Ma mère - par Martine M

 

Alors que je me cassais la tête à chercher un titre approprié à ces écrits, je me lance dans ce mot de "mère", car c'est bien de cette âme incarnée qui m'a enfanté dans la matière dont je veux parler ; car des pensées de forts prédateurs m'assaillent chroniquement et en particulier depuis quelques jours ; je sens bien maintenant que je n'ai plus à la critiquer, car grâce à vos vidéos de partages que j'écoute avec attention, je n'ai qu'à détecter le jeu de pouvoirs qu'elle exerce sur moi depuis ma naissance et enfin le déjouer ! et bien sûr détecter la victime-sauveuse en moi, et celui de bourreau aussi, certainement bien dissimulé.

 

Il y a tellement d'exemples à observer tout le long de ma vie de 60 ans maintenant, à propos de mon mal-être face à cette relation dite "toxique", que je parlerai du dernier évènement.

 

En revenant de chez mon fils et sa famille en Ariège, ma mère me saute dessus au téléphone pour savoir comment ça s'est passé... Bref, elle se nourrit alors de mes failles, de mes faiblesses à ne pas garder pour moi mes observations, mes sentiments, mes réflexions, en l'occurence ici, sur ma relation quelque peu déséquilibrée avec ma belle-fille. Elle pose des questions sans arrêt jusqu'à ce que les critiques aillent bon train, croyant l'une et l'autre que nous deux au moins, on s'arrange bien ! Elle me met dans sa poche ! Or, un changement s'opère en moi de façon chronique mais quand même en exponentiel. Alors je ne réponds pas à la sonnerie intrusive à mon arrivée. Mais comme je sens son malaise de loin, elle a beau être à 1000 kms de moi, je réponds au coup de fil du lendemain (pour en être débarrassée), avec détachement et objectivité sur mon séjour avec mes petits-fils. J'ai mieux réussi que les autres fois à ne pas entrer dans son jeu de vouloir tout savoir, surtout l'heure à laquelle je suis arrivée chez moi.

 

Après ce coup de fil "raisonnable", je pouvais à nouveau, plonger à loisirs dans le réseau Léo et mes ballades au bord de la rivière... ayant accompli mes missions familiales.

 

Une semaine a passé, ma mère était occupée avec son ami mal-en-point ; quand elle est rentrée chez elle, j'ai ressenti un mal de ventre et de plexus, des angoisses de culpabilité à ne pas l'appeler (car elle a 83 ans et risque de, je ne sais ce qu'elle peut inventer pour que je vienne l'aider; c'est récurrent chez elle, elle est capable de simuler un état de détresse totale pour que j'accoure... jusque-là, ça m'a été donné de l'éviter, j'y vais de moins en moins et pas longtemps, mais plus le temps passe, plus c'est coriace... car j'ai eu le malheur de lui dire que mon père, sur son lit de mort à 56 ans, m'a fait promettre que je la prendrai chez moi quand elle sera vieille...)

 

Et plus je tarde à lui dire que mon père est revenu sur cette promesse et que je ne suis pas ok pour la tenir, plus je sens qu'elle joue avec ça ! je sais qu'elle n'a pas oublié ! et plus elle vieillit effectivement avec son côté possessif voulant contrôler tout le monde, surtout moi, sa fille ainée qu'elle a éduquée comme une servante à sa vie. Quelle longue histoire à laquelle je n'ai pas encore réussi à éclaircir vraiment ! Et pourtant, c'est le fil rouge à couper ou à intégrer...

 

Alors, je ne la rappelais pas, essayant de retenir en moi cette culpabilité de ne pas se soucier de sa mère ; je souligne quand même qu'elle va bien, que ses bobos, elle fait croire qu'ils sont très très graves ; et surtout, je voulais me répéter encore que je ne suis pas toujours obligée de lui téléphoner chaque semaine toute ma vie... apportant un état d'épuisement et de vide d'énergie...

 

Au bout de 3 jours où je la sentais arriver je ne sais comment, ce coup-là, comme elle ne veut pas abuser, elle arrive "timidement", et m'envoie ce texto : "Il y a un an". Je tremble rien qu'à voir que c'est elle ! Je me demande ce qui se cache derrière et vois l'hameçon pour que je m'intéresse à elle sans en avoir l'air. Je regarde quand même ce qu'il s'est passé jour pour jour un an avant ; je m'aperçois que ma mère était chez moi à cette date et que nous allions voir son 5e arrière petit-fils. Ok ! Super ! et alors ? Elle veut dire quoi, que c'était le bon temps où je m'occupais d'elle ? je ne sais quoi lui répondre,  je sens le piège de la nostalgie d'être venue chez moi une semaine (dans mon appartement d'une seule pièce ! elle attend le moment que j'ai enfin un T2 pour être plus à l'aise !) Disons que je ne veux pas rentrer dans sa mélancolie d'un passé qu'elle considère comme étant bien pour elle, tous ses descendants autour de la reine-mère, à son service... enfin... elle veut que je l'appelle, c'est tout...

 

Je ne voulais absolument pas rentrer dans ce piège ! Je réfléchis encore à cette date qui me disait autre chose ! Eh bingo, c'était aussi la date de naissance de son père, mon grand-père donc ! Je décidai de lui répondre quelque temps après, de la même manière qu'elle, les "cheveux dans la soupe", sans bonjour, sans rien, sur le même ton de "mélancolie" du passé qu'elle, la tirant très en arrière sur la même ligne temporelle et sentimentale :

-"Il y a 108 ans !", j'ai oublié le "aussi".

 

Ne comprenant rien à ce que je voulais dire, elle me répond alors du tac au tac la même chose que précédemment avec un point d'exclamation en plus, comme si j'étais bouchée ! -"il y a un an !"

Alors, je me tais, elle va bien réfléchir à cette date de son père... mais non, quelques heures après, un autre texto d'énervement car je n'étais plus avec elle, je ne lui répondais pas, j'avais coupé court à cette conversation... et, comme si j'étais vraiment ignarde, elle m'explique où on était à cette date (nous étions donc ensemble) et que je n'avais vraiment pas de mémoire ! Oh la la ! Je rigole, car, à chaque fois, le bourreau se révèle en plein jour ! Mais, il n'y a pas de conscience, alors, j'arrête de vouloir tout lui expliquer comme si j'étais sa propre mère ou pire son mari, mon père souvent absent...

 

Un point, c'est tout; je ne réponds toujours pas, mais, voilà, ce matin,  j'ai du mal à ne pas penser à  elle, ça me hante, c'est pénible, j'écris,  j'y arriverai, je lache... à chaque moment, je discerne le "ne pas se sentir coupable du malheur de sa vie et son emprise sur moi".

 

Ces attachements maintiennent l'humanité à ce service de soi, le travail pour s'en sortir peut se faire sans souffrance... ou pas... selon ses paliers de prises de conscience. À chaque instant, avoir un point de vue plus global de la situation... et arrêter de vouloir qu'elle soit autrement, c'est à moi de percevoir ce défi comme tel à me détacher de ces chantages affectifs même si cela parait insurmontable ! Je vous remercie pour tous vos échanges précieux et sincères à ce sujet; c'est important pour prendre son envol... je me calme quand je comprends et sens... Mieux vaut tard que jamais !

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