8. Me réconcilier et retrouver la gnaque - par Christelle M

 

Arrivée au sein de la tribu LEO, des blessures et des programmes inconscients issus de mon passé, refirent surface pour que je m’en libère. La relation souvent houleuse avec Yohan, mon ex-compagnon, ainsi que des problèmes dentaires allaient m’en apprendre davantage sur moi-même.

 

 

La rancœur

 

Je fis un rêve interpellant : depuis quelques jours, je vis chez Yohan (où nous vécûmes ensemble), nous sommes séparés, nos enfants sont aussi présents. Prenant ses mains dans les miennes, il me dit de m’arrêter, me signifiant par là que mon geste n’est pas approprié. Puis, je comprends que je squatte chez lui et que ce n’est pas ma place d’être là, puisque nous avons rompu. Alors, ma décision est de partir en récupérant quelques affaires.

Puis, je croise Damien qui me demande si je suis allée dans la chambre du fond, celle qui est fermée et où c’est "vraiment bizarre". Il m’explique l’étrangeté de cette pièce, mais je ne comprends pas. Il me dit qu’il faut que j’aille voir ! Je lui réponds qu’en effet, cela fait longtemps que je ne m'y suis pas rendue.

 

Au réveil, en décryptant la symbolique du rêve, j’acceptais d’aller ouvrir cette chambre. Je demandais alors des indices à mon Soi, pour découvrir ce qui se cachait derrière la porte et qui, symboliquement, était occulté en moi.

 

Le lendemain (samedi 6 mars), mon colocataire Gérard se souvint du jour de son premier mariage qui eut lieu à cette date. Je m’interrogeai sur le sujet pour chercher un lien avec mon vécu.

En effet, après la naissance de notre premier enfant, je voulais que Yohan et moi nous marions. Il ne souhaitait pas m’épouser et cela avait, une ou deux fois, généré une crise de larmes. En y repensant, j’ai ressenti que je lui en voulais encore pour son refus.

 

Je pris conscience de toute la possessivité qui m’habitait et qui me poussait à vouloir cette union pour posséder l’autre, s’approprier "sa" chose. Toute la rancœur liée à son refus de se soumettre à la volonté de ma facette contrôlante et à sa préférence à rester « libre », avait jusqu'ici été mise sous le tapis.

Ma possessivité se retrouvait aussi dans la jalousie que j’éprouvais envers les personnes proches de lui, sa famille et en particulier les femmes. Une partie de moi blessée ne supportait pas que son attention se tourne vers d’autres personnes, car dans ces moments-là, je me sentais invisible, comme faisant partie du décor. Portant la blessure de ne pas être aimée ou pas suffisamment, j’attendais toujours son attention et sa reconnaissance.

 

N’exprimant pas toutes ces émotions à mon compagnon, par honte et surtout par orgueil, j’ai nourri assidûment la rancœur liée à ma blessure de rejet. Intérieurement, par le « je rends cœur », s’opéra une fermeture envers Yohan ; pour ne pas avoir besoin de lui, lui en voulant de toujours me reléguer au second plan.

Ceci était la vision subjective et la croyance de mon ego, infiltré par cet alter-entité égocentrique qui, au final, ne voyait pas son égoïsme, sa victimisation et sa malhonnêteté. Ces dernières se manifestaient, par exemple, par mes non-dits, en décidant seule de concevoir notre deuxième enfant, et plus tard, en dénigrant Yohan dans mes écrits.

 

Cette rancœur inconsciente qui persista même après la séparation, transparaissait par l’intermédiaire-prétexte de nos fils. La partie de moi blessée cherchait à se venger, à entourlouper Yohan qui a la garde des enfants depuis mon arrivée dans l’Aude. Par cet alter possessif et rancunier non conscientisé, émanait de moi l’intention de me les accaparer, de les enlever, sous prétexte d’assumer mon rôle de mère.

Je ne voyais rien jusqu’au jour où l’exaspération de mon ex et de quelques personnes du groupe face à mon entité, fut à son comble. Les secouages énergétiques qui suivirent me permirent de voir cette entité et, peu à peu, de sortir de son emprise psychique.

Aussi, j’ai compris pourquoi j’avais peur d’interagir avec Yohan, de son côté direct et tranchant : ma partie sournoise redoutait son honnêteté, sa droiture et d’entendre ses quatre vérités.

 

J’ai donc décidé d’ouvrir la porte de cette chambre pour voir et pour me libérer de ces ombres qui me pesaient et qui du coup, altéraient mes relations avec mon ex et nos enfants. Ces ombres me renvoyaient à mon couple du passé. Ainsi, même séparée de Yohan, il me fallait aller revoir notre relation pour pouvoir conscientiser l’alter que je portais.

 

Reconnaître cette part de moi malhonnête, rancunière et égoïste ne fut pas agréable, cependant c'est ce qui me permit de lâcher les ressentiments pour aborder notre relation de parents avec coopération et objectivité. Le choix de me « réconcilier » avec Yohan et de décoder les jeux que nous jouions, m’amènent à progresser dans mon travail intérieur. Il s’agit d’accepter mes alter et de dialoguer avec eux afin de leur donner l’information dont ils ont besoin pour « grandir », ce qui permet de neutraliser peu à peu leur émotionnel.

 

Le fait d'avoir eu « une dent contre lui » m’amène, à présent, à évoquer les problématiques relatives à mes dents.

 

 

La dentophobie et les problèmes dentaires

 

Je souffrais de dentophobie (peur du dentiste) et, en parallèle, mes dents se détérioraient régulièrement par caries et ce, malgré l’hygiène.

C'était un cercle vicieux où la peur engendrait le non soin, qui engendrait la honte-culpabilité, et tout cela allait de pire en pire. Durant des années, je vivais un vrai cauchemar dans lequel je tournais en rond et duquel je n’arrivais pas à sortir.

 

https://dentophobie.ch/fr/apercu-du-chapitre-dentophobie/

 

Cette terreur du dentiste me semblait irrationnelle, elle venait de je ne sais où et ne concernait pas spécialement la peur de la douleur, car je pouvais la supporter physiquement.

En réalité, j’avais très peur que le dentiste me juge et me rabaisse en voyant l’état de ma dentition. Entendre ou voir les mots « dentiste » et « dent » me causait aussitôt des bouffées de chaleur et une forte réaction de fuite, si bien que je ne voulais pas en parler, même pas à mes proches. Je préférais avoir mal aux dents et attendre que dégonflent les abcès récurrents que je tentais de cacher, en particulier à mon ex qui m’aurait poussé à consulter.

 

Au fil du temps, mon expression (parole, sourire, rire) bridée par le fait de dissimuler l’intérieur de ma bouche et de contrôler l’expression naturelle du visage, s'est peu à peu éteinte. Par ailleurs, ce bridage renforçait mon programme « se taire et se cacher », ce dont je souffrais beaucoup.

Je compris qu’une lutte en moi persistait : celle entre mon besoin de me réparer et les programmes costauds de honte-culpabilité-jugement qui faisaient que je ne pouvais exprimer mon mal-être et me faire soigner.

 

« Q : (L) [...]OK, le prochain point sur ma liste est : partager des impressions et des problèmes.

R : Un grand point ! Tant de gens sont réticents à partager leurs pensées, leurs impressions, leurs inquiétudes, leurs peurs, etc. Cela change radicalement le paysage intérieur et peut même arrêter les récepteurs de sorte que vous n’êtes plus sujet à la manipulation SDS des pensées et des sentiments par des moyens mécaniques !

Q : (Artémis) Le partage est TRÈS important.

(Joe) Par des moyens mécaniques ?

(L) Mécanique serait des produits chimiques, rayonnement d'ondes, etc...Donc, vous êtes en train de dire que le fait de communiquer ou de communier avec les autres ou de partager peut réellement aider à surmonter certains de ces moyens mécaniques d'ingérence ?

R : oui

Q : (Artémis) Si vous ne partagez pas, vous avez essentiellement un dialogue intérieur avec une chambre d'écho. Vous n'obtenez pas vraiment de rétroaction, d'information ou de perspectives. Et puis, il est facile de sombrer dans de fausses pensées.

(L) Ouais, c'est un bon point : si vous ne partagez pas, vous êtes juste dans une chambre d'écho ! Si tu gardes pour toi et que tu te refermes, tu es dans une chambre d'écho. Tu es alors plus sujet aux manipulations et manœuvres SDS. »

Transcription Cassiopéenne du 18 mai 2019

 

« chambre d'écho » :

Dans les médias de la communication, une chambre d'écho est une description métaphorique d'une situation dans laquelle l'information, les idées ou les croyances, sont amplifiées ou renforcées par la communication et la répétition dans un système défini. Il s'agit d'une analogie avec la chambre d'écho acoustique, ou chambre réverbérante, dans laquelle les sons sont réverbérés par les murs.

 

Mes émotions négatives et mes croyances limitantes rebondissaient sans cesse contre les murs de ma chambre d’écho intérieure, tout en s'amplifiant, car le fait de garder pour moi ma problématique, la renforçait. Ainsi, pour sortir de ma souffrance et de cet enfermement, il me fallait de l’aide.

 

Arrivée au sein de l’équipe LEO, de multiples peurs rendaient difficile le fait de m’exprimer et d’autant plus, sur le sujet honteux de mes dents. Et puisque « plus nous cachons quelque chose, plus cela se voit », un jour, la problématique de mes dents fut mise sur la table. Ce fut rude pour ma part en résistance, pourtant cela amorça le processus de réparation physique tant attendue.

 

Le tabou étant levé, il me fallait acter pour prendre enfin soin de moi, je pris donc rendez-vous avec le dentiste. Le soutien des personnes du groupe m’aida à dépasser mes peurs : lors du premier rendez-vous, j’évoquais alors au praticien ma dentophobie et le mauvais état de ma dentition puis, une fois allongée sur le fauteuil, je parvins à exécuter son injonction « Ouvrez grand ! ».

Finalement, le dentiste me répliqua « Il y a du boulot mais je peux le faire ! », et c’était parti pour cinq mois de soins dentaires.

 

J'ai longtemps cherché à comprendre le fond du problème pour en sortir : mémoires ? alter ? traumas dans l'enfance ? Comment décoder ? Je ne comprenais pas pourquoi autant de résistances persistaient.

 

Et puis, en échangeant avec les autres, il y avait bien un évènement lié au dentiste qui m’avait marquée, voire traumatisée dans l’enfance : vers 8-9 ans ma mère m'amena chez le dentiste. Nous patientions dans la salle d’attente et arriva mon ancienne institutrice de maternelle Mme Duchemin. Elle s’installa sans me saluer ni me regarder. Je sentis un mal-être en moi par le comportement de cette « autorité » qui ignorait ma présence.

Puis, assise sur le fauteuil du dentiste, j'eus besoin que ma mère me tienne la main pour me rassurer, mais elle ne le fit pas, elle resta debout en face de moi. À ce tableau, je ressentis de la colère et de la peine qu’elle ne m’ait pas aidé à soulager mon malaise.

 

Ainsi, j’en déduis que ce rendez-vous chez le dentiste a été associé au fait d’être rejetée et de ne pas être soutenue par la mère – l’autorité féminine. Probablement que suite à cet évènement insécurisant pour l’enfant que j’étais, je me suis dit "je n’irai plus chez le dentiste ! " .

 

Pour aller plus loin dans mes compréhensions, "le dictionnaire du langage de vos dents" d’Estelle Vereeck a été important et riche d’informations sur mes problématiques :

 

« Phobie du dentiste :

La personne phobique de la roulette et du dentiste ne supporte pas l’idée que l’on intervienne dans sa bouche. Elle laisse ses dents s’abîmer jusqu’au délabrement ou à la souffrance extrême. Elle ne veut pas voir qu’elle s’inflige une mutilation équivalente ou pire à celle d’une opération. Elle est en quelque sorte dans le déni passif de sa propre destruction. Son attitude est une fuite, le moyen d’éviter de voir les enjeux psychiques de l’intervention. »

 

Effectivement, il était impossible que quiconque voit ma dentition détériorée, même moi, je ne pouvais la regarder tant je ressentais de la honte. La bouche étant pour moi une partie intime du corps, ouvrir la bouche à quelqu’un signifiait montrer mon intérieur.

J’avais peur que le dentiste me juge, mais en fait, c’était moi qui me jugeais inconsciemment de mon autodestruction. Je fuyais les prises de conscience à propos de mes douleurs intérieures.

 

Pourquoi et qu’est-ce que je refusais de voir en moi ?

 

« Carie comme principal problème dentaire :

La personne préfère se ronger intérieurement plutôt que d’exprimer son malaise à voix haute, se détruire plutôt que de remettre en cause son environnement : famille, proches, etc. (…) Elle est son propre bourreau. Enfant, la personne n’a pas reçu la nourriture affective (douceur, soutien, etc.) dont elle avait besoin. En réaction, elle a développé le sentiment que l’amour est destructeur et fait souffrir. Elle croit que l’amour est dévié et vicié. Elle n’accepte pas de s’en nourrir ».

 

« Caries multiples :

La personne renonce à exister, à se battre, à mordre dans la vie. Le processus carieux est un processus de mort, de dissolution de la personnalité pour retourner au néant. »

 

« Tendance aux abcès :

Habitude de refouler ses émotions. La personne enterre les problèmes le plus profondément possible en espérant qu’ils passeront d’eux-mêmes. »

 

Je ne voulais pas voir et surtout exprimer les émotions contenues depuis l’enfance. Me jugeant de ressentir de la peine et de la colère comme si cela était mal, j’avais peur de contacter ces blessures.

 

La petite fille que j’étais a souffert de ne pas recevoir assez d’affection, d’attention et d’encouragement de la part de ses parents. Plus tard, j’étais blessée à chaque fois que ma mère refusait de me soutenir dans les moments où, apeurée, j’avais pourtant besoin d’elle.

Par ailleurs, le trauma d’être née prématurée (40 jours avant le terme) et d’avoir été placée trois semaines en couveuse, avait probablement déjà imprimé en moi la blessure du rejet de ma mère.

 

Donc, au fil de ma vie, s’est consolidée la croyance que je ne pouvais pas compter sur son aide, qu’elle ne m’aimait pas et que je ne pouvais pas avoir confiance en elle. Et cette absence maternelle, je l’ai inconsciemment reproduite envers mes enfants.

 

Je pris également conscience d’une autre croyance concernant « l’amour ». Rien que d’entendre ce mot, je ressentais de l’aversion. Selon mon ancienne vision, l’amour (dans le sens d’attention, de soutien à l’autre, d’affection) était mauvais et faux, il était source de souffrance puisque j’en ressentais le manque. Même lorsque j’en recevais, je n’y croyais pas ou le minimisais. Le paradoxe en moi était de rejeter « l’amour », tout en l’attendant des autres.

 

Toute ma vie, j’ai donc contrôlé mes liens affectifs par peur de me laisser « déborder » par les sentiments ; je mettais inconsciemment une distance avec les autres pour ne pas m’attacher et être sûre de ne pas souffrir. Finalement, je manquais d’amour et d’estime avant tout envers moi-même.

 

À présent, je suis amenée à changer mon point de vue pour évoluer dans mes relations avec moi-même et avec autrui, et particulièrement avec mes enfants, qui sont mes prolongements et mes « copies ».

 

Ainsi, mes problèmes dentaires m'ont montré à quel point je m’autodétruisais par le fait de refouler mes émotions, de ne pas m’exprimer, de me juger et me rejeter.

 

 

Conclusion

 

Dans ce texte, sont mentionnées deux chambres différentes : la chambre d’écho et celle du fond chez Yohan. Cette dernière est le lieu intime de l’acte sexuel. Récemment, grâce à un échange avec mon ex-compagnon, j’ai réalisé que dans « la chambre du fond » se trouvait aussi ma peur de la sexualité. Je lui partageais que lors de nos ébats sexuels, j’avais peur de m’abandonner totalement, malgré ma confiance en lui et son attitude décomplexée.

Cette peur-résistance inconsciente était celle de m’ouvrir à l’autre, au masculin et, en premier lieu, celle de m’ouvrir à moi-même.

Ainsi que me le demandait le dentiste « ouvrez grand », il me faut apprendre à m’ouvrir grand, c’est-à-dire oser me dévoiler à moi-même et aux autres, pour pouvoir faire le travail pour lequel j’ai rejoint les LEO. M’ouvrir pour me découvrir implique de dépasser la honte et le jugement (qui se manifestaient par mes dents), tout autant envers mes failles qu'envers mes forces, donc envers ce que je suis.

 

Aussi, je n’ai plus peur du dentiste ! Durant plusieurs mois, il œuvra avec soin et efficacité et contribua à guérir mes blessures intérieures. Le jour où il termina son travail, je ressentis une grande joie à pouvoir sourire ; mon visage se transforma, je retrouvais enfin l’expression de ma personnalité.

 

Je suis parvenue à faire confiance au praticien qui représentait une autorité masculine et reflétait le masculin en moi. À présent, mes nouvelles dents me permettent de mordre dans la vie. Et en patois gascon, mordre se dit gnaquer !

 

Les épreuves sur mon chemin me poussent à dépasser mes peurs. C'est en les dépassant que je développe la gnaque (le mordant), ma force innée et l’entrain à avancer vers la voie du Service à autrui, vers le nouveau.

J’apprends à ne pas lutter contre moi-même, à ne plus me juger pour accepter toutes les facettes qui composent mon âme-Soi. J’ai décidé de retrouver l’estime envers moi-même et de me reconnaître enfin ! C'est un processus dans lequel j’avance pas à pas.

 

Par mes expériences, j’apprends à accepter d’aller voir le plomb enfoui en moi. Accepter simplement ce qui est lourd, sombre, caché au fond. Et en allant chercher dans mes profondeurs, j’y découvre aussi mes forces, l’or en moi à révéler.

 

« Il y a au plus profond de votre être une intégrité qu’il n’en tient qu’à vous de découvrir et de mettre en pratique. C’est une intégrité qui honore la Vie et qui, en tout premier lieu, incite au respect envers vous-même car c’est vous qui avez la responsabilité de cette vie. Vous êtes responsables de vous-même et il vous a été donné et accordé d’honorer de votre mieux votre lumière, votre corps et votre expérience. » Les Messagers de l’Aube de Barbara Marciniak.

 

Christelle M

 

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