Voir et accepter ma part victime - par Candice J

 

L’enquête qui fait l’objet de ce texte s’est amorcée par la péripétie suivante.

Je croisai un jour un livreur cherchant la maison de Fred, et tout naturellement, lui proposai de récupérer le colis. Le carton étant un peu lourd, Margi m’invita à ne pas le porter seule, mais malgré tout, je décidai de « porter ma croix ». Par la suite, je compris l'entêtement dont j’avais fait preuve, à porter la culpabilité qui m’empêchait d’avancer.

 

Un autre événement m’apporta plus d’informations. Après m'être violemment cogné le tibia gauche, je constatai que la blessure était inhabituellement longue à guérir. Plus tard, de chez moi, j’entendis un gros bruit : une conductrice venait de percuter le banc public qui faisait l’angle de la maison – celui-là même dans lequel mon tibia avait buté ! – éraflant ainsi le côté gauche de sa voiture.

 

Symbolique du tibia : « Je porte quelque chose [...] que je trouve trop lourd. »

(https://www.chantalfeugnet.com/pages/la-symbolique/les-parties-basses-du-corps.html)

 

Ces éléments m’indiquèrent à quel point je portais une lourde culpabilité ; n’en pouvant plus, je décidai de me libérer de ce programme et le jeu de piste que je relate ici, se mit alors en place. Cependant, pour la bonne compréhension de ce dernier, il est d’abord nécessaire que je présente dans les grands traits, ma personnalité du passé.

 

Enfant, je cherchais ma place de dernière-née d’une fratrie de quatre, en essayant d’attirer l’attention de mes parents par les meilleures notes possibles à l’école. J'étais sage et disciplinée croyant qu'ainsi, mes parents m’aimeraient davantage. J’ai donc pris l’habitude de me comparer et de penser que je n’étais jamais assez « bien ».

 

Mes études se poursuivant dans le supérieur, puis arrivant sur le marché du travail, j’ai continué à me dévaloriser, sabotant mes possibilités d’emplois plus « valorisants ». Mal dans ma peau, je cherchais les solutions à l’extérieur, sans succès. À force de m’interroger, j’ai commencé à conscientiser que les solutions étaient à l’intérieur de moi. C'est sur cette lancée que j’ai découvert le Réseau LEO, et ai très vite ressenti l’appel de rejoindre ces personnes qui comme moi, avaient choisi de se défaire de leurs programmes limitants.

 

Une fois sur place, j’ai constaté la puissance de ce travail puisque mes programmes sont fortement remontés à ma conscience : ainsi, alors que j’entamais le travail de conscientisation de mes parts SDS, l'alter ou programme qui se manifestait avec le plus de force était celui de la victime. Mon émotionnel était décuplé par la difficulté à accepter cet alter, à cause du jugement et de la culpabilité que j’éprouvais à son égard.

 

D’où venaient vraiment ces luttes intérieures qui m’empêchaient d’accepter ma part victime ? Pour m’aider à y voir clair, mon Soi allait placer des situations particulières sur mon chemin.

 

Pendant un partage avec le groupe, Yakout fit brutalement remarquer la présence d’un alter chez moi, que je n’avais pas vu. Me sentant humiliée, j’éclatai en sanglots ; l’information me fut ensuite donnée que c’était mon ego qui avait « mal pris » l’information. Ainsi, ce choc me permit de me rendre compte à quel point mon ego m’empêchait de contacter le trauma d’origine, par la mise en route de différents programmes. En ébranlant ainsi mon ego, mon Soi orientait mon attention sur ces deux programmes qui tinrent une place importante dans la suite de l’enquête : l’humiliation et l’intrusion. Je décidais donc d’ouvrir les yeux sur les signes du quotidien et de poursuivre l'enquête !

 

Une fin d’après-midi, l’agent d’entretien de la commune frappa à la porte et me demanda si je souhaitai un bouquet de lilas pour mettre sur la table ; hésitante, je ne trouvai pas d’argument pour refuser ni ne parvins à déceler ce que je voulais vraiment. Il décida pour moi et m'offrit un gros bouquet, sur lequel se trouvait un bourdon !

 

Avec stupéfaction, je me rappelai mon rêve de la nuit précédente : un bourdon tournait autour de ma tête, et je la secouai pour essayer de le faire partir. Ne m'étant pas clairement positionnée, le bourdon – avec son dard, un symbole à connotation sexuelle – rentra dans la maison.

 

Je remarquai aussi que chaque fois que je croisais cet agent communal, son regard se dirigeait vers mon entrejambe, ce qui me gênait beaucoup. Et lorsque je vis un voisin assis sur son perron, le pantalon presque à mi-cuisses, je détournai la tête aussitôt, complètement embarrassée !

 

Parmi ses remarques « parfaitement ciblées », la plus jeune fille de Virginie (je vis en colocation avec elle et ses deux filles) m’a un jour exprimé : « Une part de moi a envie de te toucher la pépète ! » En ma présence, une petite fille faisait donc allusion à une sexualité déviante.

 

Dans ces trois situations, l'indécision, la gêne et l'embarras m'indiquaient une blessure intérieure liée à la sexualité. Ces signes me ramenèrent clairement à mon contexte familial puisque la fille de Virginie symbolise ma petite enfance ; l’agent communal et l’habitant débraillé portent tous deux des prénoms de mon père ; et ma mère exprimait un automatisme inconscient à regarder vers mon entrejambe, aussi bien pendant mon enfance que dans ma vie d’adulte.

 

Tous ces indices commençaient à devenir très insistants ! Il était donc temps que je les considère sans les minimiser. Comme je le disais, ils me renvoyaient à l’enfance, aux comportements sexuels déviants, aux personnes de ma famille, et surtout à une culpabilité que je portais comme une croix, symbolisant le poids de mes péchés. Mais quels péchés ? Un rêve allait me confirmer l’origine pressentie du nœud dans cette vie-ci.

 

J’étais avec mon frère et d’autres personnes. Il voulait leur infliger des blessures physiques et je lui servais de cobaye, sans que je n’aie mon mot à dire, mais je ne m’y opposai pas pour autant. Il tenta d’abord de me clouer l’oreille gauche sur une planche, avec une sorte de visseuse ; puis il essaya de me la coller avec un pistolet à colle.

 

Je découvris que l’oreille est associée à la mémoire et est entre autres, le symbole de la difficulté à se faire entendre ; le lobe est lié au fantasme et à la culpabilité.

Je devais donc retrouver la mémoire et sortir de ma culpabilité pour me faire entendre ! Et pour cela, il me fallait accepter de faire face à ce que j’avais longtemps refusé de voir et qui était à l’origine d’une dissociation dans cette vie-ci.

 

Ce texte est donc un acte que je pose pour me responsabiliser et arrêter de culpabiliser. Il est maintenant important que j’ose voir en face ce que j’avais vécu comme traumatisant en rapport avec la sexualité, la culpabilité et la difficulté à dire non : il s’agit des abus sexuels dont j'ai été victime quand j’étais enfant.

 

La chronologie est incertaine car mes souvenirs sont morcelés, souvent brefs, et se situent entre la pré-adolescence et l’adolescence.

 

Un jour, mon frère fit intrusion dans ma chambre. Il me fit des attouchements puis il se moqua de moi. Je me sentis profondément ridiculisée et humiliée. C'est probablement à partir de là que j’associais la sexualité à la honte, et que je développais de la rancune envers le masculin.

 

Plus tard, mon frère recommença. Cette fois-ci, je pleurai mais, tétanisée, il me fut impossible de réagir. Finalement, je réussis quand même à partir m’enfermer dans les toilettes. Ma mère était aussi à la maison, mais elle n’en sut jamais rien. Cet événement serait donc l’ancrage de ma dissociation dans cette vie.

 

Mon dernier souvenir d’abus se joua entre lui et ma sœur. Il lui fit des attouchements comme il me l’avait fait. Témoin, j’étais à nouveau pétrifiée, en état dissocié. Ma sœur parvint à s’en aller, me jetant un regard sombre. J’ai alors développé une profonde culpabilité d’avoir été témoin d’un acte incestueux, sans avoir rien fait.

 

Dans ma jeunesse, j’ai vécu d’autres expériences de ce genre, la plus marquante étant la suivante : en chemin pour me rendre chez une copine du collège, je me retournai plusieurs fois, sans savoir pourquoi. C'est alors qu'un homme me rattrapa. Je lui demandai s’il connaissait la rue que je cherchais et il me guida dans une impasse, au bout de laquelle se trouvait l’immeuble de ma copine.

 

Quand nous y arrivâmes, au moment de sonner, il glissa sa main entre mes jambes et s’en alla, ne me laissant pas le temps de réagir. Chez ma copine, j’éclatai en sanglots. Je fus incapable de lui expliquer pourquoi et n’en parlai pas davantage à mes parents, trop honteuse.

 

Cet événement, en réponse à la vibration que j’émettais, a accru le fait de me sentir en insécurité, joué sur la honte en lien avec la sexualité, et accentué la rancune envers le masculin. J’avais là le signe que si je ne résolvais pas mes mémoires du passé, ma fréquence vibratoire allait sans cesse attirer des situations comme celle-ci.

 

Dernièrement, en rentrant chez moi en compagnie de mes colocataires, je passai devant une dizaine de personnes jouant à la pétanque. Juste après, je me sentis mal, apeurée, comme lorsque l’alter victime se manifestait. Je compris donc qu’après tout ce processus d’identification et d’acceptation de l’alter victime, celui-ci commençait maintenant à me donner des informations sur cette fréquence de menace qu’il m’est donné de percevoir.

Si je dépasse les peurs égotiques, cet alter m’alerte et me permet d’éviter des situations à risque. Et le travail continue, puisque en acceptant le message de la petite victime en moi et en stoppant la culpabilité, je peux me positionner lorsqu’une situation ne me convient pas. Ainsi, j’arrête de nourrir le mécanisme d’autodestruction de la victime.

 

Voilà quel est le processus que j’apprends sur ce nouveau chemin. Lorsque je demande de l’aide à mon Ange pour me délester des anciens schémas de souffrance, il m’envoie des signes et me fait jouer des rôles, non pas pour que je m’enferme dans la culpabilité ou les réactions égotiques, mais pour que je me responsabilise en les décodant. En les acceptant, je suis guidée vers le nœud d’origine que je peux alors progressivement dénouer. Voilà comment, concrètement, je pourrais illustrer la voie éprouvante mais libératrice que j’ai choisi de suivre.

 

 

Candice J

 

Écrire commentaire

Commentaires: 0