Témoignage 391 - Layla - L'enfant petit tyran

 

Merci pour ce cahier 18 qui vient à point dans l'égarement que je vis actuellement.

Je vous remercie parce que ce cahier répond à des questions et des intuitions que j'ai en cette période. Qu'il tombe à point nommé car cette semaine (une perceuse se met en route), je traverse des émotions exacerbées et des expériences concrètes les matérialisent.

 

Lorsque le mouvement des gilets jaunes a commencé, je n'y ai pas adhéré ni mentalement ni émotionnellement car il était d'une part vain de se battre contre des moulins et que d'autre part, se battre contre, c'est renforcer cette dualité, concept auquel j'adhérais mentalement mais pas émotionnellement. Le déni m'habitait.

Il persistait en moi, ce grain issu de mes espoirs et croyances passés. L'on pouvait changer les choses en combattant pour nos idées ! Ce grain a grossi au fur et à mesure des événements. Je ressentais profondément peine, rage et violence. Physiquement, les émotions tournoyaient dans mon ventre. Mon fils sécha les cours et participa à une manifestation lycéenne. Je lui fis une remontrance et lui expliquait en quoi il ne devait pas aller manifester, au-delà du fait qu'il ait séché ses cours.

L'explication qui vint était mû par mes émotions. « Ne vas pas manifester car toi si tu y vas avec légèreté et envie de jouer le rôle du manifestant en colère etc, dis toi qu'en dehors de vous les lycéens, ce mouvement exprime des années de sentiment d'oppression, de rage et de colère... que je partage... »

 

Vivre toute la force des émotions qui m'animaient lorsque j'appris qu'il était allé manifester, m'ouvra à la possibilité presque imperceptible que peut être nous étions manipulés à travers ce mouvement, cette rage, cette révolte, ces émotions. J'en vins à visionner une vidéo de Rachel Fortun sur les gilets jaunes et à m'intéresser au concept de l'égrégore plus en profondeur, c'est à dire plus en intégration.

Comprendre que nous sommes des énergies et que quoi que nous pensions et faisions, nous émettons une énergie... pour qui, vers quoi ? Notre pensée, notre émotion est une énergie qui alimente quoi ? Peut-elle ne pas alimenter quoi que ce soit ? Ne pas alimenter quelque chose est ce le point zéro que vous évoquez dans vos écrits ? Il m'est compliqué de comprendre la différence entre la résolution du karma qui s'exprime par un détachement émotionnel de colère, de ressentiment etc (de joie aussi ?) et le point zéro, où alors ne pré-existe plus d'émotions, d'attaches et donc de ce fait vers où circule l'énergie que nous sommes.

 

Je travaille depuis fin 2016 avec des enfants « en difficulté ». La 1ère année fut très éprouvante. L'année scolaire passée, je commençais à apercevoir les limites de ce job. La notion de responsabilité, de choix et karma ont rajouté une couche au fait que ce job est vain et illusoire - si ce n'est pour mon apprentissage ?

Et puis cette année, je suis affectée -et affectée- auprès d'un enfant que je définis comme le parfait petit tyran. Un enfant qui excelle en manipulation, mensonges et tout le package du psychopathe. Je me sens comme un oiseau en proie à un chat qui joue avec, de sa papatte. Je me justifie, me sens comme victime apeurée, je perds contrôle et énergie, je suis lessivée lorsque je rentre chez moi. Il me pousse à réagir et je réagis. Il m'attaque, je me défends. Je suis comme une enfant mais lui qui est-il ? Je le vois pleurnicher parce que personne ne le comprend, parce qu'il est seul, parce que c'est injuste, parce que les autres... Je me retrouve dans ces aspects là. Est ce pour cela qu'il est utile de rencontrer un psychopathe ? Pour reconnaître que certains aspects en lui sont aussi présents en moi ?

Donc , je ne suis pas au niveau, je me pare d'une muraille qui reposent sur des fondements faits de glaise.

La stratégie pour « affronter » ou apprendre d'un tyran est l'ignorer, le fuir, l'observer ? Stopper l'incessante prise énergétique ?

 

Hier, s'est joué le dernier épisode – de la saison (?) - après quelques semaines où j'étais en retrait après un ultime épisode de provocation de sa part et où j'ai fait part de mon souhait de ne plus « l'accompagner » dans son année scolaire, l'on me demande de refaire un essai auprès de lui. Une fois de plus arriva ce qui arriva. Il me provoqua, il touchait là où cela faisait mal, je réagis vivement. Il criait, je criais plus fort que lui mais il n'était pas désarçonné ou décontenancé, il continuait. Le professeur intervint pour une fois de plus m'appuyer et prendre ma défense. Je me sentais à la fois reconnaissante et soulagée du soutien qu'il me prodiguait, et faible. Je rentrais chez moi avec un sentiment de faiblesse. Mais qui étais-je si je ne pouvais parer à la moindre attaque ? Où résidait cette force intérieure ? Je n'étais que l'apparence de celle qui montre qu'elle choisit la voie spirituelle.

 

Je décide ce matin au réveil de continuer à dormir, je rejette cette expérience, je ne vais pas au boulot. Je sature à l'extrême. Je souhaite arrêter cette mascarade. Et où vais je aller, vers un isolement plus illusoire, vers une expérience plus dure à accepter ? Car toutes les expériences que j'ai fui, me sont revenues en puissance décuplée sous une autre forme.

Il y a un troisième point pour lequel votre partage résonne. Il concerne l'apprentissage par niveaux évoqués par les Cassiopéens. Me vient en mémoire le conte de la grenouille qui veut être plus gros que le bœuf (hormis la vanité). Et je fais allusion plus précisément au fait par exemple que j'ai essayé de fondre mon expérience sur la votre sauf que pour moi ce n'était que projection alimenté. Par exemple, j'ai abandonné certaines pratiques en me disant que c'était vain alors qu'elles me faisaient du bien je l'ai fait par peur de rituel et de récupération par le corpus prédateur.

 

Le fameux Etre avant de Faire. Faire ou ne plus faire mécaniquement toutes ces choses avant de les ressentir utile ou inutiles intérieurement. Je suis restée accrochée à des détails tout en oubliant que vous étiez plus loin dans la compréhension des choses et que du coup je ne pouvais pas faire ce que vous ne faisiez plus par exemple. Ce qui m'amène à revenir à la compréhension étape par étape du corps et de l'environnement immédiat que j'avais complètement mis de côté pour ne penser qu'au corpus prédateur et aux choses que je faisais et qui les alimentaient. Je comprends qu'il faut que je réapprenne à marcher.

(« Vous serez épaulés et protégés aussi longtemps que vous respectez ces recommandations » est une phrase qui m'effraie dans sa tournure assez directe et autoritaire comme si une menace était sous-jacente si l'on ne faisait pas ce qu'ils recommandent.)

 

Merci une fois de plus pour vos écrits qui ont un pouvoir salvateur. 

 

Layla

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Commentaires: 1
  • #1

    Deborah (vendredi, 18 janvier 2019 17:17)

    Très intéressant, merci.