Décrochage difficile - par Laurent G

Bonjour,

 

Voici (une partie de) mon histoire. J'espère ne pas être trop à côté de la plaque quand au thème général du Réseau Léo. Enfin bref.

 

Partie I - La dégringolade.

 

J'ai rencontré C. il y a 25 ans. Nous avions une relation très sympathique, chacun chez soi. Puis au bout de 7 ans, nous avons emménagé ensemble, dans la Vienne, et là les difficultés ont commencé.

Nous avons un grand écart d'âge, C. est plus âgée, médecin, autonome et forte en caractère. Très libre. A cette époque, j'étais un adolescent attardé, et je l'a suivais toujours passivement. On vivait plutôt bien ensemble, sans trop se prendre la tête sur le quotidien, mais, je faisais beaucoup de concession sur ce qu'elle voulait, et je n'avais en même temps que peu d'exigences.

 

Arrivant chez elle, j'ai commencé à prendre de l'espace (normal), mais ça n'a pas toujours été bien vécu.

Elle a toujours essayé de me faire "évoluer", malgré mes prédispositions naturelles à ne rien changer. Sa manière, agressive en ce qui me concerne, a fini par me mettre à bout, et à force de prendre des coups de pieds dans les tibias, je l'ai mise en garde qu'un jour, si elle continuait, je partirai.

 

10 ans plus tard, la flamme était quelque peu éteinte. C. a eu un accident de voiture. Elle est passée en invalidité. Je rencontre une "love bite", beaucoup plus jeune, et qui ne rencontre que des "vieux" en couple. On décide de ne pas aller plus loin, mais j'annonce à C. que je la quitte (1 an après son accident). Elle le vit mal (normal), mais me demande de rester le temps qu'elle aille mieux. 8 ans plus tard, après une situation naufragesque, nous "consommons" notre séparation. Je la laisse dans un appartement appartenant à sa mère, proche d'elle, et suis moi-même dans un appart à 10 mètres des deux femmes. Décrochage difficile, mais 2016 est un tournant.

 

Nos rapports ont clairement été, alternativement pour l'un et pour l'autre, victime-bourreau-sauveur, mais quelle leçon !

Je l'ai sauvé pendant des années, et combien à mes dépends et aux siens. Plus j'étais là, et plus elle s'enfonçait (ne pas y voir de cause à effet, encore que…).

Auparavant, c'est elle qui me sauvait, mais au point où elle en devenait bourreau. Puis j'en suis venu à montrer les dents, et à endosser le rôle du bourreau par moment.

Bon, en fait, je ne vais pas donner d'exemple, c'est complexe, à la fois à se rappeler, avec le contexte et tout et tout, et à décrire sur papier aussi, sans en faire un roman.

Mais je n'ai pris conscience de ces attitudes que sur la fin de notre relation "sous le même toit" lorsque je commençais à douter qu'au fond je l'aidais vraiment.

 

C'est donc après "notre déménagement" en mai 2016, chacun chez soi à nouveau, que nous avons établi un contrat ferme qui consistait à ce que je reste pour l'accompagner jusqu'à une admission en centre de rééducation.

Cette admission n'a pas pu se faire, et en septembre, elle a entamé un sevrage 'à la dure'. C'était vraiment dur. Pour tous les deux, puisque, bien sûr, je l'ai veillée tout le mois, rapidement en état d'épuisement ayant déjà pris sur moi depuis des années).

 

J'ai fini par l'amener aux urgences, et bien qu'ils n'en donnaient pas cher (quelle putain de claque alors !), elle a récupéré énormément. Ca a été un genre d'électrochoc pour elle, et une partie de ses problèmes d'avant le sevrage a disparue, et d'autres, venus de plus profond sont remontés à la surface.

 

 

Partie 2 - Le phoenix.

 

J'ai mis en place, suite à son hospitalisation et aux pronostics peu encourageants, le nécessaire pour que les pros prennent le relais, médecins et services sociaux divers, retrouvant progressivement mon autonomie et ma liberté, ma vie en somme. 

 

Elle est toujours en proie à ses démons, héritière digne de ses parents, caractère dominant, à faire l'inverse des bons conseils qu'elle reçoit, orgueilleuse, mais surtout, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même. Et pourtant c'est une personne que j'aime, et dont j'ai lâché la main, ne voulant pas couler avec elle. Je lui ai laissé son chemin de vie (que c'est difficile !) et j'ai repris le mien (que c'est puissant !).

 

Elle m'a beaucoup apporté. Avec son homéopathie unicité, elle m'a sauvé la vie, m'a décoincé des processus dans lesquels j'étais. En quelques années (lorsqu'elle a pris le temps de s'occuper de moi, après l'accident) elle m'a finalement transformé, non pas avec le flot de paroles incessant et stérile qu'elle m'a servi auparavant, mais de granules en granules, elle a libéré mon énergie. Puis, avec ce stage commando d'aide à la personne, j'ai été mis face à mes contradictions et forcé de grandir, de mûrir et de me positionner.

 

Mais sa mère est tombée malade en décembre, et c'est moi qui l'ai fait manger tous les midis et les soirs du week-end. Re-belote en somme. Ah non, pas question. J'ai rapidement fait le nécessaire pour qu'enfin en août il y ai les intervenants nécessaires.

Aujourd'hui, et depuis le mois d'août, justement, alors que j'étais dans un appartement où j'ai mon outil de travail (que je relance petit à petit) sans loyer ni charges (quel privilège et quel confort !), j'ai décidé de larguer les amarres.

 

Un ami a évoqué une collaboration éventuelle et ça m'a ouvert la fenêtre en grand, j'ai pris conscience de la nécessité absolue de quitter la région quel qu'en soit le prix. Cette collaboration s'est précisée récemment, et je fais les préparatifs pour prendre le large. Direction Caen (à priori).

Je clos actuellement les dossiers ouverts ses dernières années, finissant des travaux commencés il y a 10 ans, préparant le rachats de mes parts de sic à mon ex, et une donation de la part de sa mère (cette proposition étant passée comme une lettre à la poste). Et surtout il y a la perspective de travailler avec du monde, de belles personnes, dont je me sens proche. 

Quelle aventure !

 

PS : Je vous suis depuis plusieurs années, je connais bien Castaneda (pas personnellement) et je suis un peu tombé dans la marmite, mais tout cela n'a de réelle force qu'acté. Le cosmos complote, je confirme. La théorie s'inscrit toujours dans la pratique qu'on le veuille ou non. C'est une question de survie bien souvent, et la conscience nous suggère toujours un chemin qui nous fera grandir, pour peu qu'on le veuille.

Vous pouvez publier si cela s'avère utile, et je reste à votre disposition si vous avez quelque remarque.

 

Merci pour votre lumière sur nombres de nos sentiers.

Laurent G 

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