Témoignage 409 - Orsula - Cet alter prédateur sexuel

 

Ce témoignage fait suite à l'expérience de vie d'Orsula : 6. Acter pour exprimer mon choix

 

Aujourd’hui, alors que je visionnais une vidéo qui traite du traumatisme, la phrase suivante enclencha une prise de conscience : « Quand vous savez que vous souffrez de traumatisme, s’exprime en vous un besoin de comprendre le passé (le pourquoi du trauma) et vous prenez conscience des blocages, des impasses et des difficultés du passé qui se rejouent dans le présent… ». Je me rendis compte que les blocages, impasses et difficultés du passé (histoire avec Mounaim), ne se rejouaient plus dans le présent, à vrai dire, depuis Ismail, je n’ai plus rencontré un « prédateur sexuel ».

 

Récapitulons :

Petite, il m’est arrivé de me retrouver face à des « prédateurs sexuels », généralement des hommes matures, voir âgés. Je réagissais par la fuite (réflexe de survie). En parallèle, je me donnais pour mission de protéger mes sœurs. J’agissais tantôt en « victime », tantôt en « sauveur ».

 

Des années plus tard, il y a eu l’histoire avec Mounaim, relatée ci-dessus. Encore une fois, je me retrouvais dans le rôle de la « victime ». Par la suite, je jouais le rôle de la « sauveuse » envers ma sœur. Rien ne changea. Le même schéma se rejouait.

 

Quelques années plus tard, je partie en stage à l’étranger. Ismail, l’encadrant dans le laboratoire d’accueil incarnait, encore une fois, le « prédateur sexuel ». Mais cette fois-ci, je ne voulais plus jouer la victime, alors, je sorti l’épée. Je réagissais par l’attaque (réflexe de survie). Je menais un combat continu. Et plus je rejetais Ismail avec colère, plus il persistait à agir à sa manière, à savoir : « tu es obligée de venir à 8H, les manipulations (analyses) ne seront lancées que tardivement dans la journée, comme ça tu dois attendre la lecture des résultats jusqu’à minuit voir 2h du matin. Bien sur, il n’y aura plus aucun transport pour rentrer au campus, et donc tu te retrouve obligée de rentrer en ma compagnie ».

J’avais passé alors des mois de résistance, au cours desquels mon émotionnel avait été sollicité sans relâches.

 

Un jour, par la force des choses, j’avais prit conscience que cet état de « je vais le trucider » ne marchait pas, ça me bloquait, bloquait mon étude, et me faisait plus de mal que de bien. En allant prendre un café, j’en pris un autre pour lui. Je me rappelle de son regard surprit lorsque je le lui ramenais. Un seul geste, changea son comportement de façon radicale. Le respect que je n’obtenais pas par l'épée, je l’obtins par un simple café de distributeur. En cessant de le combattre, il arrêta de me harceler, m’aida dans la recherche, et même me surprit un jour en me disant de rentrer à 16h car je semblais fatiguée.

Tellement aveuglée par une honte qui n’avait pas lieu d’être, je persistais dans le rôle de la « victime » qui s’auto-flagelle, que je ne remarquais pas le lien entre toutes ces expériences. Je vois maintenant que j’étais tellement dans le rejet de l’alter « prédateur sexuel », qu’il n’avait pas d’autre choix que de se manifester chez les autres, encore et encore, pour que j’accepte enfin de le voir. Lorsque je me permis de l’accepter tel qu’il était, il cessa de se manifester dans ma bulle de perception.

 

Un poids disparait de mon ventre. Comprenant cela, je sors de la boucle « victime-bourreau-sauveur », j’accepte mon expérience non comme une fatalité, mais bien comme une leçon, une marche qui mène à la liberté.

 

Orsula (cénacle - Maroc)

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Layla (dimanche, 24 février 2019 11:09)

    Eh bien merci Orsula. Voici un témoignage qui tombe à pic dans ce qui est apparu dans ma bulle cette semaine passée, soit, un prédateur sexuel, sous la peau d'un père qui abuse de sa fille. Et si je me suis reconnue dans cette petite fille qui fait semblant que tout va bien, je me suis également reconnue dans ce père prédateur sexuel qui ne soucie que de sa propre satisfaction.