« En règle générale, que faut-il pour éveiller un homme endormi ? Il faut un bon choc. Mais lorsqu'un homme est profondément endormi, un seul choc ne suffit pas. Une longue période de chocs incessants est nécessaire. Par conséquent, il faut quelqu'un pour administrer ces chocs. […]
Mais pour mener à bien cette entreprise et obtenir des résultats, un certain nombre de personnes doivent travailler ensemble.
Un homme seul ne peut rien faire. […]
De plus, comme je l'ai déjà dit, un homme peut fort bien se tromper sur son éveil, prendre pour un éveil ce qui est simplement un nouveau rêve. Si quelques personnes décident de lutter ensemble contre le sommeil, elles s'éveilleront mutuellement. Il arrivera souvent qu'une vingtaine d'entre elles dormiront, mais la vingt et unième s'éveillera, et elle éveillera les autres. Il en va de même pour les réveils-matin. Un homme inventera un réveil, un deuxième en inventera un autre, après quoi ils pourront faire un échange. Tous ensemble, ils peuvent être les uns pour les autres d'une grande aide, et sans cette aide mutuelle aucun d'eux ne peut arriver à rien.
Donc, un homme qui veut s'éveiller doit chercher d'autres personnes qui veulent aussi s'éveiller, afin de travailler avec elles. Mais cela est plus vite dit que fait, parce que la mise en marche d'un tel travail et son organisation réclament une connaissance que l'homme ordinaire ne possède pas. […]
Qu'est-ce qui est nécessaire pour cela ? Avant tout, vous devez comprendre que dans un groupe tous sont responsables les uns des autres. L'erreur d'un seul est considérée comme l'erreur de tous. C'est une loi, et cette loi est bien fondée, parce que, comme vous le verrez plus tard, ce qui est acquis par un seul, tous l'acquièrent du même coup. »
Ouspensky citant Gurdjieff dans Fragments d'un enseignement inconnu, p. 369 et 387 (format poche)
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