19. Famille d’âmes - par Orsula

 

La Persona, mot latin qui désignait le masque que portaient les acteurs de théâtre pour leur donner l’apparence du personnage qu’ils interprétaient, a été pendant des années mon identité. Ainsi, j’étais quelqu’un de solitaire qui n’avait nul besoin d’autrui et se complaisait dans sa solitude, pour qui les liens familiaux et amicaux étaient des entraves à son prétendu bonheur.

 

Au cours des dernières années, j’ai été amenée à sortir du déni, à ressentir, à toucher mes blessures, et à les guérir. Ainsi, j’ai découvert que tant de fierté et de mensonge cachait en fait un caractère fragile, hésitant et peureux. Et étrangement, exposer ce que la persona camoufle, c’est s’offrir l’opportunité de le transcender.

 

Peu à peu, un besoin nouveau s’est fait sentir, le besoin de rencontrer des individus qui se questionnent et cherchent des réponses, des personnes qui ressentent l’appel de ce chemin, des gens prêts à exposer leurs blessures, leurs faiblesses, pour guérir et grandir. À l’exemple de la tribu d’Albière, je voulais également participer à quelque chose de plus grand, à bâtir du nouveau, à redécouvrir ce qu’est la vie en communauté où la sincérité prime et dont l’objectif est le service d’autrui.

 

Alors, à plusieurs reprises, nous avons abordé ce sujet avec notre entourage, avec des personnes chez qui nous avons ressenti une certaine ouverture. Mais alors qu’ils montraient de l’enthousiasme à cette idée, dès que la vie quotidienne les rattrapait, ils oubliaient. Je me suis alors demandée si nous ne faisions pas de l’ingérence. Après tout, ma part SDS, qui prend ses désirs pour la réalité, peu bien voir des ouvertures là où il n’y en a pas.

 

Je décidais donc de ne pas précipiter les choses. Ainsi, quand des personnes qui se questionnent sur l’origine de leur souffrance m’en parlent, je leur transmets simplement le lien du réseau Léo, pour qu’ils découvrent, par eux-mêmes, ce chemin. À ce jour, aucune d’elles ne s’est manifestée sur le réseau.

 

Plus le temps passe, plus je me rends compte qu’oser remettre les choses en question, décider de changer, est difficile. Il semblerait que l’humain se soit tellement acclimaté à sa souffrance qu’il ne s’imagine même plus vivre sans. Et quand cela devient insupportable, et qu’il a les moyens, il veut une solution rapide, voire immédiate, qui ne fait que l’insensibiliser momentanément.

 

Voir ces personnes autour de moi, avec tant de souffrance intérieure et tant de résistances, lutter pour mener une vie conforme, bien dans les normes, m’a fait prendre conscience que j’étais tellement reconnaissante envers Orsula d’il y a quelques années, celle qui s’est lancée dans l’aventure sans savoir ce qu’elle faisait ni où elle allait.

 

Alors pour continuer sur ce chemin, je veux exposer une énième faille : la solitude. Car dernièrement, nous avons été sujettes, Lylia et moi, à une attaque à répétition.

 

Cela commence par le rappel constant de l’absence de gens avec lesquels nous pourrions apprendre ce qu’est le travail en groupe. Et à force de nourrir ces pensées, une simple constatation s’enlise rapidement dans de lourdes émotions, des reproches et de la culpabilité.

 

Prenant conscience du manège qui se déroulait, je décidais de couper court dès que je détectais les premières pensées. Mais à ces moments, Lylia venait me voir en colère, car elle n’avait personne avec qui jouer. Quand je lui proposais de jouer avec elle, elle refusait, car elle voulait une enfant.

 

Ainsi, j’ai fini par comprendre qu’un planeur était à l’œuvre. Il jetait son hameçon, et si je ne mordais pas, il s’attaquait à Lylia.

 

Je continuais donc de couper à chaque fois. Quant à Lylia, elle venait vers moi avec cette phrase : je ne me sens pas moi-même, et ainsi, on s’assurait d’empêcher le monstre de la tristesse ou celui de la colère de nous manger, en faisant ce que nous aimons : danser, dessiner, sortir jouer...

 

Cependant, quelques jours plus tard, de nouveau rattrapée par la colère, j’avouais à Anas ce que nous traversions. J’avais l’impression de ramer contre le courant. Mes efforts pour ne pas sombrer et pour maintenir Lylia à flot, me vidaient. Ce soir-là, je m’étais endormie en larmes, je voulais tellement une famille, une vraie famille d’âmes, avec laquelle échanger, pour laquelle je serais présente, des personnes avec qui je pourrais parler et enfin sortir de cette chambre d’écho dans laquelle je me sentais enfermée.

 

Quelques jours au paravent, j’avais rêvé que j’étais avec la tribu d’Albière, je parlais avec Yakout et nous riions de nos découvertes concernant nos programmes, j’échangeais avec Hélène et Sand exposait ce que je pensais avant même que je ne le dise... Ce rêve, qui m’avait apporté tant de joie, a revêtu soudainement tant d’amertume. J’avais goûté à ce que cela pourrait être que d’échanger librement et surtout de voir la compréhension chez l’autre. J’avais touché ce que je n’avais pas.

 

 

En parallèle, nous étions en plein déménagement. Après la dernière expérience partagée, une nouvelle opportunité s’est présentée à nous. Nous avons trouvé une maison à louer. Pourtant, cela faisait plus d’un an que nous cherchions, et nous avions fini par comprendre que la porte devait d’abord s’ouvrir en nous, avant que l’extérieur ne nous propose un nouveau lieu de vie.

 

La nouvelle habitation se situe au quartier Ennahda, dont la traduction donne renaissance, renouveau ou encore soulèvement. De plus, quand le propriétaire nous a remis les clés, il nous avait aussi remis un second indice. Ci-dessous une photo de la serrure de la première porte de la maison :

 

 

Ainsi, étions-nous de retour à Orion ?

 

Le jour du déménagement a été également le jour de la publication de la chronique 19. Ce soir-là, en nous reposant enfin, nous avons lancé l’enregistrement audio et avons ainsi découvert l’expérience de Sand. Cependant, même après des lectures, nous ne parvenions pas à comprendre le phénomène de croisement de mondes.

 

Ainsi, je commençais la traduction avec beaucoup de résistances qui se reflétaient dans les phrases décousues du récit en arabe. Mais comme d’habitude, je savais qu’il me fallait juste continuer, et que l’information allait me restructurer et me permettre, lors de la seconde partie du travail, de corriger ce qui ne va pas.

 

C’est alors que Lylia a manifesté une demande des plus inhabituelles pour nous. Elle a commencé à réclamer que je mette au monde quelqu’un. Pris au jeu, nous lui avons demandé le prénom qu’elle comptait lui donner, sa réponse nous avait déconcertés : Zineb, autrement dit, ma mère !

 

Je ne comprenais pas, mais j’étais là si une mémoire avait besoin d’être libérée, après tout, j’apprenais ce qu’est le service d’autrui. Cependant, la guidance m’a apporté une nouvelle information à travers le rêve suivant :

 

« Je suis dans une bâtisse avec des humains, quand je détecte des présences prédatrices en approche. Je me précipite pour fermer la porte et les empêcher d’entrer, mais au dernier instant, je remarque que je n’avais pas tourné la poignée. Résultat, je sais que je ne pourrai pas les repousser.

 

C’est alors qu’une énergie m’investit, une énergie que je qualifie de droite. Je la reconnais. Je/Elle se tient dans l’entrée et les regarde. Elle les reconnaît comme sa progéniture, mais également comme des vampires-zombifiés. Vampires, car ils volent l’énergie vitale des autres, zombifiés, parce que leur besoin les aveugle complètement.

 

Ils ne la reconnaissent pas en retour et veulent juste passer, obnubilés par l’énergie des humains. Cependant, sa simple présence les en empêche.

 

Elle se présente : je suis La mère.

 

Ils la regardent sceptiques, toujours soumis à leur besoin. Elle leur dévoile sa mâchoire supérieure et leur montre qu’elle aussi a des canines comme eux. La différence réside dans le fait qu’elle n’a plus aucun besoin de les utiliser. Elle leur donne également une riquiqui goutte de sang pour qu’ils puissent confirmer ses dires.

 

Chose faite, ils la reconnaissent enfin et constatent que son énergie est bien plus vivifiante que celle des hommes. Ainsi, ils s’agglutinent autour d’elle. Cependant, je sais qu’elle ne compte pas leur donner une seule goutte de son sang, son énergie lui est très précieuse. Ce qu’elle compte faire, c’est leur apprendre à se connecter à la part d’elle présente en chacun d’eux, et se nourrir à travers cette source. »

 

Même après ce rêve, je n’avais pas encore saisi les indices qu’on me fournissait. Et c’est en travaillant sans relâche sur l’expérience vécue par Sand, sur les explications apportées, que j’ai pris conscience que nous n’étions pas de retour à Orion, mais que les habitantes de D’Ankhiar étaient désormais ici. J’ai enfin compris qui je devais mettre au monde. L’âme de l’Amasutum, la mère, intégrait mon être.

 

Ainsi, je me rappelais un autre rêve, plus ancien, mais qui était resté dans un coin de ma mémoire en attente de sens :

 

« Ma conscience flotte et je vois une multitude de matrices de clonage. Dedans, il y a des femmes, chacune avec une génétique particulière en plus de la sienne. Je suis l’une d’elles, ma particularité : je porte une génétique Léonine.

Nous sommes par la suite déployées ici. Nous sommes des guerrières féroces qui œuvrent dans ce monde, et qui, au besoin, peuvent faire face aux forces prédatrices qui y sévissent.

Je constate alors que si j’ai été assemblée, Lylia par contre est une Léo née. »

 

On m’avait ainsi montré ce que ces Amasutum, conscientes de la fin du cycle sur leur planète, avaient fait pour pouvoir s’incarner dans des enveloppes humaines et contrebalancer les forces SDS.

 

« La planète D'Ankhiar, sur laquelle étaient également assemblés les véhicules physiques des humains du “futur devenu actuel” dotés de leurs nouveaux potentiels génétiques, avait déjà été évacuée lors du passage de l’Onde. Certains de ces corps sont donc les vôtres aujourd’hui ! »

Extrait de la Chronique 19.

 

Tout à coup, la photo ci-dessous m’est apparue sous un nouveau jour. Ce n’était pas simplement la tribu d’Albières, ces âmes étaient ma famille. Des larmes d’immense joie me submergèrent alors que je les reconnaissais et que j’avais l’impression que chacun d’eux me reconnaissait et me saluait en retour. Les seuls mots qui se répétaient en moi étaient : ma famille, ma famille !

 

 

À cet instant précis, j’ai reçu un mail, une manifestation d’un message plus subtil, que je captais comme émis du centre de conscience Léo :

 

« Salut Orsula,

Comme tu le sais, nous cherchons à aider un maximum de bricoleurs(ses) dans leurs projets. Aussi, nous aimerions un peu d’aide de ta part pour répondre au mieux à tes besoins.

Pourrais-tu répondre à ce mail s’il te plaît en m’envoyant une ou plusieurs difficultés que tu rencontres dans le bricolage actuellement.

Cela me permettrait de mieux t’aider et donc de mieux accompagner la communauté. »

 

Comprenant l’opportunité qui s’offrait à moi, j’ai émis intérieurement ma demande, la seule qui vibrait dans tout mon être, celle d’avoir un lien plus solide avec les Léo, avec ma famille.

 

Je finalisais donc la traduction et l’envoyais. Et cette fois-ci, j’ai mis une muselière à mon ego peureux qui craint de se faire rejeter et me limite dans mon expression, et j’ai exprimé du mieux que j’ai pu, ce que je ressentais.

 

Et comme pour m’ouvrir les yeux, les Léo mus par leur intuition, ont répondu à mon appel intérieur, et m’ont fait saisir que le lien que je demandais était déjà bien établi. Un lien qui dépassait le plan physique, qui nous reliait au-delà du visible et du temps, une famille d’âmes connectées par et au même centre de conscience.

 

Je conscientisais également que je me devais d’être plus vigilante et ne pas laisser cette voix qui susurre dans ma tête m’illusionner de ses pensées séparatives. Je ne suis pas seule, nous ne sommes pas seuls. Même si nous foulons des parcelles de terre différentes, notre chemin est le même.

 

Orsula (Maroc)

 

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