En proie à mon potentiel destructeur - par Xavier

 

1 - Les émotions destructrices qui ont déferlées en moi sont les suivantes : la peur, la colère, la frustration. La peur, c'est comme une vieille maîtresse que l'on connaît bien, très vite, dès l'enfance, elle s'est insinuée en moi comme un poison violent. Ces effets sur le corps sont terribles…

 

Pour moi, la peur primaire s'est déclinée en toutes sortes de peurs "spécialisées". Peur des coups, peur de la mort, peur du vide, peur de l'autre, peur de l'échec, etc. selon les situations proposées par la vie… Je suis certain que ces peurs ont entravé mon développement physique et psychique. J'ai subi et subi encore cette émotion qui court-circuite le système hormonal, paralyse le système nerveux et endommage notre cœur… J'ai éprouvé des peurs paroxystiques quand j'étais videur de boîte. L'imminence d'une rixe par exemple me mettait dans un état tel que je devais cogner tout de suite au lieu d'essayer de calmer le jeu. Je pensais alors qu'en mettant ko mon adversaire tout de suite, mon intégrité physique resterait intacte. Tout cela, parce que j'avais peur… Pourquoi ai-je choisi les métiers de la sécurité ; les sports de combat, alors qu'au fond je n'étais pas fait pour ça ?

 

J'ai toujours vécu avec une sensation désagréable ressentie au niveau du plexus solaire. Peut-être est-ce l'angoisse existentielle ? Je suis rarement détendu, relaxe comme on dit, je pense toujours qu'une situation fâcheuse ou un événement désagréable va arriver… Ce n'est pas une vie ! La peur du lendemain me tenaille encore, la peur qu'il arrive quelque chose à un proche – C'est irrationnel. Qui a intérêt à ce que je vive tout cela ?

 

 

2 - La colère

Je suis encore aujourd'hui un bloc de colère, colère contre moi-même. Je m'auto-sanctionne en permanence. À quel abruti ! Quel con ! Je m'insulte souvent ! Je pique des colères dès que l'on est pas d'accord avec moi. J'ai dû mal à rester calme quand quelqu'un me dit que j'ai tord et que je devrais être moins arrogant… Bref, mon ego, c'est du lourd ! Même ma femme en fait les frais car la colère qui est en moi est immense. Colère dirigée contre la société, les politiciens, les patrons etc. etc. C'est à devenir fou.

 

Beaucoup de gens l'ont remarqué et ont pris leurs distances avec moi. Il faut vraiment être solide pour me supporter… J'ai l'impression d'être le lieu de passage d'énergie perverse et je ne peux pour le moment rien y faire… Le conscientiser est le premier pas… Être sincère et honnête envers soi-même, être impitoyable avec soi-même, ne rien laisser passer, sinon on est foutu…

Encore une fois, je dois apprendre à voir et accepter ce qui est, cela personne ne le fera à ma place… À chacun sa merde…

 

 

3 - La frustration, la jalousie et besoin de reconnaissance

J'ai l'habitude d'être envahi par ce genre d'émotions négatives qui me met aussitôt dans un état très désagréable. En effet, ayant voulu pendant des années réussir socialement "gagner du pognon", mais n'y parvenant pas, je me mettais à envier ceux et celles qui étaient plus doués que moi, parvenaient à atteindre le haut du mât de cocagne… Plus je désirais ce qu'ils avaient, plus évidemment, je m'enfonçais dans la précarité et la malchance chronique… Encore un aspect de ma personnalité qui m'a fait bien souffrir ! Je ne comprenais pas que "mes talents" et "mes compétences" ne soient pas reconnus comme cela ! Vous ne voyez pas qui je suis ? Je suis un pro, un professionnel, vous devez me reconnaître comme tel, bande d'abrutis ! Voilà ce que je pensais quand je n'étais pas en "pool position"…

 

La vie, en dernière analyse, n'a jamais cessé de me tester de toutes les manières possibles, mais je ne le vivais pas comme ça. J'avais plutôt tendance à me révolter contre tout est contre rien… Je n'avais pas conscience d'être un pauvre pantin complètement soumis à un ego destructeur et une prédation impitoyable. Hé oui, c'est ça l'ignorance… Aujourd'hui ce besoin de reconnaissance est en train de disparaître, je ne recherche presque plus l'approbation d'autrui, ni l'admiration car j'ai pris conscience du danger qu'il y avait à continuer dans cette voie…

 

 

4 - La vie de famille

Je n'ai jamais trouvé ma place au sein de la famille, peut-être parce que les rôles qui me sont dévolus ne me plaisent pas vraiment… Qui plus est, je me plains tout le temps de mon sort… je ne suis jamais bien là où je me trouve, il me manque toujours quelque chose, c'est fatiguant…

 

Pourquoi diable je n'arrive pas à changer de comportement, malgré l'aide des psys de tout poil ? Qu'est-ce qui se cache derrière tout cela ? Les tensions et conflits sont fréquents entre mes filles et moi. L'énergie peut devenir d'un seul coup très négative, en général il ne suffit pas de grand chose pour que le chaos s'installe… J'ai la sensation d'être parfois littéralement l'homme à abattre, mes filles rejetant mon autorité, soutenue en cela par leur maman. Heureusement, il y a parfois des temps d'harmonie, mais ça ne dure pas. Il m'arrive souvent de partir seul dans la nature pour me vider du stress, du mal-être généré par des situations chaotiques d'autant plus difficiles à vivre qu'elle concerne les membres de la famille… Cela dit, il y a quand même de belles choses vécues au sein de la famille, voir ses enfants évoluer par exemple.

 

Et puis il y a ma compagne qui est handicapée suite à l'injection du vaccin contre l'hépatite B. Reconnue handicapée à plus de 80 %, elle passe le plus clair de son temps sur un lit médicalisé. C'est très dur pour elle de ne plus pouvoir marcher, faire du sport, en clair vivre comme lorsqu'elle était étudiante à Paris. La vie de couple évidemment, n'est plus la même, il a bien fallu s'adapter… Cette vie de famille est un théâtre où chacun joue un rôle inconscient de ce qui se trame en arrière-plan…

 

5 - Aujourd'hui comme hier le 7 juin, j'éprouve de la colère, même du ras-le-bol, je ne supporte pas l'arrivée des touristes à Gruissan, tout un monde SDS à fond. C'est très dur pour moi de m'adapter… Je suis dans le jugement et même parfois la méchanceté dans mes propos (je ne les supporte plus ces gros beaufs !!)

 

Une sorte d'angoisse m'étreint dès le matin malgré des séances intensives de respiration, ça revient à la charge, ça doit être profond… Je m'aperçois que je n'accepte pas la dualité de la vie, d'où cette sensation d'être souvent malheureux. En dernière analyse, je m'oppose au jeu naturel des opposés, C'est insensé ! Je dois accepter à 100 % cette dualité… ne plus fuir la vie avec tout ce qui peut survenir… Bon sang que c'est dur…

Ne suis-je que ce bio-computer corps-mental ?

J'ai besoin d'aller au-delà des apparences… Ne suis-je pas victime d'une hallucination ?

Ce Xavier souffrant et quêtant la vérité. Qui est-ce ?

La nature et ses forces me viennent en aide tous les jours. Tranquillement, je capte le prâna environnant et ça me fait du bien alors, le déconophone est sur pause…

 

 

6 - La vie spirituelle

Tout a commencé en 91-92 après le premier divorce. Le choc émotionnel qui s'en est suivi m'a poussé à l'introspection d'une manière plus ou moins habile. Je ne savais pas trop bien comment m'y prendre… tout y est passé, le yoga ou plutôt les yogas (tibétains, indiens, et tutti quanti), le cosmo-tellurisme, le zen, les retraites spirituelles dans des monastères, chez Arnaud Desjardins, la quête du Soi sous toutes ses formes, en avant guinguand ! Ah j'allais oublier mon passage chez les Sikhs, la voix du verbe (SantMat Rahda Soami) – 3h de méditation quotidienne associées un régime végétarien strict.

Au bout de 10 ans d'efforts, j'ai rompu avec tout ça. J'ai senti le faux, le mensonge aussi bien chez "le maître" que chez les "dévots". Ça ne sentait pas la rose, il fallait se barrer et vite fait. Quand je vois la mine de ceux qui méditent depuis 30 ans, j'ai pas envie de leur ressembler…

 

Puis ce fut l'époque de la DMT avec ce cher Joël Ducatillon que j'apprécie malgré le fait qu'ayant investi pas mal de fric dans cette verroterie, je n'ai pas senti grand-chose en matière de changement de niveau de conscience. C'est tout de même grâce à Joël que j'ai entendu parler d'un couple qui avait l'air de dire des choses sérieuses par rapport à la réalité cachée qu'on nous cache par tous les moyens. Bingo ! En écoutant les premiers dialogues, je fus ébranlé. Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? On ne m'a jamais parlé de la prédation jusqu'à maintenant ! Eh bien là au moins, c'est cash ils tournent pas autour du pot…

 

Après deux ans, je crois, d'écoute assidue des dialogues, je commence à comprendre que l'enjeu est énorme. Il ne s'agit pas de se tromper, ça ne pardonnerait pas… Ce que je souhaite, c'est pouvoir changer l'orientation de mon âme, aller vers le service à autrui, tout simplement…

 

 

7- Les parents

Je suis né à Épinal dans les Vosges. J'ai grandi au sein d'une famille très spéciale si j'ose dire… Entre un père porté sur l'alcool, violent et autoritaire et une mère fataliste plus ou moins soumise a son mari, je n'ai jamais exprimé mes ressentis car je n'avais pas droit à la parole et qui plus est je n'ai jamais été écouté… Ni mon père ni ma mère ne se sont intéressés à ma vie d'enfant puis d'adolescent. Ils en ont fait de même pour mes frères et sœurs. Ma sœur cadette, Catherine, est décédée à l'âge de trois ans. J'avais un an de plus qu'elle et ce fut un terrible drame…

 

Je crois que mon père qui n'aimait que les filles m'en a voulu de survivre à ma sœur. C'est peut-être une explication à cette violence dirigée contre moi et mon frère Christophe. Ma sœur Martine quant à elle a été beaucoup moins maltraitée. J'ai pris des raclées terribles par le père mais à l'école je me faisais "avoiner" par des gars de mon âge pour un oui ou un non. J'étais la tête de turc du collège, à l'époque on n'aimait pas les fils de flics (Mai 68, c'était quelques années avant). Heureusement, un rayon de soleil illuminait ma triste vie grâce à mes grands-parents maternels qui m'apportaient amour et affection quand j'allais en vacances chez eux. Grand-père Paul, ancien combattant de 14-18, héros de Verdun, m'impressionnait par son calme surhumain et son enracinement. C'était pour moi l'Homme Véritable, fort intérieurement et placide dans le quotidien…

Quant à ma grand-mère Marguerite, sa bonté n'avait pas de limite. Chez elle, tous étaient accueillis à bras ouverts, sans jugement. Pendant la guerre, elle avait caché des juifs, des alsaciens "malgré nous" déserteurs de la Wehrmacht et des aviateurs anglais… La nuit, elle allait approvisionner le maquis de la région. Elle n'a jamais demandé la moindre reconnaissance pour ces faits…

 

Grâce à ces deux êtres, j'ai pu finalement m'accrocher à cette vie que je détestais, mais je savais qu'un jour je ferai payer à ces humains, à cette société, le mal qu'elle m'a fait. Il fallait que je rende coup pour coup. C'est sûr qu'avec cet état d'esprit, j'allais m'attirer des ennuis, mais tant pis…

 

Aujourd'hui, le temps a passé et j'essaie de pardonner à mon père sa lâcheté et à ma mère son indifférence, bien que parfois elle manifeste des sentiments sincères à mon égard. À 84 ans, elle a peut-être elle aussi réfléchi à tout ceci, et aujourd'hui elle est devenue plus maman alors qu'avant elle était que mère biologique. J'ai malgré tout la très nette impression que je n'ai jamais été le fils idéal qu'elle voulait avoir…

 

8 - Conclusion

Voilà, j'ai fait de mon mieux pour transcrire bien maladroitement ce passé douloureux qui fut le mien. Que dois-je faire de tout cela… L'énergie dont je dispose, je voudrais l'utiliser pour transmuter les mémoires engrammées dans les cellules du corps. Je sais que ça va être difficile, long et qu'il ne faudra pas se décourager… Je dois fréquenter des personnes qui vibrent quelque chose de différent, de radicalement différent. Mais avant tout, ne pas avoir peur d'être seul quand il le faut, éviter l'assistanat spirituel.

"Notre seul guide est le flambeau de la conscience." Cette phrase aperçue sur une tombe du cimetière d'Arques, je l'a fait mienne.

 

Merci à vous Sand et Jenaël

Xavier

 

° ° ° ° °

 

L'équipe LEO : Pour information, Xavier n'ayant pas d'ordinateur s'est démené comme un LEO pour nous faire parvenir ses écrits. Nous l'encourageons dans sa quête, car sa sincérité envers lui-même d'oser se dévoiler ouvertement pour partager son vécu, témoigne de son cheminement SDA, son don de Soi envers Autrui. 

 

Écrire commentaire

Commentaires: 4
  • #1

    François Y (mardi, 17 juillet 2018 16:52)

    Bonjour Xavier,
    En lisant ton texte, l'émotion montait en moi jusqu'à humidifier mes yeux.
    Ca parle franc, ça parle vrai, ça parle de beaucoup de prises de conscience, ça parle connaissance de soi. Lucidité, émotions, ressentis, intuition, discernement révèlent la partie SDA qui est en toi. Tu es en quête de Connaissance et ça fait du bien de te lire.
    François.

  • #2

    Geneviève M. (mercredi, 18 juillet 2018 10:48)

    Comme le témoignage de René, celui de Xavier est poignant, décapant et réjouissant.
    Poignant : il expose sans fard les souffrances, les échecs. Il parle de peurs, frustrations,de colères....oui la colère que moi je n'ose pas exprimer; grâce à son écrit qui évacue cette émotion intense, je peux moi aussi la nettoyer.
    Décapant : comme un chirurgien, il ouvre son Etre et avec son scalpel, il sonde tous les endroits malades, avec détermination; sauf que là, c'est son propre Corps, son Etre personnel qu'il ausculte et diagnostique....il en faut du courage pour avancer ainsi sans concessions.
    Réjouissant : oui il est question de souffrance , de colère, de révolte contre la Vie....et pourtant la rage de vouloir s'en sortir, de vouloir dépasser , transcender ces états violents, est aussi forte , si ce n'est plus forte que la force d’anéantissement...et moi , lectrice , ça me galvanise , me booste également.
    Alors , oui , comme le dit le comité LEO, "il y a du LION dans ce XAVIER"!
    Geneviève (56)

  • #3

    Toscane (jeudi, 19 juillet 2018 16:57)

    Grand merci Xavier ! Moi aussi, cela m'encourage beaucoup à témoigner un jour, sur la voie du Service d'Autrui. Déjà, je comprends et reconnais TOUT ce que tu décris avec tant d'intégrité et de sincérité. Et ça semble si simple, alors que je sais bien que cela ne l'a pas été, en témoigne ce que dit le Réseau sur la façon dont tu t'es démené pour leur faire parvenir tes écrits. Je te souhaite de belles avancées dans ta quête, miroir de la nôtre. J'avance avec et grâce au Réseau Léo, je m'y tiens, y retourne sans cesse, jusqu'à ce que tout que j'y découvre finisse par être intégré. Et même après... j'ai dans l'idée que c'est sans fin. Je remarque que les réticences, réserves ou difficultés que j'ai pu vivre en lisant tout ce que propose le Réseau, se manifestent encore, de façon moins tranchée, ou plus caricaturale, comme une redite, ce qui fait que je m'en rends compte... Merci Xavier et bonne route. Toscane.

  • #4

    xavier (dimanche, 22 juillet 2018 20:22)

    merci a vous pour vos ressentis je suis heureux que ces experiences vous aient touchés a bientot