Le Cœur du Sujet - Parallèles gnostiques dans l’Œuvre de Carlos Castaneda

 

Auteur : John Lash

Traducteur : Dominique Guillet

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Les onze ouvrages de Castaneda relatent son apprentissage avec un Amérindien Yaqui, Don Juan Matus, qui joue le rôle du mentor Socratique de Castenada, un anthropologue sceptique. Durant plus de 20 ans, Castenada a appris la théorie et la pratique d'une nouvelle discipline enseignée par son professeur malicieux et exigeant. L'art des “nouveaux initiés” implique une nouvelle compréhension des secrets antiques de la sorcellerie Toltèque transmis à Don Juan au travers d'une filiation tardive datant du 18 ème siècle.

 

Sorcellerie, dans ce cas précis, se rapporte à un chemin de vie qui se situe en dehors des expériences habituelles de l'humanité.

 

Au travers d'un long processus d'erreurs et d'épreuves, Castenada arrive à altérer les paramètres de la perception afin d'explorer d'autres mondes. Au cours de ses aventures, il rencontre certains êtres extraterrestres inorganiques qui représentent un obstacle, ou une épreuve, pour le shaman. Dans son ouvrage Passes Magiques, (Editions du Rocher), Castenada écrivit : “Les êtres humains sont dans une quête de conscience qui a été momentanément interrompue par des forces étrangères”.

 

 

Ombres Boueuses

 

Dans l'ouvrage final de Castaneda, Le Voyage définitif (Editions du Rocher publié sous le titre original “The Active Side of Infinity”, le côté actif de l’infini), Don Juan met Castaneda au défi de réconcilier l'intelligence de l'homme, dont témoignent toutes ses prouesses, avec “la stupidité de ses systèmes de croyance... la stupidité de son comportement contradictoire”. Don Juan associe cette contradiction flagrante dans l'intelligence humaine avec ce qu'il appelle “le sujet des sujets”, “le cœur du sujet”, “le sujet le plus sérieux de la sorcellerie”. Ce sujet concerne la “prédation”. A l'étonnement horrifié de son élève, le vieux sorcier explique comment le mental humain a été infiltré par une intelligence extraterrestre :

 

“Nous avons un prédateur qui est venu des profondeurs du cosmos et qui contrôle notre existence. Les êtres humains sont ses prisonniers. Le prédateur est notre maître et seigneur. Il a fait de nous des êtres dociles et impuissants. Il réprime toute velléité de protestation ! Si nous voulons faire preuve d’indépendance, il exige que nous rentrions dans les rangs !

 

Les sorciers sont convaincus que les prédateurs nous ont imposé nos systèmes de croyance, nos conceptions du bien et du mal, nos mœurs sociales. Ce sont eux qui suscitent nos espoirs et nos attentes, nos rêves de réussites et nos peurs de l'échec. Ils insufflent en nous la convoitise, la cupidité et la lâcheté. Les prédateurs ont fait de nous des êtres suffisants, routiniers et des maniaques de l'ego”.

 

Selon Castaneda, les sorciers de l'ancien Mexique appelaient le prédateur un “planeur” (mis en italiques par Castaneda) “parce qu'il jaillit de l'espace.. C'est une grande ombre, d'un noir impénétrable, une ombre noire qui fonce vers le sol et se pose lourdement”. Cette description correspond à des milliers de témoignages relatant des mouvements bizarres de sauts, parfois latéraux, qui sont exécutés par des extraterrestres de type Gris qui abordent des individus de façon impromptue. Les ombres noires fugaces sont moins souvent reportées, dans les témoignages, mais elles jouent le rôle principal dans le rapport, long et détaillé, réalisé par John Keel, sur l'activité extraterrestre dans son ouvrage “La Prophétie des Ombres”.

 

Les écrits Gnostiques contiennent des descriptions de prédateurs extraterrestres appelés les Archontes, Arkontai en Grec. Les Codex de Nag Hammadi les décrivent comme des créatures lourdes, ténébreuses et fuyantes. Les noms les plus communs qu'ils leurs attribuent sont “créatures de l'ombre, simulacres”. Pourrait-on comparer les Archontes aux “ombres boueuses” décrites par Don Juan ? Cette question soulève la problématique plus générale des parallèles existant entre le shamanisme Toltèque de Méso-Amérique de Don Juan et le shamanisme des Écoles des Mystères de l'Europe antique. Nous allons analyser quelques-uns de ces parallèles.

 

Tout d'abord, nous avons le problème de l'influence des prédateurs, ou planeurs, sur l'humanité. Dans Le Voyage définitif, Don Juan dit à Castaneda que “les prédateurs ont échangé leur mental contre le nôtre”. Cette affirmation alarmante suggère un parallèle immédiat avec les enseignements Gnostiques. Les Gnostiques, qui dirigeaient les Écoles de Mystères du Proche Orient dans l'antiquité, enseignaient que le mental réel des êtres humains, nous authenticos, fait partie de l'intelligence cosmique, dont toute la nature est empreinte, mais qu'en raison de l'intrusion des Archontes, ce “mental indi/gène”, ou “génie inné”, peut être subverti et même remplacé par une autre intelligence. Ils indiquèrent que les Archontes envahissent la psyché humaine et que, si leur invasion est avant tout de nature mentale et psychique, il reste qu'ils peuvent également nous agresser sur le plan physique. Leur influence fondamentale, cependant, se fait sentir dans notre syntaxe mentale, dans nos paradigmes et dans nos croyances, tout comme Don Juan le dit des planeurs.

 

Don Juan dit à Castaneda que le mental du prédateur est “un modèle bon marché : réduction des dépenses, taille unique”. Cette description correspond parfaitement à la mentalité de ruche des Archontes. Les sorciers appellent ce mental étranger uniformisé “l'implantation étrangère, qui existe en toi et en tout être humain”. L'implantation étrangère (mise en italiques par Castaneda) nous arrache à notre syntaxe. Elle perturbe nos facultés indigènes d'organiser le monde en harmonie avec le langage qui est propre à notre espèce. L'importance de la syntaxe correcte dans la maîtrise, par le sorcier, de l'intention constitue l'un des sujets essentiels des derniers enseignements de Don Juan. La préoccupation du sorcier concernant la déviation de la syntaxe, et la dérivation subséquente de l'intention, est à mettre en parallèle avec l'importance du langage et de la définition correcte mises en exergue par les enseignements Gnostiques.

 

Don Juan énonce un certain nombre d'affirmations relatives aux stratégies efficaces contre l'intrusion étrangère. Il dit que les sorciers des anciens temps “s’étaient aperçus que s’ils opposaient au mental des planeurs leur silence intérieur, cette implantation étrangère disparaissait, ce qui confirmait, pour les patriciens impliqués dans cette stratégie, l’origine extérieure de ce mental.” En d'autres mots, la prise de conscience qu'un autre mental puisse opérer en notre mental ne devient parfaitement claire et certaine que lorsque ce mental étranger a été dévoilé et expulsé. Ce n'est qu'alors que nous comprenons comment “notre véritable mental, celui qui nous appartient en propre et se résume à notre expérience personnelle, est devenu timide, inquiet et fuyant après une vie entière d’asservissement”. Le “véritable mental” de Castaneda peut être identifié au “nous authenticos” des Gnostiques. L'influence principale des planeurs, sur notre mental, se traduit par un conditionnement mental, un lavage de cerveau. C'est également le principal effet de l'intrusion Archontique.

 

 

Auto-Défense Psychique

 

Les textes Gnostiques décrivent des confrontations directes et physiques avec les deux types d'Archontes, le type embryonnaire ou foetal - à rapprocher des Gris que l'on rencontre dans les témoignages modernes impliquant des OVNIs - et le type reptilien. La tactique habituelle des Gris est tout d'abord de paralyser et ensuite d'infiltrer le mental du sujet humain. Dans la Première Apocalypse de Jacques, le maître Gnostique instruit un étudiant comment faire face aux Archontes. Ces entités prédatrices sont connues pour “enlever les âmes la nuit”, ce qui est une description précise des kidnappings modernes par des ET. Les adeptes des Mystères apprennent à repousser les Archontes grâce à des formules magiques (des mantras), des passes magiques ou des gestes de pouvoir (des mudras). Dans certains textes, la rencontre avec les Archontes est structurée selon le système des “sphères planétaires”. L'adepte qui pratique la projection astrale, le rêve éveillé ou la “manipulation de son double” (comme chez Castaneda) fait ainsi face aux Archontes dans une sorte de labyrinthe de jeu virtuel à sept niveaux, qui correspondent aux sept planètes. A chaque niveau, l'adepte ne peut continuer que s'il fait face au “gardien du seuil” en utilisant des paroles et des passes magiques.

 

Pour plus d'informations sur la confrontation des Archontes, voir mon essai “Un Principe Gnostique”.

 

La notion archétypique du “voyage au travers des sphères planétaires” était bien connue dans l'antiquité, particulièrement dans les écoles Hermétistes et Cabalistiques. Dans Tantra Vidya, O. M. Hinze compare l'ascension Gnostique, au travers des sept sphères, avec la montée de la Kundalini au travers des sept chakras dans les traditions Yoguiques de l'Inde. Don Juan n'a pas recours à ce système en sept niveaux mais sa description des planeurs s'adapte parfaitement à ce système. La corrélation est d'autant plus pertinente si nous rapprochons le “culte du serpent” de certains groupes Gnostiques avec la pratique du yoga de la Kundalini qui, à son tour, peut être rapprochée avec “le feu de dedans”, et le Serpent à Plumes, dans plusieurs des ouvrages de Castaneda. En bref, les sorciers Toltèques étaient des adeptes de la kundalini qui cultivaient “le feu de dedans”. Il se peut que leurs rencontres avec les planeurs n'aient pas été formalisées dans un jeu-épreuve de sept niveaux, mais les mêmes expériences sont décrites dans les trois systèmes : Toltèque, Yoguique et Gnostique.

 

Sur l'utilisation de la Kundalini pour repousser l'intrusion extraterrestre, voir mon essai : la Kundalini et la Force extraterrestre.

 

Les traits de caractère humains attribués par Don Juan à la déviation, par une implantation étrangère, sont identiques à ceux qui sont imputés aux Archontes dans les textes Gnostiques : l'envie (la convoitise) et l'arrogance (le sur-développement de l'ego) sont considérés comme leurs caractéristiques primordiales tandis que leur comportement témoigne du fait que ce sont des drones stupides (routiniers), avides d'exercer leur pouvoir sur nous et trop peureux pour se manifester ouvertement et pour se dévoiler.

 

Ce serait une erreur de faire correspondre, de manière stricte et littérale, les révélations de Don Juan avec les enseignements Gnostiques mais ces premiers parallèles sont frappants et ce ne sont pas les seuls. Cet exemple exceptionnel nous montre comment la sagesse indigène des Amériques concorde avec les enseignements ésotériques d'une tradition spirituelle du Proche Orient perdue depuis longtemps. Le parallèle Toltèque-Gnostique peut paraître, à première vue, distant et improbable. Mais si nous postulons que l'expérience shamanique est, par essence, consistante et empirique (à savoir fondée sur l'expérience), il n'est pas étonnant de découvrir des correspondances cohérentes dans des traditions très éloignées dans le temps ou dans l'espace.

 

 

L'Implantation Etrangère

 

La notion d'une implantation étrangère est extrêmement instructive. Cela nous rappelle immédiatement les implants métalliques ou cristallins qui sont supposés être utilisés par les Gris (et leurs complices humains) pour suivre à la trace des sujets humains. Dans un autre sens, moins technologique, cela évoque le concept de virus idéologique implanté dans nos cerveaux par des entités non-humaines. Selon la critique Gnostique du Christianisme, l'idéologie rédemptrice dans sa forme Judéo-Chrétienne (c'est à dire la croyance en un rédempteur divin et une apocalypse finale) est tout simplement un tel virus. C'est quelque chose qui est implanté dans le mental humain par des forces extraterrestres. L'insistance Gnostique sur le Judéo-Christianisme (que l'on peut maintenant étendre aussi à l'Islam) nous confère un avantage stratégique dans la détection des influences extraterrestres parce que les religions patriarcales et rédemptionnistes ont dominé la narration historique sur notre planète. Cette domination est symptomatique de la déviance Archontique, selon les Gnostiques.

 

Le mental étranger fait intrusion dans notre faculté de raconter des histoires, une faculté cruciale pour l'humanité si elle veut découvrir son chemin dans le cosmos. C'est une des manières les plus efficaces, sinon la plus efficace, de nous détourner du cours d'évolution qui nous est propre. La faculté, pour l'humanité, d'accomplir une finalité dépend de la possibilité de développer des narrations, des histoires, des scénarios qui nous guident, de la conception initiale à la complétude finale.

 

Il est probable que les voies de détournement sont aussi nombreuses et diversifiées que les finalités humaines. Pour faire face à l'immense complexité de l'intrusion, la clarté et la concentration constituent des atouts indispensables. Don Juan fait remarquer, de façon étonnante, que le mental des planeurs est incapable de la moindre concentration. Cette remarque rappelle l'assertion Gnostique selon laquelle les Archontes n'ont pas d'ennoia, ils ne possèdent aucune volonté en propre : ils ne peuvent pas faire preuve d'intention. On pourrait définir la concentration comme une synergie entre l'attention et l'intention. Se concentrer, c'est apporter une certaine intensité d'attention (Bythos) à l'intention (Ennoia). Selon les enseignements Gnostiques, Bythos et Ennoia sont des divinités cosmiques, ou principes du Plérome, le Tout, et ce sont également des attributs du mental humain. Ils sont symbolisés par deux sphères. Se concentrer, c'est amener les deux sphères ensemble en un point unique de fusion, un centre mutuel. Nous réalisons ce processus en permanence lorsque nous focalisons notre attention sur une finalité spécifique ou sur une intention ; les Archontes en sont incapables parce qu'ils sont “incapables de la moindre concentration”. Ils ne possèdent pas de pouvoir de concentration, aucune faculté innée qui leur permette d'unifier l'attention à l'intention. La résistance humaine à leur intrusion dépend de l'attitude intérieure et de la discipline mentale : la sobriété du guerrier. Les conseils que Don Juan prodigue au guerrier, qui doit s'opposer aux planeurs, semblent constituer une version Toltèque des stratégies Gnostiques de résistance aux Archontes.

 

 

Points Communs

 

Lorsqu'on les examine attentivement, les enseignements de Don Juan, développés dans les neuf ouvrages de Castaneda de 1968 à 1998, contiennent de nombreux parallèles distincts avec l'initiation Gnostique. La nouvelle sorcellerie introduite par Castaneda est une extension et une transformation des connaissances ancestrales des “anciens voyants” de la tradition Toltèque du Mexique d'antan. Elle diffère de l'ancienne sorcellerie principalement de par le fait qu'elle n'accorde aucun intérêt aux jeux de pouvoirs subtils, aux querelles, aux pactes sinistres avec des puissances non-humaines ainsi qu'au contrôle d'autrui. Sa finalité est la liberté du guerrier spirituel plutôt que la prise de contrôle sur un objet ou une personne. Selon la conception Gnostique et selon la conception Toltèque, la libération ultime de l'humanité peut s'accomplir en s'opposant aux prédateurs extraterrestres. Ils ne sont pas ici pour nous guider ou pour nous faire évoluer mais, en les confrontant et en les subjuguant, nous pouvons générer une énergie vitale qui nous propulse vers d'autres états de conscience. Les aspects communs au Gnosticisme et au néo-shamanisme d'inspiration Toltèque de Castaneda sont les suivants :

Néo-shamanisme Toltèque

 

1. Le dévoilement d'un mental extraterrestre, ou implantation étrangère, qui amoindrit ou altère notre humanité innée.

 

2. L'importance pour le sorcier de maîtriser l'intention.

 

 

3. L'insistance de Castaneda sur la syntaxe : attributions correctes et utilisation de signaux de commande mentaux pour diriger l'intention.

 

4. L'affirmation selon laquelle la prédation est “le sujet des sujets”, “le coeur du sujet”.

 

 

 

 

 

5. Le travail avec le rêve éveillé, le voyage astral, la projection du double, dans de nombreux épisodes des aventures de Castaneda.

 

6. Le modèle des grandes bandes d'émanations qui imprègnent l'univers.

 

 

7. La distinction entre les êtres organiques et les entités inorganiques.

 

8. L'exploration d'autres mondes et autres dimensions grâce à la pratique de conscience non-ordinaire.

 

9. La description par Don Juan de “l'oeuf lumi- neux”.

 

 

10. La figure Toltèque de l'Aigle, une métaphore primordiale chez Castaneda.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

11. L'organisation du clan du sorcier en huit paires de sorciers mâles et femelles.

 

 

 

 

 

12. Le développement du “feu de dedans”, la Kundalini, ou le Serpent à Plumes des Toltèques.

 

13. Le mécanisme du point d'assemblage.

 

Gnosticisme

 

1. La conception d'un virus idéologique déshumanisant implanté dans notre mental par les Archontes/Extraterrestres.

 

2. L'insistance sur l'ennoia, l'intentionnalité qui nous aligne avec les dieux et qui nous élève au-dessus des Archontes.

 

3. Enseignement sur l'ennoia, la clarté mentale et l'attribution correcte (utilisation adéquate des définitions).

 

 

4. Mise en exergue de l'intrusion Archontique. Il est essentiel de faire face à l'intrusion parce que nous ne pourrons pas découvrir notre chemin véritable dans le cosmos si nous ne percevons pas comment nous en sommes déviés.

 

5. Le travail avec le rêve éveillé, le voyage astral, la projection du double dans les cercles Gnostiques des Ecoles de Mystères.

 

 

6. Les émanations, ou flux émanant du Plérome, décrits dans les textes de révélation des Ecoles des Mystères.

 

7. La distinction entre les humains et les Archontes dans la cosmologie Gnostique.

 

8. Les pratiques shamaniques très anciennes des Ecoles des Mystères.

 

 

9. L'ovale de lumière claire dans les textes de révélation Gnostique et l'augoeides, ou “oeuf aurique” des Mystères.

 

10. La même figure dans les Codex de Nag Hammadi lorsque la voix d'instruction de l'esprit sacré, peut-être l'équivalent de la “voix du voir” de Castaneda, affirme : “Je suis apparu sous la forme d'un Aigle sur l'Arbre de Connaissance, la connaissance primordiale qui émerge dans la lumière pure, afin que je puisse les instruire et les éveiller des profondeurs du sommeil” (Apocryphe de Jean, 23:25-30).

 

11. L'organisation des cellules des Mystères en seize membres, huit de chaque sexe, tels qu’ils sont dépeints sur le bol Orphique du serpent ailé et sur le bol de Pietroasa, provenant de Roumanie. Voir mon essai “Une gerbe de blé coupé.”

 

12. Le Serpent Ailé et l'Instructeur divin des Gnostiques.

 

 

13. Le mécanisme du point d'assemblage.


 

Le développement exhaustif de ces parallèles demanderait d'écrire un ouvrage entier. Trois facteurs, parmi ces treize, possèdent une importance particulière. Ce sont l'oeuf lumineux, les grandes bandes d'émanations et le rôle de certains êtres inorganiques en tant qu'alliés.

 

 

Le Point d'Assemblage

 

Le sujet du point d'assemblage est certainement l'un des aspects les plus étranges et les plus déconcertants des enseignements de Don Juan. Dans plusieurs ouvrages, il est évoqué que l'oeuf lumineux qui entoure l'être humain est attaché au corps physique par un mécanisme bizarre appelé le point d'assemblage. Ce point se situe en haut de l'épaule droite. Il semble qu'à cet endroit du corps, l'oeuf lumineux exerce une sorte de pression et forme une ondulation, ou une dépression. Tant que la force de l'oeuf demeure dans l'ondulation, le point d'assemblage est stable et l'être humain perçoit la réalité d'une façon prédéterminée. En déplaçant le point d'assemblage, les sorciers sont capables de modifier leur perception de la réalité et, qui plus est, de déconstruire et de reconstruire la réalité à leur convenance.

 

Les instructions de Don Juan concernant le point d'assemblage sont tout autant étonnantes que fascinantes mais loin d'être claires. Les dynamiques de glissement ou de déplacement du mécanisme sont difficiles à appréhender et encore plus difficiles à visualiser. De plus, il semble que le point d'assemblage soit un concept excentrique que l'on ne peut comparer à aucune autre source ou tradition.

 

Il existe, cependant, un témoignage rare, procédant des Mystères, qui décrit le point d'assemblage de la même manière que Castaneda. Dans son ouvrage The Subtle Body in Western Tradition, l'érudit Gnostique G. R. S Mead cite les écrits perdus d'Isadorus, le mari d'Hypatia et l'un des derniers Gnostiques qui aient enseigné à l'Ecole des Mystères (le Museum) d'Alexandrie. L'oeuvre originelle d'Isadorus est perdue mais elle fut paraphrasée par un autre auteur, Damascius, et on peut donc avoir accès à quelques aspects de ses enseignements. Isadorus est réputé avoir décrit l'augoeides, “l'aura dorée” comparable à l'oeuf lumineux de Castaneda. La nature et le fonctionnement de l'augoeides, également appelé l'oeuf aurique, est l'un des secrets les plus profonds des Mystères. Il semblerait qu'un traité perdu d'Isadorus affirmait que l'augoeides entoure l'être humain comme une membrane ovale, de telle sorte que le corps physique flotte dans l'ovale. C'est précisément de cette manière que Castaneda décrit l'oeuf lumineux. L'instructeur Gnostique déclara également que l'ovale lumineux est connecté, ou accroché, au corps physique à un point situé dans le dos, au-dessus de l'omoplate droite.

 

Ainsi donc, un des détails les plus étranges des ouvrages de Castaneda est confirmé par un instructeur des Mystères qui vécut à Alexandrie au 5 ème siècle EC.

 

 

Une Epreuve Cosmique

 

Dans la structure classique du système planétaire, il existe sept planètes, à l'exclusion de la Terre : le Soleil, la Lune, Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne. (Le Soleil n'est évidemment pas une planète, mais une étoile, le corps central de notre système planétaire et la Lune est un satellite de la Terre. Dans certains systèmes antiques, ces deux corps sont exclus et remplacés par les noeuds lunaires.) Cette situation rappelle la description par Castaneda de la structure organique et inorganique des “grandes bandes d'émanation” qui composent l'univers. Si nous excluons la Terre des autres planètes, les “sept bandes inorganiques” pourraient parfaitement correspondre aux “sept planètes” que l'on considère comme des sphères qui ne peuvent pas accueillir la vie organique au contraire de la Terre. Les Gnostiques enseignèrent que la Terre n'appartient pas au système planétaire mais qu'elle en est simplement la captive. Ils appelèrent le système planétaire, à l'exclusion de la Terre, l'Hebdomade, le Septuple. On peut comparer cette terminologie à la description Gnostique du royaume des Archontes, qui sont des êtres inorganiques. Il se pourrait que les “sept bandes inorganiques” dans le schème de Castaneda représentent le même modèle, mais dans un autre langage.

 

Les initiés Gnostiques localisèrent l'habitat des Archontes prédateurs dans le système planétaire, à l'exclusion de la Terre. Le royaume Archontique serait ainsi un assemblage des sept bandes inorganiques. Dans cet espace ainsi assemblé, les Archontes seraient sur leur territoire. Leur présence dans le monde assemblé autour de nous, la biosphère gouvernée par les lois de la chimie organique, serait une intrusion. Castaneda n'indique nulle part que ces entités prédatrices procèdent de ces sept bandes, mais cette déduction semble logique. Il affirme explicitement, néanmoins, que les planeurs sont des entités inorganiques et cette conclusion est donc non seulement logique mais en cohérence avec sa syntaxe, son système descriptif.

 

Don Juan spécifie que les sorciers peuvent entrer en contact avec des êtres inorganiques, et qu'ils le font généralement. Ils initient ce contact en déplaçant le point d'assemblage et en pénétrant dans le territoire inconnu des autres bandes, ou en glissant dans des régions inconnues de notre propre bande. Une grande partie de l'activité décrite dans l'oeuvre de Castaneda consiste en des incursions dans des autres mondes qui sont contingents au nôtre. “Une fois que la barrière est brisée, les êtres inorganiques changent et se transforment en ce que les initiés appellent des alliés”. Il existe baucoup d'alliés dans l'immensité du cosmos. Selon de nombreuses traditions indigènes, la terre est visitée par de nombreuses espèces d'êtres alter-dimensionnels qui poosèdent une fonction d'alliés et de guides pour l'humanité. Le prédateur sombre et ténébreux semblerait constituer une catégorie unique d'entités inorganiques qui n'est peut-être pas du tout un allié, ou bien alors un allié particulièrement peu aisé à maîtriser.

 

Don Juan insista sur la nécessité de faire face à cet être inorganique pour faire l'expérience “de la certitude de l'origine étrangère du mental”. Le “prédateur qui est venu des profondeurs du cosmos et qui contrôle notre existence” peut être certainement identifié avec les Archontes des enseignements Gnostiques. Don Juan décrit, de façon très vivante, l'intrusion Etrangère et son influence majeure, à savoir une modification comportementale. Le vieux sorcier offre également un commentaire étonnant sur ce que l'on pourrait gagner d'une rencontre avec ces entités. “Les planeurs sont un constituant fondamental de l’univers et nous devons nous efforcer de les voir sous leur véritable jour - terrifiants, monstrueux. C’est par leur intermédiaire que l’univers nous met à l’épreuve.

 

Les parallèles entre la matière Gnostique et la nouvelle sorcellerie Toltèque de Carlos Castaneda sont frappants et présentent des intuitions qui donnent à réfléchir sur la condition humaine. Comment pouvons-nous réagir vis-à-vis du coeur du sujet, la prédation ? Selon le conseil de Don Juan “On ne peut strictement rien faire, hormis de se discipliner au point qu’ils ne nous toucheront pas.” Et il est significatif qu'il dise “ne nous toucheront pas” et non “ne puissent pas nous toucher”. Il déclare également, comme nous venons de le souligner, que les prédateurs extraterrestres constituent le vecteur par lequel l'univers nous met à l'épreuve. Il s'ensuit que l'intention d'ordonner notre mental, de vivre de telle sorte que les planeurs/Archontes ne souhaitent pas nous envahir, constitue l'exercice capital, l'épreuve fondamentale pour l'évolution de l'humanité.

 

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Commentaires: 2
  • #1

    La Forêt Naturelle (samedi, 05 mars 2022 10:32)

    Merci pour ce partage.
    Il s'agit d'un bel exercice de rapprochement, tout à fait dans l'esprit de clarification.
    J'observe ce parallèle entre Castaneda, Qi Qong et Supramentale (Bernard de Montréal, Daniel Kemp, Iso V Sinclair), dont les précurseurs (ci-nommés) revendiquent leur continuité dans la Gnose.
    Il s'agit d’amener la pensée à se taire, d'abord par un relâchement (penser à rien), pour ensuite ne plus penser, ce qui par redéploiement de l'énergie amène à stopper le monde (connu).
    Ce "saut dans l'inconnu" en supramental se traduit en mots non-pensés (non-faire). Le locuteur peut ainsi s'exprimer sur n'importe quel sujet car il ne fait plus référence à des mémoires terrestres (astrales = mondes akashiques = l’implantation étrangère, celle qui joue sur nos émotions par le rappel continu des mémoires traumatiques ou sécuritaires, les pensées envahissantes). Son anégoïsation lui permet de se laissé connecter par des « mémoires » dites cosmiques (sont-ce des mémoires puisqu’elles ne sont pas de son passé et donc non-morte ? Mémoires vives alors ? = Vie réelle, instantanée). L'énergie descent naturellement par la fontanelle, contrairement aux efforts fournis par l'être qui veut évoluer (piège de l'orgueil d'évolution) et entraîne par des exercices sa Kundalini à monter alors qu'il n'est par encore prêt (trop d’égo).
    La fusion arrive d'elle même lorsque l'on a réaligné l'être originel (celui d'avant la rencontre Archontique).
    Ainsi le voyage reprend son cours. Lentement l'égo (la personnalité, forte ou faible = l'implantation) à laissé place à la personne (= personne).
    Transparent, le coeur du guerrier de nouveau arpente le chemin du retour.

  • #2

    Nicolas (mardi, 05 décembre 2023 16:23)

    Intéressant. Quelques point à noter : Castaneda ne précise pas l'origines des planeurs mais précise extensivement à quel point ils existent des éclaireurs de différent type d'être organique venant de tout les recoins de l'univers, avec leurs mondes associés.
    Le rapprochement avec le système solaire et les 7 bandes est fort intéressant, ceci dit il précise explicitement que c'est la Sphère terrestre qui abrite les 8 mondes abritant la vie (dont le nôtre étant le seul a abrité la vie organique) sur les 48 mondes existant sur Terre (dans ''le Feu du Dedans'').