Témoignage 524 - Yvette P - Exclusion ou exclusivité ?

 

Aujourd’hui je reprends le courage d’écrire, j’en ai envie depuis plusieurs semaines et impossible, c’est trop difficile, chaque fois que je le décide, je bloque en même temps, et j’ai le sentiment de n’avoir rien à dire, et pourtant j’écris tous les jours sur mon cahier, toutes mes prises de consciences à la suite de ce que je vis. Bien que je sache que la prédation est à l’œuvre, je ne lui laisse pas toute la place, parce que je la vois de plus en plus souvent.

 

Le 16.12 ma fille me raconte qu’elle vient de vivre une forte expérience de rejet et d’exclusion, ce sentiment qui fait écho à mon propre sentiment d’exclusion m’interpelle quelques jours plus tard, dans le sens du rejet, et puis je réalise qu’il parle aussi d’autre chose, l’exclusion dans le sens d’être exclusive. Oui, je demande a être le centre de l’attention, puisqu’il y a une forte frustration chez moi étant l’ainée de 5 enfants et surtout un écart de 14 mois avec mon frère, ma mère m’a dit plusieurs fois que vers un an, en la lâchant pour marcher pour la 1ère fois toute seule, j’avais compris que je devais me « tirer de devant ! », ce sont ses mots…. J’ai compris ça en revenant sur pleins de souvenirs, (j’ai remarqué que ma fille a souvent récupéré des chats non sevrés…).

Que ce soit avec les relations amoureuses ou amicales, mais surtout au travail, où j’ai fait beaucoup de missions intérimaires, j’ai souvent vécu des sortes d’embellies du début et puis quand je revenais une fois suivante j’avais l’impression de n’être plus aussi intéressante, comme quand mon frère est né et que mon père m’a confiée à des étrangers, quand je suis revenue la place était prise et bien sûr, plus d’exclusivité de l’attention non plus, je ne peux pas me souvenir de ça, mais c’est tellement évident. 

 

Je suis très sensible au fait qu’on me sollicite pour aider les personnes qui pensent qu’il est normal que je me rende disponible pour elles, c’est comme ça que je le ressens, et c’est le cas d’une personne âgée habitant au-dessus de chez moi, pourtant je ne l’ai jamais encouragée, donc elle m’appelle, 2 coups de fils à 5mn d’intervalle,…. je n’arrivais pas assez vite,… elle n’arrivait pas à se lever de sa chaise et je l’ai donc aidée, elle me raconte ses petites histoires de « pot de chambre », je redescend chez moi et je ne suis pas bien. Je suis interloquée de sa façon de me faire entrer dans son hygiène intime, ça me dégoute vite, (je n’aurais jamais pu faire une bonne aide-soignante), cela n’avait jamais été le cas avant.

 

Je comprends que je me sens abusée, en même temps j’ai honte de ne pas avoir plus de courage et je culpabilise, parce que j’ai déjà vécu tout ça avec ma mère et je supportais difficilement, mais c’était ma mère. Je suis obligée de réaliser que je me suis sentie abusée toute l’enfance par ma mère qui m’imposait de penser et de faire tout ce qu’elle voulait, je ne me souviens pas qu’elle m’ait demandé mon avis ou ressenti sur quelque chose, non c’était plutôt « Je vais te dresser moi ! »

D’ailleurs, je pense qu’elle avait tellement peur de mal nous éduquer, ou que quelqu’un se plaigne de l’un de ses enfants qu’elle était d’une vigilance à toute épreuve. Un jour, je rencontre sur le chemin de l’école, notre voisine, je lui fait un sourire et je vois tout de suite avec mon 6ème sens que quelque chose ne va pas, et quand je rentre de l’école je me prend une « correction maison », sans aucune explication, ni question, la voisine était passée voir ma mère et lui dire que je m’étais moquée d’elle, quelque temps après elle dit à ma tante, et devant moi, qu’elle avait compris qu’elle avait été injuste avec moi, mais je lui en ai voulu quand même très longtemps, peut-être même encore, de ne pas s’être adressée à moi. 

L’abus est un sujet très vaste, je me suis souvent sentie abusée et sur des sujets divers qui faisaient forcément écho à l’enfance.  

 

17.12 Je lis sur le RL un article sur la pédophilie posté par Nathalie n° 170 (lien de Thierry). Je m’observe en même temps que je lis tout l’article, il y a plein de lien et je lis très longtemps, je vois très bien que je prends de la distance parce que c’est très lourd et je suis donc tentée de penser que ça ne me touche pas plus que ça. Quand j’ai fini je ne veux tout simplement pas y croire comme si je venais de l’apprendre, mais pourtant je sais depuis longtemps que tout ça existe, c’est quelque chose d’autre en moi qui est réveillé et qui prend de plein fouet une vérité maintenue à distance. La nuit suivante je me réveille en sursaut en ressentant une émotion de « jouissance du tyran…. ». Je me lève pour l’écrire très vite parce que ce n’est pas un rêve. 

 

23.12 Je suis réveillée dans la nuit et je sens que mon esprit est dans le noir absolu, c’est mon esprit qui est comme éteint, je ressens un grand désespoir, et je comprend que je dois accepter, je suis calme et je n’ai pas peur,  je m’endors et j’ai conscience dans mon sommeil que je suis toujours dans le noir de l’esprit, ça dure quelques heures, et puis c’est fini.

 

Puis-je me permettre de vous demander de m’éclairer ? Enfin…, éclairer ma compréhension, si c’est possible…

Merci 

 

Yvette P (cen38)

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