Fiche de lecture de « L’effet télomère » - par Sabine B

 

Livre écrit par Dr Elizabeth Blackburn, prix Nobel de médecine et Dr Elissa Epel, Guy Trédaniel éditeur, 2017, 398 pages.

 

Elizabeth Blackburn est une chercheuse qui a mis en évidence le lien entre la longueur des télomères et notre état de santé et notre vieillissement. Elissa Epel est une chercheuse qui a uni ses compétences avec celle d’Elizabeth pour montrer en quoi le stress agissait sur l’état de santé des êtres humains et… la longueur des télomères.

Que sont les télomères et à quoi servent-ils ?

 

Ce sont les extrémités protectrices de nos chromosomes. Plus ces extrémités sont longues, plus l’ADN est protégé et plus la cellule se reproduit facilement. Plus ceux-ci sont courts, plus la cellule devient sénescente, ce qui engendre de grandes perturbations dans nos corps qui vieillissent prématurément, à l’instar d’une pomme pourrie dans un panier qui endommage tout le reste.

 

Pensez à un lacet de chaussure. Celui-ci comporte à chacune de ses extrémités une petite protection en plastique pour qu’il ne s’effiloche pas. Lorsque cette protection est partie, nous avons tous constaté que le lacet s’abimait, s’effilochait et raccourcirait. De même les télomères sont des capuchons constitués d’une chaîne entourée de protéine, qui protège chaque extrémité du chromosome pour que l’ADN le constituant ne s’abime pas lors de la division cellulaire.

 

Cependant, les deux chercheuses ont mis en évidence que le raccourcissement des télomères n’est pas inéluctable et que nous pouvons agir dessus en modifiant notre comportement comme il sera vu plus loin. Attention à ne pas se laisser séduire par la publicité d’un complément alimentaire qui rallonge les télomères, car ils peuvent entraîner une reproduction cellulaire prolifique non contrôlée.

 

Qu’est-ce qui fait raccourcir les télomères ?

 

Le stress. Le stress chronique, qui dure. Les deux chercheuses ont considéré qu’une des situations de stress chronique très importante était celle vécue par les mères soignantes d’enfants handicapés, ou porteur de maladies longues et très lourdes à gérer. Certaines de ces mères ont bien voulu participer aux études pour mettre en évidence le lien entre le stress, leur posture face au stress et la longueur de leurs télomères. Il a ainsi été mis en évidence que si la personne considérait la situation stressante comme un défi, les télomères gardaient leur longueur. Encore mieux, un peu de stress, stimule l’activité de la personne et renforce sa santé, sa vitalité et ses performances. A l’inverse, si la personne a tendance à ruminer, à prédire le pire, le vieillissement s’accélère et on constate que ses télomères sont raccourcis.

 

Le manque d’activités physiques, une alimentation non naturelle ou en carence de protéines et de vitamines, le sucre et en conséquence le surpoids, réduisent les télomères et affectent la santé.

La dépression, l’ingérence de substances toxiques et chimiques : pesticides, aluminium, métaux lourds, (plomb, cadmium), tabagisme et alcoolisme… raccourcissent les télomères et génèrent des maladies et le vieillissement prématuré.

Vivre dans un quartier difficile, être entouré de personnes violentes, dans la laideur ou la saleté affecte la longueur des télomères.

Vivre seule, sans soutien, aggrave le cas.

Connaître une enfance difficile, sans sécurité affective, être témoin de violences ou les subir nous conduits à l’âge adulte à avoir des télomères courts, à avoir tendance à mener une vie difficile pleine d’addictions et de souffrances et donc à amplifier les pathologies et le vieillissement.

 

Le bébé in utero hérite du raccourcissement des télomères de la mère si celle-ci vit dans le stress ou n’est pas nourrie correctement. Avoir des télomères raccourcis dès le départ de vie peut se transformer en symptômes se transmettant de génération en génération. C’est le cas pour les populations pauvres, déshéritées, connaissant la guerre, la malnutrition, les violences. Ce qui explique les difficultés pour s’en sortir dans ce contexte et les injustices sociales récurrentes.

 

Qu’est-ce qui rallonge les télomères ?

 

Une vie saine : bien se nourrir d’éléments naturels limités en sucre, vivre dans un environnement calme, verdoyant, près de la nature, pratiquer des exercices physiques, méditer, vivre en pleine conscience, s’observer régulièrement (être en vigilance), se soutenir mutuellement entre amis ou voisin, se sentir ainsi intégré dans un réseau de solidarité, avoir fait des études, enfin considérer les situations stressantes plutôt comme un défi stimulant.

 

 

Lorsque nous sommes angoissés ou confrontés à une situation qui provoque du stress avec toutes les manifestations physiologiques qui vont avec : accélération du rythme cardiaque, essoufflement, blocage de la faculté de penser clairement, nœud à l’estomac…, prendre du recul, s’observer, considérer la situation comme un défi à traverser, ressemble tout à fait au travail d’observation du prédateur en soi, celui qui nous fait avancer, qui nous enseigne finalement, avec pour conséquence de favoriser une bonne forme grâce au maintien de la longueur de nos télomères !

 

Les conditions qui se développent ici-bas, sont à l’inverse de ce que nous devrions vivre pour nous maintenir en bonne santé et bien vieillir, comme si nos généticiens-programmateurs nous avaient conçus en obsolescence programmée en manifestant la violence, l’insécurité, les pollutions, les émotions de stress, de peur, d’égoïsme… sachant que ce contexte diminuera nos télomères, affectera notre génétique et nous fera encore plus souffrir nous entraînant dans un cercle vicieux difficile à inverser, de génération en génération. C’est le propre de l’involution.

 

Pour conclure, les auteures lancent un appel pour que soit inscrite dans les politiques sociales notamment en matière de santé, la réduction sociétale du stress. Elles appuient leur demande avec des études statistiques qui démontrent qu’il existe sur un territoire donné, un lien entre la disparité des revenus (très riches en petit nombre et pauvres en grande majorité) et le taux de comportements plutôt négatifs (moins de confiance, plus de violence et d’usage de substance toxiques) et de maladies mentales. Les États Unis arrivant en tête ! Et ce n’est pas seulement les pauvres qui souffrent de l’écart : tous les membres de ces sociétés stratifiées souffrent de détérioration de leur santé physique et mentale.

 

Ces recherches, qui ont tout de même aboutie au prix Nobel, montrent les effets sur l’homme de l’involution, de la prédation par une mécanique bien huilée de dégénérescence biologique de notre ADN, mais que nous avons le pouvoir d’inverser pour modifier sa ligne du futur.

 

La connaissance protège.

 

C’est là tout le sens de la protection apportée par la connaissance, encore faut-il que la personne dont les télomères sont raccourcis, en dépression, en plein stress, arrive à se hisser au-dessus de sa condition pour être capable à un instant donné de sa vie, d’accéder à la connaissance qui la protègera et inversera le cours de sa vie.

 

Le réseau Leo, les en-quêteurs, l’école-lieu, sont autant de conditions qui rallongent les télomères, réduisent les facteurs de sénescence et qui remettent les choses à l’endroit !

 

Sabine B

 

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