arbre

 

J’aimerais vivre en forêt. J’aime à dire que je suis fille des bois. Là où tout est vrai, simple, dans l’instant, où les feuilles bruissent, où les insectes font leurs affaires avec ce qu’ils ont et comme ils sont. Où les arbres, sans résistance, accueillent le vent et la pluie comme ils viennent, dans l’instant, et tracent leur chemin si patiemment vers la lumière accordant leurs efforts selon les obstacles, persévérant toujours. Les arbres sont si beau enseignants.

 

Dans les temps les plus difficiles, ces deux dernières années, ils m’ont montré ce que c’était qu’accueillir, et être simplement là avec ce qui se passe autour. A laisser filer les résistances et la lutte. Car un arbre se laisse bercer par le vent, un arbre se laisse mouiller par la pluie, un arbre se laisse chauffer par le soleil. Et dans tout ça, il reste là, serein, enraciné, vrai, et savant transmetteur. Il y aurait d’autres choses à dire sur les arbres mais je vais m’arrêter là, car l’essence de ce qu’ils m’ont appris réside dans ces mots.

 

C’est leurs capacités de présence et d’accueil qui m’ont soutenues quand l’orage émotionnel me faisait trop chanceler. Ce n’est probablement pas trop SDA (j’ai encore des difficultés à le saisir mentalement), mais à cette période-là, j’étais au chômage, je venais de rentrer de deux ans au Canada, sous le choc du retour au pays, encore dans l’impossibilité de trouver une case « emploi » dans laquelle rentrer et me sentir bien : je vivais déception, frustration, et remous émotionnels que j’avais besoin d’apaiser, et je ne savais pas comment faire autrement que d’aller dans la Nature.

 

Pour expliquer ce que je sais de qui je suis, je devrais remonter plus loin. Je suis née dans une famille où parler ne va pas de soi. Comme dans de nombreuses familles en fait.

Brutalement confrontée au suicide de ses parents et aux accusations de ses frère et sœur, ma mère m’a donné naissance deux ans après ces événements, emplie de douleur rentrée, de souffrance, de culpabilité et de tristesse refoulées. Il n’y avait donc pas beaucoup d’espace pour moi… pas assez en tout cas. Nous avons pour autant été fusionnelles pendant mes premières années de vie, et j’ai pu absorber à loisir des choses qui ne m’appartenaient pas du tout, sans conscience alors. J’ai mis bien du temps à m’en rendre compte, et du temps également pour commencer à m’en délester et comprendre que tout ce que je ressens, ce n’est pas que moi.

 

Pour abréger sur mon enfance, j’étais très effacée mon monde était dans les livres, dans des mondes imaginaires où la magie occupait une grande place. Je me souvenais très souvent de mes rêves et les écrivais. Je ne comprenais pas les autres enfants, avec qui je vivais du rejet, de l’abandon, de la trahison, et les adultes n’écoutaient pas ma détresse. Alors je lisais, je lisais, je lisais. J’écrivais des histoires, aussi, jusqu’à ce que ma prof de français d’alors lise en classe mon devoir de rédaction, mal perçu par mes camarades. Après, je n’ai plus écrit pendant des années.

 

Tout en continuant les déboires relationnels, j’ai poursuivi l’école et l’université guidée par l’aspiration profonde de faire de mon travail une passion. Sauf que, bien sûr, j’ai enchaîné les désillusions, les frustrations, les incompréhensions sur le fonctionnement de ce monde qu’on m’imposait, les périodes dépressives. Mon désir intense de contribuer à plus grand n’a pas trouvé où se manifester dans le cadre établi. Aussi bien dans mes emplois salariés (coincée entre l’expérience acquise dans mon premier poste et ma formation qui m’avait menée vers de grosses désillusions sur la réalité professionnelle) que dans mes propres projets en autoentrepreneur où je me prenais des murs à la chaîne, cette incompréhension m’a poursuivie : comment peut-on se satisfaire d’un emploi « pour l’argent » ? vivre pour un tel travail, toute sa vie, et… rien d’autre ? Où est l’erreur ? Qu’est-ce qui m’échappe ?

 

C’est l’un des deux « problèmes » pour lesquels je me suis mise à chercher des réponses.

Conjointement, l’autre « problème », forcément, c’est le besoin de qualité relationnelle. Je l’ai évoqué, des débuts difficiles hors du noyau familial, ne s’arrangeant pas, et un coup de massue l’année de mon diplôme de fin d’études. En peu de mots, une rencontre virtuelle que j’ai voulu rendre réelle, j’ai traversé la France pour le voir, et j’ai été rejetée ; il avait dit oui pour me faire plaisir, je n’ai voulu voir que ce qui m’arrangeait, et… BAM !

Ça a fait mal, mais ça m’a servi de leçon. Avec du recul, je le remercie car j’ai enfin accepté de voir que quelque chose n’allait pas du tout dans ma façon d’appréhender les relations.

 

En dépression, j’ai commencé à chercher des réponses. Pas de la bonne façon, puisque j’ai tout cherché pendant les années suivantes à l’extérieur. Et pourtant, j’ai toujours eu l’intuition et les situations adéquates pour ne pas être prise dans un « piège » dont je n’aurais pas pu sortir. Jusqu’à accepter d’avoir les réponses en moi et dans ces relations tortueuses.

 

A suivre.

Candice J

 

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