Témoignage 534 - Yvette P - Trouver sa légitimité

 

Bonjour les Léos,

 

Depuis toujours, je sens ne pas faire partie intégrante d’un groupe quel qu’il soit, dans le travail, la famille ou les amis, juste l’impression de devoir me tenir à « disposition », mais en observant et surtout en revisitant la vie de mes parents, je sais maintenant que j’ai voulu leurs être fidèle et les soutenir dans l’éloignement de leur pays, mes parents sont venus en France il y a plus de 70 ans parce que leur nation, l’Italie, ne les nourrissait plus. Plusieurs fois, lorsque j’étais jeune, on m’a posé la question : « Ai-je souffert de racisme ? » J’ai toujours répondu non, mais j’ai fini par comprendre que, je me rangeais derrière mes parents et ma fierté d’être plus italienne que française.

 

Aujourd’hui j’habite un village depuis 16 ans, et je commence seulement à réaliser à quel point je ne me sentais pas chez moi, et ne me suis jamais sentie chez moi nulle part, ça je le sais depuis longtemps, en pensant que c’est normal puisque je n’ai pas de racine dans ce pays. Je vais chez une coiffeuse près de chez moi, qui un jour me dit : « vous ne participez pas aux activités du village ? » Ce n’était nullement agressif, mais j’ai culpabilisé, et puis je ne compte plus le nombre de fois où l’on me parle d’une personne et que je réponds « je ne la connais pas ! ». 

 

En décembre dernier, un élu municipal faisant sa tournée pour présenter son programme en tant que candidat aux élections municipales, nous parlons beaucoup, m’explique que son groupe est tenu à l’écart des décisions et qu’ils ne se sentent pas accueillis par la mairie en place (un miroir), et il me demande si je serais intéressée pour assister à une réunion qu’il souhaite organiser courant janvier, …moi, toujours avec mon syndrome, « faut pas que je déçoive ce-monsieur-qui-a-l’air-de-tellement-compter-sur-moi », je dis « mais bien sûr voyons » et je lui donne mon tel….. Un mois plus tard, je reçois un sms de cet élu qui s’appelle Jean François, (français) (j’ai besoin d’être intégré en France), je lui répond que je serais présente, et malheureusement le jour de la réunion je suis malade, (fièvre, toux), mais je ne me suis pas dit, « il faut que je le prévienne », ça me paraissait tellement incongru,…. Et… Il m’appelle ?!!, je le crois pas sur le coup, 10mn après l’heure du commencement de la réunion, il m’appelle pour me demander si je vais venir !

 

Il a bien vu que j’étais malade, mais je ne comprends rien à cette situation, il n’attend quand même pas après moi pour étoffer sa réunion ?…. Mais si ! Je ressens que je lui suis indispensable, et même que je lui dois quelque chose ! Oui ! je dois quelque chose aux français ! C’est ce que j’ai toujours ressenti chez mes parents.

 

Le matin même des élections, je ressens quelque chose de lourd en moi, et tout d’un coup j’entends intérieurement « je veux être intégrée ! ». C’était impératif.

Je sens donc que je dois aller voter, j’étais seule dans la salle avec tous les assesseurs gantés, bâillonnés, et c’est Mme la Maire, de son prénom Amélie,… comme ma mère, qui m’ouvre l’urne pour y glisser le bulletin de vote… 

 

Il y a une semaine je reçois un courrier de l’inspecteur des Impôts, service des successions, qui me demande de lui faire parvenir la déclaration de succession, je lui réponds par mail que l’héritage ne comprend qu’un placement en assurance-vie, et je joins tous les justificatifs espérant le satisfaire, il me répond :  que ce n’est pas ce qu’il demande, et qu’il veut que je lui transmette le montant du patrimoine…. Après un instant où, je me demande comment je vais prouver qu’il n’y a pas de patrimoine, parce que, oui, je crois toujours qu’on ne va pas me croire sur parole, surtout ces gens-là, je me dis « tu n’as pas à prouver !! « lui répondant que ma mère n’avait aucun patrimoine d’aucune nature, il me répond aussitôt que « Le dossier est mis à jour, il est désormais clôturé ». 

 

Merci de me lire. Yvette P (cen38)

 

J’ai envoyé un peu trop vite mon dernier message, je voulais ajouter mes remerciements à votre dévouement et surtout à tous vos enseignements qui nous ont portés, tous. Je réalise à quel point j’ai appris à votre contact, comme vous m’avez été précieux, comme vous m’avez libérée de tant d’enfermements, votre dernier cahier est un cadeau, je voudrais tellement que tout le monde puisse avoir la conscience assez grande pour s’élever en le lisant.

 

Merci. Yvette P

 

Je voudrais faire un rajout à mon message du 10.04, lorsque je parle de l'Inspecteur des Impôts aux successions, j'ai oublié de dire que son nom est Mr Franco, j'y vois une alliance franco/italienne….

Si c'est trop tard, je le rajouterai dans les commentaires.

Merci. Yvette P

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