15. La gardienne amie - par Orsula

 

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Pour démarrer ce texte, je tiens à partager un rêve qui pour moi représente une carte du chemin vers le prochain palier de conscience :

 

« Nous vivons dans un endroit où tout est prévu. Lors du dîner, un étranger s’assoit à notre table. Cet homme, par sa présence inhabituelle, déclenche en moi le doute. Je me rends compte que toutes les femmes sont dans ce même état.

Je cours pour quitter ce lieu. J’ignore où je vais, mais il faut que je le quitte. Ma première tentative échoue. Je suis rattrapée par des gardes masculins. Cependant, dès qu’ils ont le dos tourné, je recommence. Cette fois-ci, j’arrive à dépasser une certaine limite et me retrouve avec une gardienne amie. Gardienne, car elle doit m’empêcher de partir, amie, car elle fait exprès mal son travail. C’est même elle qui m’emmène chez une femme de sa lignée où je sens la porte de sortie. Je la pousse et nous quittons toutes deux cet endroit.

 

Dehors, je découvre que ce lieu, où je vivais, est un labyrinthe sombre (malgré toutes ses couleurs) et étroit où nous étions entassés.

Nous sommes sur une plage, nous courrons par joie de goûter enfin la liberté. Je vois l’homme qui s’était introduit dans le labyrinthe pour déclencher le doute. Je comprends que lui et ses compagnons ont pour mission de réveiller le féminin.

Je vais le voir et je l’embrasse. Je sens un blocage au niveau de la poitrine. Je découvre qu’il tient son bras entre nous. Je l’écarte pour aller plus loin, quand il me dit : c’est le meilleur moyen pour condenser ton cœur, ne préfères-tu pas garder ton âme ample ?

Je comprends que l’acte charnel m’enverrait directement dans le labyrinthe avec en prime l’oubli. Je m’écarte de lui.

 

Nous rencontrons d’autres personnes comme nous, et nous nous réunissons pour le grand saut. Ils parlent de dernières pluies. Nous sautons en arrière et nous sommes emportés par un courant. Une transformation s’enclenche. Nos corps changent pour devenir légers. »

 

Au moment où j’ai fait ce rêve, j’ai remarqué que je n’avais pas encore rencontré cette gardienne amie. Les choses ont changé au cours des derniers mois. Voici mon expérience.

 

Depuis quelques années, j’ai souffert d’une douleur à la jambe gauche. Cette gêne apparaissait et disparaissait comme bon lui semblait. En tout cas, elle m’empêchait de prendre pleinement appui sur cette jambe et engendrait chez moi une multitude de questions et de peurs.

En voulant comprendre ce que ce membre me montrait, je remontais l’histoire de ma lignée maternelle. Les femmes de ma famille se retrouvent souvent avec des problèmes aux jambes et plus précisément à la jambe gauche. Je cite pour exemple ma mère qui s’est faite opérée à cause d’une douleur persistante à cette jambe et ma grand-mère qui a des varices géantes.

En partant de l’indication que la jambe gauche représente l’aspect relationnel lié au féminin, ainsi que la capacité d’avancer, je décortiquais ce que la vie m’a offert comme signes. Je commençais par ma relation avec ma mère.

 

J’ai toujours vu ma mère comme une figure tyrannique qui jouait le rôle de mère. Sévère, elle représentait l’autorité à la maison et n’était absolument pas comme les mères de mes cousines, à savoir gentilles, douces et amies de leurs filles. Elle nous forçait à exceller tout le temps et refusait qu’on montre la moindre faiblesse. Bref, je lui en voulais de ne pas être une mère comme j’en concevais l’idée.

Pour ma mère, je me rappelle qu’elle a toujours tenté désespérément de gagner l’affection de sa mère, sans succès. Cette dernière était encore plus sévère que ma mère et ne montrait aucune tendresse envers sa fille. Une phrase que ma mère répétait souvent lorsqu’elle discutait avec ses sœurs : quand est-ce que notre mère a été une mère ?

Compte à ma grand-mère, elle a été abandonnée enfant par sa mère aux bons soins des épouses de son père. Sa mère avait fui, car elle craignait pour sa vie. Elle avait contracté la lèpre et disait que c’était un sort jeté par les autres femmes de son mari. Ma grand-mère a toujours évité de parler de son enfance et tout ce que je sais, c’est qu’elle a souffert.

Cependant, si ma grand-mère a été abandonnée par sa mère, pour ma mère et moi, ce n’était pas le cas. Pourtant, nous pensions pareil : nous avons une mère qui n’a rien à voir avec une mère ! Nous tentions toujours de trouver cette mère idéale que nous voulions.

 

Sincèrement, j’ignore ce qui est venu en premier, la compréhension mentale ou la libération émotionnelle. Les choses étaient imbriquées. Je me réveillais souvent en pleine nuit habitée par la colère. Une colère que je pleurais. Nuit après nuit, cela se répétait. Si parfois les rêves s’inspiraient de mon histoire, d’autres fois, c’était une complète fabrication qui avait pour seul objectif de m’amener à exprimer ce que j’avais toujours ravalé.

Cela ne m’a pas seulement permis de libérer la colère refoulée, mais également d’avoir une vision plus claire des éventements. J’en voulais à ma mère à cause de certains choix que j’avais faits. Avec le recul, j’ai pris conscience que c’était moi qui refusais de m’exposer aux critiques, aux jugements et donc, je faisais des choix en fonction de mes peurs, en me disant que si j’avais une autre mère, j’aurais été plus libre.

 

Puis, un soir dans un rêve comme les précédents, je commençais à crier sur ma mère, quand je me suis rendu compte qu’aucune colère ne m’habitait. Il n’y avait rien. J’étais bien dans ma peau. J’ai su alors que j’avais vidé toute la charge émotionnelle longtemps emprisonnée.

 

Quand ma vision s’est éclaircie du voile de la colère, et comme les choses viennent à point nommé, ma sœur a retrouvé une vidéo de notre enfance que j’ai visionnée. Je nous voyais, les 5 enfants, faire un boucan pas possible dans une maison minuscule, sauter partout, danser, chanter, et ma mère assise à siroter son café sans nous hurler dessus ou nous interdire de jouer. Elle nous a brossé les cheveux et a pris ma sœur dans ses bras.

Le choc a été de taille. À cause de ma colère, je ne gardais en mémoire que les mauvais souvenirs, et tronquais l’image de cette mère. D’autres souvenirs remontèrent et je pleurais. Cette femme a fait de son mieux vu ses connaissances. Elle ne nous a jamais abandonnés ; elle a passé ses soirées à nous faire réviser ; elle a passé ses nuits à nos chevets dès qu’on était malades ; elle se précipitait à chaque fois qu’on avait besoin d’elle ; et même si elle était déçue par nos échecs, après, elle nous soutenait. Ce n’était pas la maman douce et mielleuse que je voulais, mais elle était là.

Certes, elle avait des crises émotionnelles qui nous faisaient la détester. Un plein de colère dont elle ne savait que faire et qui généralement finissait par nous tomber dessus. Mais quand je vois ce que je vis au quotidien, ces émotions qui me submergent parfois, je comprends qu’elle traversait la même chose, mais n’avait que les explications fournies par sa tête et les informations limitées dont elle disposait. Elle n’avait pas les retours d’expériences du réseau Léo pour porter un nouveau regard sur ses émotions. Je me dis qu’elle n’avait pas non plus le besoin viscéral de comprendre et de se libérer, car aujourd’hui, ces informations sont disponibles, mais ne semblent pas la concerner.

 

C’est alors que j’ai fait le rêve suivant :

 

« Je suis avec ma famille quand je remarque une présence subtile qui flotte au-dessus de nous. Elle semble à la poursuite de ma mère.

Je vois que c’est le spectre de ma grand-mère qui poursuit sa descendance et se nourrit sur elle. Je l’attrape et le tire au sol pour comprendre ce que je perçois. Je remarque un genre de cordon ombilical qui part de son estomac et flotte au-dessus de sa lignée. Je ressens que le cordon est un canal qui mène vers une entité qui se nourrit ainsi, à travers ma grand-mère.

Et la chose la plus importante : le spectre ne me poursuit plus. Je me suis libérée de son emprise. »

 

Alors que je saisissais à la fois mentalement et émotionnellement ce qui c’était joué, je me demandais pourquoi la fractale d’âme s’est dit que s’incarner dans cette famille était judicieux ? Il semblerait que l’âme porte la programmation du féminin absent : je ne peux pas prendre appui sur le féminin pour avancer.

 

Ceci m’a rappelé un ancien rêve :

 

« Nous sommes dans une école quand nous apprenons que des aliens ont envahi la planète. Ils pénètrent les lieux et commencent à massacrer tout le monde. Je suis terrifiée, mais ma peur est vite remplacée par une profonde confiance, par la foi. Je sors de ma cachette et ces êtres ne me tuent pas. Dehors, l’un d’eux court vers moi. Je me retourne et je vois qu’on avait creusé une tombe. J’ai à nouveau peur, mais la foi revient instantanément et je me détends. Au lieu de me pousser, l’être me traverse et extrait de moi une femme qu’il enterre vivante sous mes yeux.

Ces êtres ressemblent aux hommes excepté qu’ils sont très grands. Leur chef qui a la même taille qu’un humain normal, leur indique que je suis l’une des leurs. Il me montre les photos de plusieurs femmes et me demande de quelle lignée je descends. Quand je réponds, il semble satisfait et m’emmène avec lui. »

 

Je crois que ce rêve me parle des temps anciens, où la Terre était une école pour des êtres qui avaient la foi. Cette foi était liée au Soi, en qui j’avais une confiance sans failles. Puis, il y a eu l’invasion et j’ai été dissociée. Le féminin a été enterré profondément, au point que j’ai cru qu’il n’existait plus, que je ne pouvais pas prendre appui sur cette part de mon être.

Le chef de ces êtres dégageait une signature que j’ai reconnue. C’était celle du cheikh soufi. Comme si ce dernier était à l’intérieur de lui. Je comprends maintenant cette perception. Mounaim était une projection de cet être dans cette réalité 3D.

Dernièrement, j’ai appris le décès de cette personne. Quelques jours après, j’ai fait ce rêve :

 

« Quelqu’un toque à la porte. Je l’ouvre et je trouve cet homme. Il vient demander pardon. Mes parents l’interceptent pour le mettre dehors. Je les arrête. Il s’approche de moi en traînant la partie inférieure de son corps comme un reptile. Je prends son visage entre mes mains et je lui fais une bise sur le front. Il n’y a rien à pardonner, car je suis déjà libre. Libre de tout attachement, qu’il soit affectueux ou entretenu par la culpabilité, la colère ou la rancune. Je suis riche de cette expérience et libre d’aller de l’avant. »

 

Revenons à la douleur à la jambe gauche. Après ces compréhensions, à chaque fois qu’elle se déclenchait, je m’appuyais dessus en affirmant que j’ai une mère, que le féminin est en moi. La douleur disparaissait instantanément. L’intégration de cette information au plus profond de moi, dans mes cellules, m’a enfin permis de reconnaître la part face à laquelle je résistais.

Au cours de cette expérience, l’Amasutum s’est présentée à deux reprises. La première dans le rêve ci-dessous :

 

« Je suis avec Anas, face à nous se présente l’Amasutum que je ne perçois pas comme une reptilienne, mais comme un feu alchimique. Je lui tends la main et l’invite à passer à travers moi. Elle refuse et veut passer par Anas. J’ai beau insister, elle glisse vers le bras d’Anas. »

 

J’avoue que pour moi la signification de ce rêve reste assez confuse. Est-ce que l’Amasutum m’indique qu’elle est là pour faire plier notre côté masculin, logique, cartésien ? Ou va-t-elle utiliser Anas, pour me faire voir mes résistances ? Ou encore, est-ce à Anas de faire le travail nécessaire pour accepter les expériences que son passage générera, et intégrer les prises de conscience ? Ou me montrait-elle que ma résistance face au féminin, due à la croyance ancrée, l’empêchait de passer à travers moi ?

En tout cas, l’Amasutum, en tant que feu alchimique, est là pour faire fondre nos résistances et nous permettre de changer, d’évoluer.

Je l’ai revue dans un second rêve :

 

« Je suis avec Anas et Lylia dans une salle d’attente pour récupérer ma carte d’identité. Lorsque mon tour arrive, je rencontre une femme policière. Elle écrit le chiffre 1 sur une colonne à côté de mon prénom, alors que les cases de ceux qui m’ont précédé sont vides. Elle me dit que je suis la première (ce matin) à présenter des « éthiques ».

Au moment de me donner ma carte, elle est surprise de constater que mon prénom est mal écrit. Je lui explique que cette erreur s’est faite à ma naissance. Elle corrige mon prénom en y ajoutant d’autres lettres et m’indique que je dois témoigner de cette rencontre.

Le rêve change et je vois cette femme faire la promotion de deux voitures différentes auprès de passants. Je me retrouve à sa place, à faire la même chose.

Le rêve change de nouveau. Je vois cette femme prendre son heure de pause. Les autres policiers lui disent de retourner travailler, mais elle ne les écoute pas. Elle insiste que c’est son heure et qu’elle compte bien l’utiliser pour vendre les produits de sa mère. Elle pousse une table sur laquelle elle présente lesdits produits : des herbes et plein d’œufs. Je m’approche et commence à choisir des œufs quand la mère apparaît tout sourire. Elle remplit mon sac d’œufs, et en remplace quelques-uns. »

 

J’ai alors compris que c’était la gardienne amie que je rencontrais enfin ! Celle qui travaille avec les gardiens de la matrice, mais qui m’indique le chemin vers la sortie.

Mon prénom est mal écrit en arabe et en français depuis ma naissance. Il devrait être écrit Orsoula, mais l’Amasutum l’a écrit avec plusieurs courbes au point que je ne sais pas comment le lire.

Dans le rêve, les voitures représentaient les deux chemins SDS et SDA, et au moment où je me suis retrouvée à la place de la gardienne, j’ai compris qu’il n’y avait pas vraiment de mauvais choix, juste un choix à faire.

À mon réveil, j’avais profondément conscience que les œufs représentaient du matériel génétique, que la mère de l’Amasutum choisit pour moi. Est-ce que ce sont ces séquences génétiques que nous retrouvons à la fin du cycle ? Probablement. En tout cas, l’expérience continue.

 

Orsula (Maroc)

 

 

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