Famille, père-fille - par Galline

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Dans un courrier les Léos m’ont écrit : « la nouvelle terre n’est pas pour les tièdes. » Cela a déclenché de la dévalorisation en moi. Et d’un autre côté après un échange avec Armelle, elle m’affirme : « Jérome et moi étions scotchés après notre voyage dans l’Aude de voir comme tu étais droite dans tes bottes ! Est-ce qu’on a rêvé ? »

Cela me montre qu’il y a plusieurs personnalités qui cohabitent en moi et qui demandent à être vue. Ma vraie nature est d’être courageuse pour entamer ce processus de détachement avec mon ancien monde. D’habitude j’aurai été en colère de ne pas être reconnue à ma juste valeur et j’aurai tenté de montrer ma force en bousculant ma situation plus vite que je ne le ressens pour montrer que je peux en effet quitter tout ce que je connais : « même pas peur ! ». Mais je n’en ferai rien car j’en ai marre de faire la politique de la « terre brûlée », tout laisser, partir sans rien pour me convaincre que je n’ai pas d’attaches alors que mes liens sont intérieurs ! 

 

On peut n’avoir plus rien matériellement et découvrir qu’on est loin d’être nue, tel un oignon, qu’il y a maintenant des couches d’émotions, d’alters associés à nos peurs, qui se sont superposés, entassés d’incarnation en incarnation. Et qu’il est temps de se peler pour arriver au cœur de soi. 

 

Il y a mon alter « sans peur » qui est adepte de la survie, ce guerrier : « à la bataille (lutter contre ses peurs) pour s’en sortir » ! Je repense à une phrase d’un film Mowgli où l’ours dit à l’enfant : « le peuple singe n’a peur de rien ! Il n’y a que les imbéciles qui n’ont peur de rien et ils sont particulièrement idiots et ils n’ont pas de lois ! » Ils parlent de la loi de la jungle ce que je pourrais comparer aux lois universels SDA : exemple ne pas interférer dans le cheminement de l’autre (sauvetage). J’avais une vision du soldat comme une personne courageuse qui sort l’innocent d’une situation désespérée où sa vie est en jeu. Aujourd’hui je sais que le vrai courage est de laisser l’autre dans sa galère pour qu’il apprenne à ramer. Qu’il est plus facile de suivre l’ordre de sa hiérarchie que son appel intérieur de sa Supraconscience. Et que parfois par crainte de ne jamais connaitre sa vraie famille (lien d’âme), par manque de confiance en soi, on se résout à en intégrer une autre qui nous malmènera. 

 

Récemment Gilbert m’a dit : « tu pars, je suis en paix ». Cela m’a enlevé un poids immense, celui de cet alter soldat qui risquait sa vie pour ne pas laisser tomber son compagnon. Moi qui restais dans ce « camps » familial pour « protéger » (ouvrir les yeux sur la réalité de cet environnement) Gilbert et Anna.  Il a connu une jeune femme dans son adolescence, elle voulait être chirurgienne, et à ses côtés il voulait devenir médecin (alors qu’il était en décrochage scolaire orienté vers un bac électrotechnique) ils ont eu un accident de moto et elle est morte. Je me suis sentie proche de cette personne comme si moi j’étais restée sur la moto avec lui (symbole d’une vie de couple) je serais morte, je me serais sacrifiée n’ayant pas le courage de partir pour vivre ma vie. Et à la fois, cet épisode montre que c’est à lui de choisir seule ce qui est bon pour lui et ne pas confier son pouvoir de décision à une femme en raison de la morsure d’amour.

Pour l’anecdote, suite à l’accident il a eu une blessure aux adducteurs ne pouvant plus faire le grand écart. Un écart entre ses aspirations et celles de la femme qui devient tellement grand que la femme doit partir ? Récapituler me permet d’être en paix avec mes choix et de m’apercevoir qu’il est aussi co-créateur de cette situation même inconsciemment.

 

Je suis souvent repartie à zero comme un défi à moi-même mais avec la culpabilité d’avoir échoué et de devoir réussir cette fois. Je n’avais pas alors récapitulé, je voulais juste oublier et faire table rase. Ce matin Gilbert me demande : « Je ne comprends pas pourquoi pendant 13 ans tu m’as fait l’amour et je n’ai pas rêvé tu as aimé ça et aujourd’hui plus rien ! C’est incompréhensible.» Il me fait miroir et me permet de récapituler mon histoire pour arrêter de me juger et me pardonner. Pour moi, l’énergie derrière l’action de pardonner est celle de comprendre ce qui sous-tend mes comportements (l’alter caché) pour me part-donner, me redonner cette part de moi.

 

D’après de nombreuses recherches on sait que sous des violences multiples, physiques et morales, l’âme se dissocie du corps ce qui la fractalise. Je pense que durant toute mon enfance j’ai donné mon corps pour survivre et je m’en suis dissociée pour que le contact du kinésithérapeute sur mes membres où les colères de mes parents soit déferlés sur cette enveloppe physique et non sur moi, ainsi j’étais protégée de mon environnement.

Je regarde une série nommée Outlander, un jeune homme a été séquestrée et abusé sexuellement, il parle de l’acte sexuel contraint à son oncle qui a connu le même sort en prison : « Comment mon oncle, on peut de toutes ses forces le refusez et détestez-cela, et à la fois trouver cela plaisant et en retirer une jouissance. Je pense que la seule leçon à en tirer est que ta tête a une conscience que ton sexe ne connaîtra jamais. N’aie pas de honte à cela, tu as fait ce qu’il fallait pour survivre.» Je pleure mon impuissance.

 

Quand j’ai rencontré Gilbert, il a été le premier à me regarder avec bonté (pitié ?) sans me juger et me donner la possibilité d’être moi-même sans déclencher de colère au contraire je voyais de l’admiration dans ses yeux. J’avais « donné mon corps » à un homme violent, irascible (le kinésithérapeute, car même si je ne peux pas déterminer cela comme un viol car il n’y a jamais eu acte sexuel je l’ai perçu comme tel) alors pourquoi ne pas faire de même avec un homme que je perçois bienveillant cette fois envers moi. De toute façon mon corps, ce n’est qu’une enveloppe que je n’habite pas ! (D’ailleurs à l’époque, le thérapeute énergétique me disait que je n’étais pas bien incarnée, enracinée.) Toutes les personnes qui connaissent notre relation voient en cela ma quête du père. Je n’entends pas car je ne suis pas capable d’attendre que je vais rechercher en lui cette part de moi « le père incestueux ». Cette phrase déclenche une douleur au genou droit (un rejet de ma part). 

 

En cherchant la symbolique de cette douleur, je lis le genou porte le poids du corps (j’entends le poids karmique), le poids des actes de cet alter ? J’ai toujours eu un corps rachitique comme anoréxique sans pour autant avoir quelconque difficulté alimentaire, au contraire j’aime me nourrir comme si je ne pouvais plus rejeter l’information de l’extérieure (symbolisé par l’aliment). Le miroir que me tendent les autres aussi durs soient-ils pour mon égo de « petite fille parfaite » est nécessaire donc je l’accueille. Mais je reste maigre comme si je n’assimilais rien de l’énergie que me transmet l’aliment. En résumé je n’assimile pas l’information même si je l’accepte car je la juge et fait preuve d’intolérance (tout comme mes intolérances alimentaires). En résumé, j’accepte de voir toutes les parts de moi à travers les autres mais je ne refais pas le puzzle en moi pour bénéficier une fois intégrer de l’énergie de ces alters bourreaux.

 

Les Léos m’ont bien dit : « le principe d’être endormie c’est que tu ne vois que ce qui t’arrange de voir ! » Récemment Gilbert revient un soir avec une cape rouge. Cela me fait penser au conte du petit chaperon rouge où l’enfant ne voit pas le loup déguisé dans les vêtements de la grand-mère et s’introduit avec lui dans le lit ! Et quelques jours plus tard, après avoir donnée à une patiente la symbolique de sa maladie, elle lui avoue qu’elle a été violée par son grand-père et ses frères. Elle ajoute à qui je dois pardonner « à eux » ou à « moi » ?

Cela me permet de mettre à jour mes deux alters : le père incestueux et la fille violée. Mais dans le puzzle intérieur que je dois reconstituer ni l’un, ni l’autre ne veulent « être ensemble » : ne faire qu’UN. 

 

C’est la guerre en moi entre mes deux alters, la petite fille qui rejette le père et le père qui se sacrifie pour se racheter aux yeux de la petite fille. 

Et cette situation prend vie dans ma bulle, Anna rejette son père dès qu’il vient vers elle. Et des fois, elle le tape avec son pied, lui croyant que c’est un jeu l’attaque avec des chatouilles. Je lui ai donc dit qu’elle pouvait sans colère : lui dire non quand il veut lui croquer le ventre, le pied pour jouer. Elle en a fait l’expérience et quand elle le dit sans colère et rage elle est entendue car il n’est plus bourreau, elle n’est plus victime. Moi je n’ai plus besoin de m’interposer entre eux. 

 

Je repense à ma douleur envers mon père de son attitude froide (ne m’ayant jamais touchée, dit un mot "aimant"). Je comprends aujourd’hui cette attitude de glace comme le seul recours pour une personne qui n’a pas la connaissance de l’existence des alters (afin de ne pas tomber dans des pulsions qui paraissaient insensées mais pourtant bien physiques). J’ai ressenti une ou deux fois de la libido en voyant ma petite fille nue. Ça m’a tellement ébranlée, je crois que c’est pour ça aussi que parfois je suis si froide avec elle, si distante. C’était juste cet alter « père incestueux » qui m’apparaissait. Je comprends mieux pourquoi mon père m’a alors dit : « je ne te pardonnerai jamais de la rendre malheureuse. » Cet alter ne se pardonne pas ? 

 

Je reproche à Gilbert ses 3 boulots qui alimentent la vide princesse - lapsus la vie vide de princesse - qu’il nous offre. L’ironie de la situation, je lui demandé d’arrêter de se sacrifier pour nous alors qu’il était le miroir de cette part de moi que je n’arrivais pas à conscientiser. Surtout que les biens matériels l’avaient fortement endetté. Je vois que ces dettes représentent le poids de la culpabilité de mon alter comme sa pénitence.  

 

Je comprends alors le désarroi de Gilbert : mon besoin à notre rencontre de ses élans tendres que j’ai tant demandés (pour compenser ce vide paternel) et aujourd’hui plus rien. Maintenant que je comprends mon histoire, cette tendresse n’est plus voulue car il n’y a plus de vide, j’ai des compréhensions donc il n’y a plus de blessures. Tout a un sens. Finalement tout était indispensable à vivre. Je comprends qu’à l’autre ne peut-être rien reproché car il contribue à son insu à un plan d’éveil bien plus grand. 

C’est à moi d’être juge de paix, autant ying que yang et de dire stop à cette querelle intérieure (bourreau/victime, innocent/coupable). Je lis dans ma bulle notification de ratification.

 

Galline

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Layla (jeudi, 03 janvier 2019 12:28)

    Merci Galline de te dévoiler ainsi. C'est instructif à soi.