Témoignage 500 - Yvette P - Lâcher la peur des années qui passent

 

Le 11-12 je suis allée au gouter des anciens, puisque j’en fait désormais partie… oui, c’est très dur, je me suis laissée convaincre par une voisine, et je sentais que je devais y aller, je savais que ce serait instructif, je ne suis pas déçue du voyage, une salle tout à fait conforme à l’évènement, vieille elle aussi et inhospitalière, un orchestre de 2 musiciens qui attendait la fin, répertoire des années 50/60, j’ai rien contre cette musique, je l’ai bien aimée aussi, mais elle ne fait plus partie de ma vie, elle nous ramène (en me relisant, je dis, elle nous ranime) en arrière tout le temps, « vous êtes de ce temps-là, et on vous le rappelle !!.. ».

 

Le mieux c’est le colis de Noël, on ne mérite pas mieux que, quelques boites de pâté et confitures, 5 papillotes, 100 gr de truffes (chocolat), 1 bouteille de 50 cl de vin blanc, je n’aime rien !!, donc ce colis m’a confirmé le mépris ambiant envers les vieux. Bon, je comprend surtout, qu’il fallait que je mette le nez dedans, nous sommes un peu à l’écart des autres et ça me va très bien, je vois un peu plus tard, (2 jours après) que je suis très en colère…

Depuis ce matin, je n’arrête pas de pleurer, impossible de me retenir, tout ça me travaille très fort, et cette nuit j’ai fait un rêve où je me vois à table avec une voisine italienne et d’autre personnes, et elle nous sert des gnocchis directement chauffés dans le sachet et servis de même du sachet, alors je me demande et ce n’est qu’une pensée, si cette vieille dame ne faisait pas elle-même autrefois ses gnocchis, comme ma mère, quoi…

 

Je comprend que dans ce rêve, Je vois une sorte d’incapacité à être efficace comme autrefois et en possession de tout mes moyens.

Je réalise en repensant à certaines choses, futiles à prime abord, (faut se méfier du futile c’est chargé d’information quand on revient dessus même des années plus tard), des petites histoires et réflexions vécues avec mes sœurs de 14 et 16 ans de moins que moi, c’est le fait de me sentir, « pas à la hauteur », ha ben, pas en phase avec leur temps à elle, comme inadaptée, et donc comme on se moque de moi, qu’on rit, je fais très attention à ce que je dis, mais… je ne le vois pas que je fais très attention, que je m’adapte aux autres.

Donc, ce que je vois très bien, ce matin, c’est une prise de conscience de comment je suis soumise et obéissante à tout ce qui est plus jeunes, puisque j’ai appris à n’être qu’à l’écoute, plutôt au service des frère et sœurs, (je ne perd pas de vue que ceci est en moi, et j’en suis la seule responsable) Oui,et je culpabilise de dire tout ça.

 

Et donc, tout ceci se retrouve exacerbé aujourd’hui, être vieux c’est s’effacer et se soumettre, je me suis toujours sentie trop vieille pour tout, j’arrivais toujours trop tard, quand j’ai eu 30 ans ça a été un vrai drame intérieur, je ne comprenais pas moi-même ce qui m’arrivait, en cadeau mon mari est revenu avec la voiture défoncée à l’avant, parce qu’il était allé faire des « temps » disait-il, (conduire le plus vite possible dans des lacets en montagne), oui, je vois bien le message là ….

 

J’ai toujours souffert de prendre une année après l’autre, comme si on m’enfonçait la tête sous l’eau un peu plus à chaque fois, donc il y a une résistance qui s’est installée de plus en plus forte et difficile à supporter, et les dizaines ont été les plus insupportables, mais le coup de grâce c’est les 70 ans, là je ne voulais plus rien savoir, il y a donc de cela un an presque pile. Pour aborder cette nouveauté, je n’avais à ma disposition que des modes d’emplois et des exemples tout aussi déprimant les uns que les autres, alors j’ai entrepris de contrer tout ça, et j’ai eu envie de repeindre mon salon, toute seule, et ça a été dur mais je l’ai fait, je devais me convaincre que j’étais toujours vivante, mais ça je l’ai compris après, oui j’étais bien vivante, j’avais mal partout.

 

Et puis, il y a un mois de cela j’ai constaté que je perdais beaucoup mes cheveux, je consulte le livre de Jacques Martel, qui dit ceci entre autre :

 

« Lorsque je vis une foule d’inquiétudes et de grandes peurs, je perds le contact avec mon pouvoir intérieur divin. Puisque je perds mes cheveux, qu’est-ce que j’ai eu l’impression de perdre dans ma vie ou qu’est-ce que j’ai peur de perdre dans le futur (ce peut être quelque chose ou quelqu’un) ? Je peux me révolter : je veux me libérer de cette pression qui m’étouffe. Je veux être moi et cesser de vivre en fonction des obligations extérieures. En perdant mes cheveux, je me délivre de ce qui m’emprisonne. J’ai probablement reçu peu de douceur, notamment de mon père et j’ai tendance à me révolter par rapport à l’autorité. Je suis plutôt matérialiste et la spiritualité fait très peu partie de ma vie. J’essaie le plus possible de tout contrôler car j’ai peur de m’ouvrir et de perdre le contrôle. Je m’emprisonne dans des structures rigides, des obligations qui n’ont pas leur raison d’être. Je suis éparpillé, mes pensées sont enchevêtrées, embrouillées. Je suis tellement exaspéré par rapport à une situation de ma vie que je « m’en arrache les cheveux de sur la tête ». Je vis un déchirement intérieur comme un calvaire. Je ne veux pas manquer à mes enfants et par le fait même, perdre leur amour. J’ai tendance à me dévaloriser au niveau intellectuel et je vis de l’injustice. Si j’avais de la facilité ou un certain don pour une activité dans laquelle j’excellais et que ma « performance » se mette à changer et à décliner, mes cheveux vont tomber aussi. Je refuse le fonctionnement de base de la vie, prétextant que je peux faire mieux qu’elle. Toute crainte intérieure entraîne l’incapacité d’agir, le désespoir et des tensions qui me prennent au dépourvu. C’est une illusion de croire faire mieux que la vie elle-même. Je n’ai pas à me battre contre la vie car elle est toujours avec moi pour m’appuyer et elle m’aidera si je l’écoute et si je reste ouvert. »

 

En lisant ceci : "J’ai tendance à me dévaloriser au niveau intellectuel et je vis de l’injustice. Si j’avais de la facilité ou un certain don pour une activité dans laquelle j’excellais et que ma « performance » se mette à changer et à décliner,"

J’ai fait un bond, je me suis souvenu du jour ou ma mère m’a dit : « tu n’as pas besoin de faire des études parce que tu vas te marier »….Vlan !!. Je l’ai vécu comme une sentence, un arrêt de tous espoir, de ce qui pouvait me permettre de m’évader, c’était décidé, et je l’ai trouvé normal, j’étais résignée, et je n’ai plus jamais eu de rêves, je ne saurais pas dire ce qui m’aurait plu dans la vie, je n’aurais même pas eu l’idée de reprendre des études plus tard, j’étais programmée.

 

Résignée, mais je viens de prendre conscience de chaque fois où, je me suis sentie inférieure aux autres, mes sœurs qui avaient eu le droit de faire des études, et mon frère qui avait le choix et qui a choisi de ne pas faire d’études, en fait, je ne l’ai jamais accepté.

 

Ce matin, je consulte mes mails, après toutes mes larmes, et j’en trouve un du « grand changement », que j’ai suivi pendant 2/3 ans et dont je suis désinscrite depuis plus de 3 ans, très étonnée je l’ouvre, et c’est une invitation à un soin collectif, et qui dit, entre autre : "Lorsque la prise de conscience se fait, une grande partie du travail de guérison s'effectue, puis une autre lorsqu'on accepte la cause."

 

Là, je me rends compte que je cristallise sur tout ça, et je décide, en conscience de tout laisser aller.

 

Merci de me lire.

A très bientôt.

Yvette P (cen38)

 

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